Des femmes tiennent leurs enfants souffrant de malnutrition à l’hôpital rural Hays à Hodeida, au Yémen, le 11 octobre 2022. Pendant des années, la famine a été une menace quotidienne pour les enfants du Yémen. Alors que la guerre menace de s’intensifier entre les parties belligérantes du pays après des mois d’une trêve ténue, on craint qu’elle ne s’aggrave.
Voilà le montant que souhaite recueillir le Fonds des Nations unies pour la population en 2023 pour apporter de l’aide en matière de santé à quelque 66 millions de femmes et de filles dans 65 pays. Cette agence de l’ONU (FNUAP, selon son acronyme en français) est chargée des questions de santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les jeunes filles.
L’ONU lance à appel aux dons record pour 2023
L’appel de fonds de l’UNFPA représente une toute petite partie de celui, record, que les agences onusiennes ont lancé le 1er décembre pour 2023 : 51,5 milliards de dollars, soit une hausse de 25% sur un an, pour répondre aux besoins humanitaires de quelque 230 millions de personnes, en forte hausse en raison de la guerre en Ukraine ou des effets du dérèglement climatique, comme les risques de famine en Afrique.
Le dernier rapport de l’ONU estime que 339 millions de personnes dans le monde auront besoin d’une forme d’aide d’urgence, soit 1 habitants sur 23.
Selon Martin Griffiths, coordinateur des secours d’urgence de l’ONU : « Les besoins augmentent parce que nous avons été frappés par la guerre en Ukraine, le COVID, et les conséquences du changement climatique notamment. Je crains qu’en 2023, ces tendances s’accélèrent. C’est pourquoi, comme nous l’indiquons dans le rapport, nous espérons que cette année sera celle de l’entraide et de la solidarité, tout comme 2022 a été une année de souffrance. »
Les risques toujours plus élevés pour les femmes et les filles
« Lorsque les crises frappent, les femmes et les jeunes filles sont confrontées à un risque plus élevé de violences, d’exploitation et d’abus sexuels », pointe dans un rapport sur l’action humanitaire du FNUAP, sa patronne Natalia Kanem.
En 2022, le Fonds a pu apporter une aide vitale à plus de 30 millions de femmes, filles et jeunes personnes, notamment en matière de soins d’urgence obstétriques, planning familial, contraception et réponses d’urgence aux violences sexuelles.
Natalia Kanem, directrice FNUAP
Elle se félicite que son agence ait apporté « en 2022 une aide vitale à plus de 30 millions de femmes, filles et jeunes personnes, notamment en matière de soins d’urgence obstétriques, planning familial, contraception et réponses d’urgence aux violences sexuelles ». Mais « les besoins augmentent et les inégalités demeurent », s’inquiète-t-elle.
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Des besoins dans huit pays prioritaires
Les huit premiers pays où les besoins humanitaires des femmes et des jeunes filles sont les plus prégnants sont ceux en situation de conflits ou de troubles civils: Afghanistan (289 millions de dollars de fonds requis), Syrie (73 millions de dollars), Ukraine (70 millions de dollars), Yémen (70 millions de dollars), Somalie (63 millions de dollars), Soudan (62 millions de dollars), République démocratique du Congo (62 millions de dollars) et Ethiopie (45 millions de dollars).
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Les Afghanes en première ligne
En tête de la liste dressée par les Nations Unies : l’Afghanistan. Alors que la situation se dégrade toujours d’un point de vue humanitaire, l’accès des femmes et des filles aux services essentiels de santé est mis à rude épreuve, ce qui pourrait avoir des conséquences absolument catastrophiques, lit-on sur le site de l’UNFPA.
Près de 24 000 femmes accouchent chaque mois dans des zones très mal desservies, et ont de graves difficultés à accéder aux hôpitaux ou aux établissements de santé.
UNFPA
Ce pays reste l’un des endroits les plus dangereux où accoucher dans le monde : une femme y meurt en moyenne toutes les deux heures des suites de sa grossesse ou de son accouchement. « Près de 24 000 femmes accouchent chaque mois dans des zones très mal desservies, et ont de graves difficultés à accéder aux hôpitaux ou aux établissements de santé », rapporte le Fonds des Nations Unies. « Les services vitaux destinés aux survivantes de violence basée sur le genre sont également limités depuis la dissolution des procédures de signalement, des mécanismes juridiques et des refuges dédiés, alors que les femmes et les filles sont exposées à des niveaux de violence domestique, d’abus et d’exploitation toujours plus élevés », ajoutent les rapporteurs.
Avec la récente décision des talibans d’interdire aux femmes afghanes de travailler dans le secteur humanitaire, la question de ces aides se pose pour l’année à venir…
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