Défilé militaire et amnistie décrétée par la junte birmane pour les 75 ans de l’indépendance du pays

La junte birmane a annoncé mercredi son intention de libérer plus de 7 000 prisonniers à l’occasion du 75e anniversaire de l’indépendance du pays, à la suite d’un défilé militaire aux allures de démonstration de force dans la capitale.

La junte birmane va libérer plus de 7 000 prisonniers pour marquer le 75e anniversaire de l’indépendance du pays, mercredi 4 janvier, à la suite d’un défilé militaire aux allures de démonstration de force dans la capitale et quelques jours après la condamnation de l’ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi à 33 ans de prison au total.

À l’aube, des chars d’assaut, lance-missiles et véhicules blindés ont parcouru les rues de la capitale, donnant le coup d’envoi d’une parade militaire, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Des fonctionnaires et des lycéens ont suivi les soldats, accompagnés par une fanfare militaire, et 750 colombes de la « paix » ont été lâchées pour marquer l’occasion, selon les médias d’État.

Libération de 7 012 prisonniers
Plus tard mercredi, la junte a annoncé qu’elle libérerait 7 012 prisonniers pour cet anniversaire, sans préciser si l’amnistie inclurait des personnes emprisonnées dans le cadre de la répression contre la dissidence.

Interrogé par l’AFP pour savoir si Aung San Suu Kyi, emprisonnée, serait désormais placée en résidence surveillée dans le cadre de cette annonce, le porte-parole de la junte Zaw Min Tun n’a pas répondu.

Dans un discours aux militaires, le chef de la junte Min Aung Hlaing a accusé des pays, sans les nommer, d' »intervenir dans les affaires intérieures de la Birmanie » depuis le coup d’État de février 2021.

Il a également expliqué que l’armée rencontrait en ce moment des partis politiques pour discuter du « système électoral de représentation proportionnelle », sans autre précision.

La junte birmane, qui a récemment conclu une série de procès à huis clos contre Aung San Suu Kyi, se prépare à de nouvelles élections prévues plus tard dans l’année, et qualifiées par avance d' »imposture » par les États-Unis.

Selon des experts, la junte pourrait abandonner le système uninominal majoritaire à un tour par lequel le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), avait remporté d’écrasantes majorités en 2015 et 2020.

L’armée avait justifié son coup d’État en assurant avoir découvert des millions de bulletins irréguliers lors du dernier vote, considéré comme globalement libre par des observateurs internationaux.

Le président russe Vladimir Poutine, proche allié et fournisseur d’armes de la junte militaire birmane, a adressé ses « salutations sincères » et prédit le « développement futur » de leurs relations.

Isolée du reste du monde, la junte birmane avait jugé « justifiée » l’invasion de l’Ukraine par Moscou.

Protestation
Une grande partie de ce pays d’Asie du Sud-Est est en proie depuis le putsch à des affrontements entre la junte et des milices locales qui ont pris les armes contre les militaires.

Auparavant, la fête nationale birmane était marquée par de nombreux rassemblements festifs dans les parcs et les espaces publics du pays.

Ancienne colonie britannique, la Birmanie a déclaré son indépendance le 4 janvier 1948 au terme d’une longue lutte conduite par le général Aung San, le père d’Aung San Suu Kyi.

Mais depuis le coup d’État militaire de 2021, les célébrations à l’occasion de jours fériés ont été largement réduites, les gens restant chez eux en signe de protestation contre la junte.

Des correspondants de l’AFP ont constaté un renforcement de la sécurité à Rangoun, cœur commercial du pays et frappée par une série d’attentats à la bombe ces derniers mois.

L’ambassade des États-Unis a mis en garde mercredi contre une « augmentation potentielle des attaques, des tirs ciblés ou des explosions ».

En amont du 75e anniversaire de l’indépendance, la junte a décerné des centaines de prix et médailles à ses soutiens notamment à Ashin Wirathu, un moine bouddhiste extrémiste connu pour son rôle dans l’incitation à la haine religieuse dans le pays, en particulier envers la minorité musulmane des Rohingyas.

Ashin Wirathu, surnommé par l’hebdomadaire américain Time « le Ben Laden bouddhiste » après des émeutes communautaires meurtrières, s’est vu décerner mardi le titre de « Thiri Pyanchi » en vertu de son « travail exceptionnel pour le bien de l’Union de Birmanie ».

Après avoir été emprisonné par le gouvernement d’Aung San Suu Kyi pour « discours séditieux », Ashin Wirathu a été libéré par la junte militaire qui a retiré toutes les charges retenues contre lui.

 AFP

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