Une nouvelle affaire sur un champ de tir dans l’Etat de Maryland remet en question les «Moorish Americans», un groupe de citoyens qui se revendiquent comme «citoyens étrangers» en vertu du Traité d’amitié de 1836 signé entre les Etats-Unis et le Maroc.
Dans l’Etat de Maryland, au sud de la capitale américaine Washington, un différend sur un champ de tir à Welcome, dans le comté Charles a pris une tournure inattendue, lorsqu’un propriétaire a déclaré sa «citoyenneté mauresque américaine». Tout a commencé par des plaintes concernant des tirs entendus dans une propriété sur Fire Tower Road, raconte The Washington Post.
Alors que les responsables du comté ont pris des mesures, considérant le site comme un champ de tir illégal en septembre, un groupe de «Moorish Americans» (Maures américains), une émanation du mouvement extrémiste des «citoyens souverains» dont les membres se croient à l’abri des systèmes juridiques et financiers américains, a déclaré que la propriété était «protégée sous la juridiction consulaire de Maroc». Le groupe a prétendu que le différend sur la propriété en question «était soumis aux termes d’un traité de 1836 entre les États-Unis et le Maroc».
Une propriété «sous la juridiction consulaire marocaine»
Pour se faire, des documents «étranges» ont été déposés, parmi lesquels un «ordre juridique» signé par un homme s’identifiant comme Lamont Maurice El, qui s’est présenté en tant que «consul général de la Cour consulaire du Maroc dans la République de l’État du Maryland». Ces documents étaient «ornés de symboles tels que l’étoile et le croissant et « l’œil de la Providence » placé dans un triangle qui apparaît au verso du billet d’un dollar», décrit-on. Lamont Maurice El, qui fait partie des «Moorish Americans», avait toutefois «une certaine expérience du système judiciaire du Maryland». En 2013, il a été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation liés à sa tentative d’occuper illégalement un manoir Bethesda de 12 chambres.
Le groupe a ainsi convaincu le propriétaire du terrain objet du différend qu’il «devrait se considérer comme exempté des actions en justice du comté» et qu’il pourra ouvrir le champ de tir car «la sécurité sera pleinement en vigueur (…) sous la juridiction consulaire marocaine».
Finalement, le propriétaire et un autre Américain maure, qui ont tenté d’intervenir lorsque les adjoints du shérif du comté de Charles ont arrêté un troisième membre du groupe, ont été interpellés. Alors qu’il est poursuivi par plusieurs charges, l’homme a décidé finalement qu’il n’y aura plus de tirs sur sa propriété, se rendant compte que sa «citoyenneté maure» ne le protège pas des lois américaines.
Le temple de la science maure d’Amérique, une organisation religieuse d’origine marocaine ?
The Washington Post rappelle que les Américains maures «se croient les héritiers d’un empire fictif qui, selon eux, s’étendait du royaume actuel du Maroc à l’Amérique du Nord» et «revendiquent les mêmes protections contre les poursuites judiciaires américaines que celles accordées aux citoyens étrangers».
A partir du XXe siècle, un groupe d’Afro-américains a fondé une nouvelle organisation religieuse, émanant selon eux de l’islam, mais qui se voulait en réalité une influence de multiples croyances. Ils se sont désignés comme maures en référence à leur supposé pays d’origine, le Maroc.
En 1913, Noble Drew Ali alias Timothy Drew, né de père musulman marocain et d’une mère cherokee, a fondé le Temple de la science maure d’Amérique (Moorish Science Temple of America). Pour aspirer à une adhésion à cette organisation religieuse, il fallait que les fidèles soient d’origine maure et plus particulièrement de «l’Empire marocain». Mais après sa mort en 1929, le groupe éclate en trois factions rivales.
L’année dernière, un groupe armé se revendiquant du mouvement «Rhode Island Rise of the Moors» a fait parler de lui, après avoir été impliqué dans un confrontation d’une demi-journée avec la police américaine, dans le plus petit État des États-Unis. Refusant généralement de payer des impôts ou d’obéir aux lois sur les armes à feu, ils se déclaraient des «ressortissants étrangers» voyageant en vertu du Traité d’amitié de 1836 entre le Maroc et les Etats-Unis qui les «dispense de suivre les lois américaines».
msn