Ce mercredi 21 décembre 2022, après l’échec de deux tentatives de communication, la Nasa a officiellement annoncé la fin de la mission InSight après plus de quatre années de collecte de données scientifiques sur Mars.
Les contrôleurs de mission du Jet Propulsion Laboratory (JPL), centre de recherche spatiale de la Nasa, n’ont pas réussi à contacter InSight lors de deux tentatives consécutives, ce qui les a amenés à conclure que les batteries à énergie solaire de l’atterrisseur martien étaient à court d’énergie. Conformément à ce qu’elle avait expliqué le 1er novembre, l’agence spatiale américaine a donc annoncé le mettre fin à la mission. L’agence continuera d’écouter si elle reçoit un signal de l’atterrisseur, mais il y a peu d’espoir. La dernière communication d’InSight avec la Terre a eu lieu le 15 décembre.
InSight, de son nom complet Interior Exploration using Seismic Investigations, Geodesy and Heat Transport (« Exploration interne par les sondages sismiques, la géodésie et les flux thermiques »), avait pour mission d’étudier la structure interne de Mars. Les données de l’atterrisseur ont fourni des détails sur les couches internes de Mars, les vestiges étonnamment forts sous la surface de sa dynamo magnétique éteinte, la météo sur cette partie de Mars et son activité sismique.
Le sismomètre Seis (Seismic Experiment for Interior Structure, « expérience sismique pour la structure intérieure ») et la surveillance quotidienne effectuée par le Centre national d’études spatiales (le Cnes, l’agence spatiale française) et le Marsquake Service géré par l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ, Suisse) ont détecté 1 319 tremblements de terre, dont des séismes causés par des impacts de météoroïdes. De tels impacts aident à déterminer l’âge de la surface de la planète et les données du sismomètre fournissent un moyen d’étudier la croûte, le manteau et le noyau de la planète.
IMAGE DU SELFIE FINAL PRIS PAR INSIGHT LE 24 AVRIL 2022. L’ATTERRISSEUR EST RECOUVERT DE BEAUCOUP PLUS DE POUSSIÈRE QU’IL NE L’ÉTAIT DANS SON PREMIER SELFIE, PRIS EN DÉCEMBRE 2018, PEU DE TEMPS APRÈS L’ATTERRISSAGE.
L’instrument HP3 (Heat Flow and Physical Properties Package, « Ensemble pour le flux de chaleur et les propriétés physiques ») comportait une pointe auto-martelante, surnommée « la taupe », qui était destinée à creuser cinq mètres sous la surface, traînant une attache chargée de capteurs pour mesurer la chaleur à l’intérieur de la planète, afin de calculer la quantité d’énergie restant de la formation de Mars. Conçue pour le sol meuble et sablonneux vu lors d’autres missions, la taupe ne put pas gagner de traction dans le sol étonnamment aggloméré autour d’InSight. L’instrument, fourni par le Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique (le DLR, l’agence spatiale allemande), a finalement enterré sa sonde sur 40 centimètres, collectant des données précieuses sur les propriétés physiques et thermiques du sol martien en cours de route. Ceci est utile pour toutes les futures missions humaines ou robotiques qui tenteront de creuser sous terre.
Une collaboration internationale réussie
Le JPL gère InSight pour la direction des missions scientifiques de la Nasa. InSight fait partie du programme Discovery de la Nasa, géré par le Marshall Space Flight Center. Lockheed Martin Space a construit la sonde, dont son étage de croisière et son atterrisseur, et prend en charge ses opérations pour la mission.
Le Cnes a fourni l’instrument Seis, dont le chercheur principal est à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Des contributions importantes pour Seis sont venues de l’IPGP, de l’Institut Max-Planck pour la recherche sur le système solaire (MPS, Allemagne), de l’EPFZ, de l’Imperial College London et l’université d’Oxford (Royaume-Uni) ainsi que du JPL. Le DLR a fourni l’instrument HP3, avec des contributions importantes du Centre de recherche spatiale (CBK) de l’Académie polonaise des sciences et d’Astronika (Pologne). Le Centro de Astrobiología (CAB, Espagne) a fourni les capteurs de température et de vent.
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