Une nouvelle étude revoit largement à la hausse les effets du réchauffement et de la dégradation des terres combinés sur la faune terrestre. En simulant les effets du changement climatique dans une Terre virtuelle, ils ont également pu déterminer les espèces les plus menacés et les régions du monde les plus touchées.
Après la dégradation des terres, le changement climatique est l’une des causes principales de la disparition des espèces : les vagues de chaleur, les sécheresses, ou bien encore, les feux de forêts ont évidemment un impact sur la vie animale. Une nouvelle étude publiée dans Science Advances explique que les conséquences du réchauffement planétaire ont été jusqu’à maintenant largement sous-estimées, car elles ne prenaient pas assez en compte les co-extinctions : c’est-à-dire l’extinction des espèces causées par la disparition d’autres espèces dont elles dépendent.
Parmi les animaux directement menacés dans leur habitat naturel (on ne parle évidemment pas de ceux maintenus dans les zoos), des mammifères emblématiques comme les éléphants et les koalas. Il suffit bien souvent qu’une seule espèce clé disparaisse pour que cela cause une onde de choc dans tout son écosystème. Toutes les espèces sont en effet connectées dans le réseau complexe de la chaîne alimentaire. Pour les scientifiques, il est très compliqué de réussir à déterminer tous les liens entre les différentes espèces, et donc d’évaluer l’impact global, avec toutes ses répercussions, de la disparition d’une espèce.
Une simulation effectuée sur une Planète virtuelle
L’équipe de chercheurs italiens et australiens a donc utilisé de superordinateurs, comme ceux utilisés pour modéliser l’atmosphère et les océans et donc ensuite prévoir l’évolution du climat. Mais cette fois-ci, ils ont carrément créé une Terre virtuelle, avec l’ensemble de la chaîne alimentaire connue. Pour étudier l’évolution de celle-ci, ils ont ajouté dans leur simulation les prévisions climatiques ainsi que celles sur la dégradation des terres (déforestation, agriculture intensive, construction…). Pas moins de 15 000 réseaux de chaînes alimentaires ont été inclus dans cette Planète virtuelle, avec trois scénarios sur l’évolution du changement climatique en fonction des différentes projections d’émissions de gaz à effet de serre.
Précisions que le scénario moyen vers lequel nous nous dirigeons est de +2,4 °C d’ici 2050 comparé aux niveaux préindustriels, et +4,4 °C d’ici 2100. Si ce scénario moyen se concrétise (sachant qu’il y a aussi des scénarios plus pessimistes), la diversité animale terrestre va diminuer de 10 %, et de 27 % d’ici 2100. Ces chiffres sont tout simplement le double de ceux qui étaient annoncés jusqu’à maintenant.
LES CONSÉQUENCES SUR LA DISPARITION DES ANIMAUX TERRESTRES SELON TROIS SCÉNARIOS D’ÉVOLUTION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE. PLUS LES COULEURS SONT FONCÉES, PLUS LA DISPARITION DES ESPÈCES EST GRANDE.
Les grands prédateurs vont disparaître à un rythme alarmant
Les carnivores et les omnivores, qui sont en haut de la chaîne alimentaire (comme les fauves), sont ceux qui souffriront le plus des co-extinctions : pour ces espèces, leur disparition sera 184 % plus importante que ce que les scientifiques croyaient avant cette nouvelle étude.
Si des animaux comme les lions et les loups disparaissent de leurs milieux naturels, les conséquences seront catastrophiques sur la végétation notamment. Sans prédateurs, certaines de leurs proies prolifèreront, anéantissant de nombreuses espèces végétales. Un impact qui avait été clairement constaté avec l’absence des loups dans le parc national Yellowstone aux États-Unis pendant de nombreuses années. Leur réintroduction avait ensuite été suivie d’une explosion de diversité au sein de la végétation.
La plus grande perte de biodiversité animale se produira dans les zones actuellement considérées comme les « hotspots », les milieux les plus riches au niveau naturel : sur les 36 zones du monde les plus en danger, on trouve par exemple, la région floristique du Cap en Afrique du Sud, le sud-ouest de l’Australie, et d’une manière générale les forêts tropicales.
L’ÉVOLUTION DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE POUR LES BANDES DU HAUT
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