Résiliente face au Covid-19, l’économie africaine pénalisée par la guerre en Ukraine

Si l’Afrique est parvenue à absorber le choc provoqué par la pandémie de Covid-19, l’économie du continent reste néanmoins durement pénalisée par l’inflation liée à la guerre en Ukraine, ainsi que par les effets du réchauffement climatique, alerte, jeudi, l’Agence française de développement.

C’est l’une des zones géographiques les plus résilientes face à la pandémie de Covid-19. En 2023, le PIB par habitant de l’Afrique va dépasser son niveau de 2019, permettant au continent de rejoindre les zones géographiques dans le monde ayant vu leur richesse nationale retrouver des niveaux pré-pandémie, a indiqué, jeudi12 janvier, l’Agence française de développement (AFD).

« Le choc Covid a été désormais absorbé », a affirmé Thomas Mélonio, directeur de la recherche à l’AFD, en préambule de la présentation d’un ouvrage présentant les perspectives de l’institution française sur le continent cette année.

La région qui enregistre la plus forte croissance est le Grand Sahel, qui, malgré d’importants problèmes sécuritaires, présente une économie diversifiée et continue de tirer d’importants profits de l’extraction minière. L’Afrique de l’Est et du Nord se classent en deuxième et troisième position.

La croissance du continent cache néanmoins une situation économique difficile et soumise aux aléas de la conjoncture internationale, à quelques semaines du premier anniversaire de la guerre en Ukraine.

Inflation galopante

Cette guerre a été marquée par une flambée des prix des céréales juste après l’invasion de l’Ukraine, qui générait avant le conflit avec la Russie 30 % de l’approvisionnement de la planète en blé.

Après avoir atteint des niveaux historiques en mars, les prix mondiaux des produits alimentaires se sont apaisés en fin d’année, notamment après la reprise des exportations de blé ukrainien en mer Noire.

L’Afrique a dans ce contexte « échappé » aux famines de masse redoutées l’an dernier par l’Organisation des Nations unies, a affirmé Bio Goura Soulé, expert au sein de la Cédéao, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, au cours de la conférence de l’AFD.

La hausse persistante des prix des engrais pourrait, en revanche, encore peser sur la production agricole cette année, a alerté Thomas Mélonio.

Insécurité alimentaire et réchauffement climatique

Plus largement, la situation est loin d’être stabilisée s’agissant de la sécurité alimentaire, a estimé Benoit Faivre-Dupaigre, chargé de recherche à l’AFD, rappelant que la plupart des États nécessitant une assistance alimentaire dans le monde étaient en Afrique.

Selon le rapport, les trois pays les plus menacés sont la Centrafrique, Madagascar et la République démocratique du Congo, en proie a une recrudescence de combats entre les forces de sécurité et les rebelles du M23.

« Il ne faut pas mettre cela uniquement sur le compte des prix alimentaires mais sur la situation globale de conflits et de crises dans différentes zones de l’Afrique », notamment au Sahel et à l’est du continent, qui subit une grave sécheresse, a-t-il par ailleurs affirmé.

L’ONU estime qu’en 2022, 12,7 millions de personnes étaient exposées à une grave insécurité alimentaire dans le G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad), du fait d’une conjonction de facteurs incluant l’insécurité, le climat ou bien encore l’inflation.

Lors de ses dernières prévisions économiques concernant l’Afrique sub-saharienne en octobre, le Fonds monétaire international a dit s’attendre à une croissance de 3,7 % en 2023 après 3,6 % en 2022.

AFP

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