Au Brésil, Lula dévoile son gouvernement et fustige le bilan de son « irresponsable » prédécesseur

Le président élu du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a estimé jeudi qu’il allait hériter, au 1er janvier, d’un Brésil « en situation de pénurie » après quatre années de mandat de Jair Bolsonaro, en annonçant les noms de 16 ministres de son futur gouvernement.

Luiz Inacio Lula da Silva a dévoilé, jeudi 22 décembre, les noms de 16 ministres de son futur gouvernement et a vertement critiqué le bilan de son prédécesseur au palais du Planalto, Jair Bolsonaro.

« Nous héritons d’un pays en situation de pénurie, dans lequel les choses les plus simples n’ont pas été faites, de manière irresponsable, parce que le président préférait mentir plutôt que gouverner », a déclaré le président élu de gauche.

« Énorme retour en arrière »
Geraldo Alckmin, vice-président élu, qui a reçu jeudi le portefeuille de ministre de l’Industrie et du Commerce, a dénoncé un « démantèlement de l’État brésilien » et estimé que Lula avait devant lui une « tâche herculéenne ».

Il a notamment évoqué « un énorme retour en arrière » dans l’éducation, avec une hausse de la déscolarisation, et dans la santé, avec la chute des vaccinations et l’hécatombe du Covid-19 (plus de 650 000 morts).

Présentant le résultat des travaux des groupes chargés de la transition qu’il a coordonnés, Geraldo Alckmin a mentionné également « une baisse de près de 90 % des ressources pour la culture » et, en ce qui concerne l’environnement, « une hausse de 59 % de la déforestation de l’Amazonie » sous Jair Bolsonaro.

Luiz Inacio Lula da Silva, qui a déjà effectué deux mandats à la tête de la première puissance économique d’Amérique latine (2003-2010), a nommé 16 ministres d’un gouvernement qui en comptera 37 – contre 23 sous Jair Bolsonaro.

Si plusieurs femmes y font leur entrée, elles ne sont que six sur les 21 ministres déjà nommés, soit seulement 29 %, contrairement à une promesse de Lula.

De même, quatre des ministres nommés jeudi sont afro-descendants, alors que ceux-ci sont majoritaires parmi les 215 millions de Brésiliens.

Nisia Trindade, présidente de l’institut Fiocruz – qui a joué un rôle crucial contre le Covid-19 –, est nommée ministre de la Santé. Le ministère de la Femme échoit à Cida Gonçalves, ancienne membre des gouvernements de Lula puis de Dilma Rousseff (2011-2016).

Anielle Franco, sœur de la conseillère municipale noire et activiste Marielle Franco assassinée en 2018, est nommée ministre de l’Égalité raciale. La chanteuse Margareth Menezes est confirmée à la tête du ministère de la Culture, qui avait disparu sous Jair Bolsonaro.

Les tractations continuent
Beaucoup de ministres sont des hauts cadres du Parti des travailleurs (PT) de Lula, tels Camilo Santana à l’Éducation ou Wellington Dias au Développement social. Ce puissant ministère est chargé de la « Bolsa Familia », une allocation versée aux plus démunis.

La sénatrice de centre droit Simone Tebet, révélation de la présidentielle à laquelle elle est arrivée en troisième position au premier tour avant de se rallier à Lula, voit ainsi lui échapper ce portefeuille qu’elle convoitait, selon les médias.

Elle reste sans ministère, de même que l’écologiste Marina Silva, qui s’était ralliée à Lula pour le second tour.

À dix jours de son investiture, Lula n’a pas encore choisi ses ministres de l’Environnement ni des Peuples autochtones (une innovation) alors que se poursuivent les difficiles tractations entre le PT et ses alliés.

Ces deux dernières semaines, il a annoncé ceux des Relations extérieures (Mauro Vieira), de la Justice (Flavio Dino), des Finances (Fernando Haddad), et de la Casa civil, sorte de chef de cabinet (Rui Costa).

AFP

You may like