Que s’est-il passé dans l’espace en 2022 ? Les rendez-vous étaient nombreux, certains historiques, le tout marqué par la guerre en Ukraine qui a mis en lumière les tensions dans ce territoire de conquête. On fait le point.
2022 confirme un tournant dans le spatial qui a démarré avec le début de cette décennie : on lance désormais les satellites par milliers dans l’espace : 185 vols en 2022, avec près de 2 500 satellites envoyés. La guerre en Ukraine a changé une partie du visage du spatial, qui reste le théâtre d’innovations (comme les avions spatiaux en concurrence entre Chine, X-37B, et Space Rider), mais aussi de menaces (débris spatiaux par exemple). Nouvelles compétitions, nouveaux défis d’exploration sans précédent : le rôle des agences spatiales se renforce et les budgets montent.
Les incroyables rendez-vous de l’exploration du Système solaire en 2022
On ne peut que se réjouir de cette nouvelle ère de l’exploration dans laquelle nous entrons. Le succès d’Artemis I a lancé la dynamique du retour des astronautes sur la Lune. Alors que la construction de la station spatiale internationale Gateway progresse, la sonde Capstone de la Nasa a commencé à en tester l’orbite. La Nasa a aussi commandé les futurs scaphandres des marches lunaires, pivots pour déterminer la date de notre retour à la surface. 2022 a été le théâtre de plusieurs départs comme la toute première mission privée sur la surface Hakuto-R M1, avec à bord le petit rover émirati Rashid, et aussi la toute première sonde lunaire sud-coréenne KPLO (alias Danuri).
LE SPACE LAUNCH SYSTEM, STAR DES FUSÉES, FAIT SON PREMIER VOL.
La Planète rouge était pleine de surprises cette année. Mars InSight s’est récemment éteint mais les données ont déjà révélé de nombreuses découvertes. De son côté, les rovers Curiosity et Perseverance continuent de parcourir le sol martien. Perseverance a déposé un premier échantillon à rapporter sur Terre. La Nasa a d’ailleurs fait le choix de se reposer sur les performances du rover et du drone Ingenuity (20 vols en 2022, 37 au total) pour rapporter les échantillons à la fusée de retour sur Terre. Enfin, l’ESA a décidé de sauver le rover Exomars, dépourvu d’atterrisseur russe.
Enfin, en 2022, il y a eu le formidable impact de la sonde Dart de la Nasa sur l’astéroïde Dimorphos afin de dévier sa route. Un succès prometteur en cas de risque d’impact de la Terre par un astéroïde destructeur, qui a inspiré la Chine et aussi l’Europe.
Les promesses tenues de la science en orbite
L’espace a rarement autant été habité qu’aujourd’hui : toujours plus de sept astronautes à bord de la Station spatiale internationale (ISS), et même une mission touristique. De son côté, la Chine a pu avoir jusqu’à six astronautes simultanément dans l’espace, à l’occasion d’une première rotation d’équipage à bord de leur station spatiale, désormais complète. Enfin, l’ESA a révélé sa nouvelle promotion d’astronautes, comptant parmi eux la Française Sophie Adenot.
2022 est aussi le début de l’ère James-Webb (JWST). Mis en orbite à Noël 2021, le télescope spatial de tous les superlatifs est opérationnel depuis le 11 juillet dernier, et nous alimente continuellement d’images époustouflantes. D’autres satellites remarquables ont aussi été déployés en 2022 : le français Swot pour étudier les cours d’eau, ou encore le tout premier télescope spatial solaire chinois ASO-S.
Le changement de génération de lanceurs
SpaceX a tenu son pari : 60 vols en 2022, dont la moitié dédiée au déploiement de la mégaconstellation Starlink. Cette dernière voit arriver la concurrence avec la reprise des vols OneWeb, après une grosse coupure avec la guerre en Ukraine privant l’Occident des fusées Soyouz. D’autres constellations voient le jour comme celle d’AST Space Mobile et son démonstrateur gigantesque Bluewalker 3, ou encore les annonces d’une future constellation européenne (IRIS²) et du deal géant avec Amazon, réservant 18 vols Ariane 6.
Côté européen, on souffre des retards d’Ariane 6. Tandis qu’Ariane 5 réalise ses derniers vols (plus que deux en 2023), la Vega fait peau neuve avec sa version Vega-C plus puissante. Mais le second vol (21 décembre) fut un échec, causant la perte de deux satellites d’observations français Pleiades Neo. Il y a eu d’autres échecs : la Zhuque-2 (Chine) qui a failli devenir le tout premier lanceur orbital avec du méthane comme carburant, ou encore les multiples échecs d’Astra Space aux États-Unis. Enfin, la Corée du Sud arrive en fanfare avec le succès de son tout premier lanceur 100 % indigène. En effet, la souveraineté est un des maîtres mots du spatial en 2022.
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