Si le terme de réchauffement climatique est employé par le Giec à partir de 2013, de nombreux chercheurs ont alerté depuis plus de 120 ans sur les risques que comportent les activités humaines sur le climat. La nécessité d’une prise de conscience et d’actions concrètes est à présent avérée depuis des années et l’urgence climatique est indéniable.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dont le nom est maintenant évoqué à chaque discussion sur la crise climatique, publie régulièrement des rapports d’évaluation depuis 1990. Cet organisme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) expliquait déjà il y a 33 ans que les émissions de gaz dues aux activités humaines renforcent l’effet de serre et entraînent un réchauffement de la Terre qui s’ajoute aux variations naturelles. Les scientifiques y indiquaient également que réduire les activités humaines émettrices de gaz à effet de serre serait une nécessité pour ne pas empirer cette augmentation de température globale.
PRÉVISIONS DES CHANGEMENTS DES TEMPÉRATURES MOYENNES ANNUELLES À MOYEN TERME (2041-2060, À GAUCHE) ET LONG TERME (2081-2100, À DROITE), EN FONCTION DE DIFFÉRENTS SCÉNARIOS SOCIO-ÉCONOMIQUES MONDIAUX. LE PREMIER SCÉNARIO (EN HAUT) EST CELUI D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLE AVEC PEU D’ÉMISSIONS DE CO2, COMPRENANT LA FIN COMPLÈTE DES ÉMISSIONS VERS 2075. DANS LE SECOND (EN BAS), LES ÉMISSIONS DOUBLENT D’ICI 2100.
Dans son dernier rapport, l’organisme estime que, pour conserver un climat dans lequel il est souhaitable de vivre, le réchauffement ne doit pas excéder le 1,5 °C. Il prévoit également que, si nos émissions de gaz à effet de serre restent les mêmes, la température globale aura augmenté de 2 °C d’ici 2050. Les répercussions seraient nombreuses et destructrices, on peut citer l’augmentation de la fréquence et de la violence des canicules, des sécheresses et des épisodes de précipitations torrentielles.
Ces conséquences désastreuses se font déjà ressentir, notamment en France en 2022, comme l’a récemment rappelé la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. Celle-ci était invitée le 3 janvier dernier sur le plateau de télévision de l’émission C à vous, lors de laquelle elle a été interrogée sur la déclaration du président de la République française Emmanuel Macron lors de ses vœux pour 2023 : « Qui aurait pu prédire […] la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ». En effet, qui ont été celles et ceux qui découvrent depuis le XIXe siècle les rouages de la catastrophe actuelle et tentent de nous alerter ?
"Non , Emmanuel Macron ne découvre pas le réchauffement climatique, mais qui aurait pu prédire les incendies à Brocéliande ? Ou encore les méga-feu tout près d'Arcachon ?"@AgnesRunacher, ministre de la Transition énergétique, dans #CàVous pic.twitter.com/Rh4aPmGgXC
— C à vous (@cavousf5) January 3, 2023
Une inquiétude concrète depuis plus de 120 ans
La paternité des premières prédictions de réchauffement climatique est traditionnellement attribuée à un chimiste suédois, Svante Arrhenius, qui les a formulées dans un article publié en 1896.
Avant lui, des scientifiques avaient fait des découvertes majeures, comme Jean-Baptiste Fourier qui démontre en 1824 que la Terre est réchauffée par son atmosphère, ou la chercheuse amatrice américaine Eunice Newton Foote. En 1856, elle identifie l’influence de la concentration de certains gaz sur le réchauffement de l’air sous l’action des rayonnements solaires. Ce phénomène, popularisé sous le nom d’effet de serre, est un des responsables du réchauffement climatique moderne. Trois ans plus tard, les travaux de John Tyndall arrivent à des conclusions similaires et inspireront Arrhenius.
LA COURBE DE KEELING ILLUSTRE L’ÉVOLUTION DE LA CONCENTRATION DE CO2 DANS L’ATMOSPHÈRE. ELLE EST MESURÉE DEPUIS 1958 SUR LE VOLCAN MAUNA LOA À HAWAÏ. ON RETROUVE CETTE MÊME ÉVOLUTION DANS D’AUTRES SITES DE MESURE DANS LE MONDE.
Si sa théorie est d’abord rejetée par la communauté scientifique en raison d’une faible robustesse, à partir des années 1950 les études alertant sur le réchauffement global se multiplient. En 1956, Gilbert Plass précise les calculs du réchauffement et démontre qu’il interviendra non plus dans les siècles à venir mais bien les décennies.
Les travaux de Hans Suess et Roger Revelle publiés un an plus tard révèlent que les océans réémettent très rapidement le dioxyde de carbone absorbé, l’article attirant de ce fait l’attention sur la croissance des quantités de CO2 présentes dans l’atmosphère qui contribueraient à un réchauffement mondial. En 1960, Charles Keeling est en mesure d’apporter la première preuve indiscutable de l’augmentation annuelle de la concentration de ce gaz à effet de serre.
La conscience de l’urgence et les appels à l’action
Une trentaine de spécialistes publie en 1971 un rapport de l’étude de l’impact humain sur le climat dans lequel ils appellent à agir avant que certains mécanismes incontrôlables ne se mettent en place. La première Conférence mondiale sur le climat a lieu 8 ans plus tard ; en France, le volcanologue Haroun Tazieff tire la sonnette d’alarme à la télévision. Les interventions d’experts se multiplient à partir de la fin des années 80 et la prise de conscience s’accélère, des institutions comme le Giec se forment, certaines mesures sont prises. Force est de constater que cela n’a pas été suffisant pour endiguer la crise dont les conséquences commencent tout juste à se faire ressentir dans la métropole et que des mesures efficaces sont nécessaires.
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