Cinq ans de prison ferme et la confiscation des biens et avoirs ont été requis à l’encontre d’un homme poursuivi pour l’organisation d’un trafic de stupéfiants sur le «darkweb», lundi 9 janvier à Rennes.
En détention provisoire depuis son arrestation en septembre 2022, ce salarié spécialiste en sécurité informatique, 29 ans, marié et père d’un bébé né en décembre, est poursuivi pour des infractions de «blanchiment» et «trafic de stupéfiants» commis sur le «darkweb», le réseau de trafics illicites.
Le commanditaire Drugsource
À la barre, Mohamed G. a dit reconnaître les faits de «blanchiment mais pas la partie trafic de stupéfiants». Le prévenu, titulaire d’un bac+3 en informatique, de double nationalité française et tunisienne, a détaillé la façon dont il se servait d’un mélangeur de cryptomonnaies qu’il avait créé pour anonymiser des transactions pour le bénéfice de «Drugsource» qui, selon ses dires, était son commanditaire qu’il n’a jamais rencontré.
«Drugsource» proposait à la vente MDMA, ecstasy, cocaïne. Les enquêteurs avaient pu comptabiliser 3038 ventes pour un chiffre d’affaires estimé à 1,5 million d’euros. Présent en début d’audience Maël N., 24 ans et logisticien présumé, sera jugé le 10 février. Son avocate a demandé de disjoindre les dossiers des deux prévenus, qui d’après leurs avocats ne se connaissent pas.
Enquête ouverte en 2020
Alors qu’une enquête était ouverte en septembre 2020 par la cellule Cyberdouane de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), les enquêteurs, en procédant à un «coup d’achat», étaient parvenus à remonter vers Maël N., domicilié au Mans, et Mohamed G. à Nantes.
L’enquête avait établi que «14 transactions» étaient dirigées vers l’adresse de Mohamed G., qui reconnaît avoir été actif sur le darkweb entre avril et novembre 2021. Pour la vice-procureure Françoise Guillemin, «Drugsource» et Mohamed G. ne font qu’un.
Doutes sur l’identité de Drugsource
Le prévenu «ne reconnaîtra pas être Drugsource, mais il reconnaît avoir des connaissances très pointues sur le cyber et le darkweb», a-t-elle souligné, avant de requérir une peine de cinq ans d’emprisonnement ferme et la confiscation des biens et avoirs, des portefeuilles de cryptomonnaies, montres de luxe et un studio à Dubai.
«Le ministère public ne fait pas la preuve que M. G. est Drugsource», a assuré son avocat Me Thierry Fillion, plaidant la relaxe partielle et une peine permettant la réinsertion de son client. Le jugement est attendu en fin de journée.
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