Covid-19 : des autopsies montrent que le virus peut se propager dans tout le corps humain

La Covid-19 est avant tout une maladie respiratoire, mais chez les personnes qui n’y ont pas survécu, des chercheurs américains ont observé que le virus était présent dans tout le corps : des yeux au cerveau en passant par les testicules. 

La Covid-19 provoque essentiellement des symptômes respiratoires, pourtant des autopsies pratiquées sur des personnes décédées de la maladie montrent que le virus est « capable de se disséminer dans le corps tout entier ». Un groupe de chercheurs rattachés au National Institutes of Health (NIH), dont le quartier général est situé à Bethesda aux États-Unis, a pratiqué 44 analyses post mortem sur des patients non vaccinés décédés à l’hôpital et ont recherché la présence du SARS-coV-2 à travers tout le corps humain. Les patients choisis avaient entre 40 et 70 ans et étaient infectés par le SARS-CoV-2 depuis 8 à 18,5 jours au moment de leur décès.

Les scientifiques ont confirmé la présence du coronavirus dans 84 localisations anatomiques différentes, aussi bien des tissus que des liquides biologiques. L’appareil respiratoire reste le groupe d’organes le plus touché par l’infection virale, mais le coronavirus a été identifié aussi dans les yeux, la peau, les muscles ou encore le cerveau. Ces résultats sont parus dans Nature.

L'ARN du coronavirus détecté dans : a/ l'œsophage ; b/ la rate ; c/ l'appendice ; d/ une glande surrénale ; e/ l'ovaire ; f/ le testicule ; g/ l'endomètre et h/ un tissu extra-pulmonaire de patients décédés de la Covid-19. © Sydney R. Stein et <em>al.</em>, <em>Nature</em> 2022

L’ARN DU CORONAVIRUS DÉTECTÉ DANS : A/ L’ŒSOPHAGE ; B/ LA RATE ; C/ L’APPENDICE ; D/ UNE GLANDE SURRÉNALE ; E/ L’OVAIRE ; F/ LE TESTICULE ; G/ L’ENDOMÈTRE ET H/ UN TISSU EXTRA-PULMONAIRE DE PATIENTS DÉCÉDÉS DE LA COVID-19.

Du coronavirus présent de la tête aux pieds

Parmi les 44 corps à disposition des scientifiques, des prélèvements dans le cerveau n’ont été possibles que sur 11 d’entre eux. Dans 90 % des cas, le coronavirus était présent dans le cerveau, notamment dans l’hypothalamus et le cervelet pour des patients décédés d’une infection particulièrement virulente, et dans la moelle épinière cervicale ainsi que dans les ganglions de la base (une structure cérébrale profonde) chez les patients pour qui l’infection a été plus longue.

Ces recherches montrent que, si le coronavirus se réplique préférentiellement dans la sphère respiratoire, il peut se propager dans tout le corps. De l’ARN subgénomique du coronavirus (un type d’ARN produit seulement lors de la réplication active du virus) a été isolé de presque tous les tissus analysés et dans certains fluides biologiques comme le plasma ou le liquide accumulé dans les poumons à la suite de la maladie (liquide pleural). Les scientifiques sont également parvenus à remettre en culture des virions du SARS-CoV-2 isolés du cœur, des ganglions lymphatiques ou encore du tractus digestif des patients autopsiés. Cela suggère que des régions du corps autres que la sphère respiratoire peuvent servir d’« usine à virus ».

Cette étude améliore nos connaissances sur la propagation du coronavirus dans le corps humain. Néanmoins, elle a été faite sur des patients décédés entre 2020 et 2021 donc avant l’apparition des sous-variants d’Omicron — ces derniers pourraient avoir un comportement différent. De plus, 60 % des personnes autopsiées étaient atteintes de plusieurs comorbidités qui pourraient influencer la propagation du virus dans le corps.

futura

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