C’est une décision qui, juste avant les fêtes de fin d’année, est passée quelque peu sous les radars, mais qui fait l’objet d’une levée de boucliers de la part d’associations et d’élus franciliens. Le 15 décembre dernier, la région Île-de-France a annoncé dans un communiqué «recentrer» l’action de sa société d’économie mixte (SEM) Île-de-France Énergies, spécialisée dans l’accompagnement des copropriétés en matière de rénovation énergétique (audit, conception de programme de travaux, plans de financement, suivi de chantier, suivi de performance…), «sur les bâtiments tertiaires».
Dans cette optique, Île-de-France Énergies explique se rapprocher de la société Île-de-France Investissements et Territoires, une «foncière spécialisée dans l’immobilier d’activité en moyenne et grande couronne». Des motifs d’ordre financier semblent expliquer ce revirement. «Face aux difficultés financières récurrentes rencontrées par la SEM Énergie, l’objectif de cette opération, qui sera menée en 2023, est de favoriser les synergies entre ces deux sociétés d’économie mixte détenues majoritairement par la Région Île-de-France», se justifie Île-de-France Énergies.
Du côté des associations, cette décision ne passe pas. «Une honte», a tweeté Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat. «En pleine crise énergétique, la Région Île-de-France coupe les moyens alloués à la rénovation énergétique des logements ! Stopper un outil qui avait fait ses preuves pour la rénovation performante des copropriétés est tellement à contresens de l’intérêt général», a-t-elle fustigé. Jean-Baptiste Lebrun y voit là «une faute» de la région. «La Région Île-de-France décide d’arrêter un des outils les plus pertinents pour la rénovation énergétique des copropriétés alors que les besoins n’ont jamais été aussi urgents et qu’Île-de-France Énergies a accumulé un savoir-faire tellement précieux», a constaté, amer, le directeur de l’association CLER – Réseau pour la transition énergétique. «Difficile d’imaginer un choix politique aussi stupide que celui-ci Valérie Pécresse !», s’est emporté Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.
Même colère chez certains élus franciliens. «Au nom de la Ville de Paris, j’ai voté contre cette réorientation, incompréhensible alors que les copropriétés n’ont jamais eu autant besoin de soutien face à l’envolée des prix de l’énergie», a affirmé sur Twitter Antoine Guillou, adjoint à la mairie de Paris en charge des ressources humaines, du dialogue social et de la qualité du service public. «Alors que la crise énergétique pèse sur les budgets, que sans rénovation énergétique près d’un logement sur deux sera bientôt interdit à la location que fait Pécresse ? Elle coupe les aides pour la rénovation énergétique des copropriétés. #SaccageIDF», a de son côté regretté Céline Malaisé, conseillère régionale communiste d’Île-de-France.
Contacté par France Inter, l’entourage de la présidente de région Valérie Pécresse souligne que l’activité d’Île-de-France Énergies «n’a jamais réussi à être bénéficiaire et est restée dans le rouge alors qu’elle a été recapitalisée». Le nouveau président du directoire de la SEM, Olivier Pagezy, assure de son côté au Monde que «les particuliers seront aidés par les subventions», et les banques dans leurs projets de rénovation énergétique.
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