Selon un rapport, les postes de police chinois à l’étranger réduisent au silence la dissidence et menacent les pays hôtes

La Chine développe son réseau de postes de police à l’étranger, lié à une série d’abus des droits de l’homme. Après la découverte de plusieurs postes de police clandestins dans la banlieue parisienne, plusieurs capitales africaines ont laissé prospérer cette pratique qui constitue une réelle menace, selon un nouveau rapport.

Le gouvernement chinois a créé un réseau de postes de police à l’étranger qui est utilisé pour réprimer la dissidence, selon les observateurs, et qui pourrait menacer les pays hôtes.

Un rapport publié en 2022 par Safeguard Defenders, organisme sans but lucratif de défense des droits de l’homme, déclare que la Chine a ouvert plus de cinquante postes de police de ce type sur cinq continents par l’intermédiaire des opérations appelées Sky Net et Fox Hunt. En Afrique, la Chine exploite des postes au Lesotho, au Nigeria et en Tanzanie.

Ces postes sont présumés combattre les fraudes des télécommunications et les crimes de l’Internet commis par les ressortissants chinois qui vivent à l’étranger. Mais le rapport de Safeguard Defenders montre que les méthodes employées par la police chinoise enfreignent habituellement les lois internationales sur les droits de l’homme.

Dans des capitales comme Abidjan, Conakry, Dakar, Banjul, Yaoundé, etc, ces postes de police clandestins couvrent plusieurs actes criminels

Selon le Forum international pour les droits et la sécurité, l’objet des postes de police est en fait de menacer les dissidents qui vivent à l’étranger et de forcer certaines personnes de retourner en Chine où elles pourraient être sujettes à des punitions.

« Nous constatons en provenance de la Chine des tentatives croissantes de répression de la dissidence partout dans le monde, des menaces et des harcèlements contre les personnes, pour s’assurer qu’elles ont suffisamment peur pour rester silencieuses, sinon elles pourraient être forcées de retourner en Chine », déclare Laura Harth, directrice de campagne de Safeguard Defenders, à CNN.

« Ça commence par des coups de fil. Ils pourraient commencer par l’intimidation de vos proches en Chine, par des menaces, par toute action qui pourrait réellement inciter les cibles de l’étranger à rentrer. Si cela ne marche pas, ils utiliseront des agents d’infiltration à l’étranger. Ils les envoient depuis Pékin et emploient des méthodes telles que le piégeage ou l’incitation. »

Plus de 200.000 travailleurs chinois se sont rendus en Afrique pour travailler sur l’initiative de la Nouvelle route de la soie (BRI) depuis 2012 et plus d’un millions d’immigrants chinois vivent sur le continent, selon le quotidien nigérian Daily Trust.

L’équipe de Mme Harth a documenté une série de tactiques de coercition employées pour intimider les Chinois qui vivent à l’étranger.

Les employés des projets de la BRI se plaignent des conditions de travail dangereuses, de l’abus sexuel et des camouflages. Les contrats liés à la BRI manquent souvent de transparence et sont difficiles à rembourser ou à renégocier, ce qui laisse les pays hôtes accablés par les dettes.

Le gouvernement chinois prétend que 230.000 ressortissants ont été « persuadés de retourner » pour faire face à des poursuites criminelles en Chine entre avril 2021 et juillet 2022. Toutefois, le rapport indique que la plupart des ressortissants chinois qui retournent sont des dissidents, notamment ceux qui se sont enfuis du pays à cause des persécutions religieuses ou ethniques.
Très souvent, ceux qui ont été persuadés de revenir n’ont pas été officiellement accusés d’avoir commis un crime, les procédures de justice ont été ignorées et les familles ont été harcelées ou menacées. Selon Safeguard Defenders, le mépris des voies et des processus normaux liés aux relations internationales est « flagrant ».

Les critiques avertissent aussi des menaces d’espionnage et de surveillance liées à ces postes de police.

Le service de presse Asian News International signale que « la Chine a des antécédents de surveillance en Afrique et maintenant elle l’a aussi étendue à d’autres pays. Les nations où se trouvent ces établissements chinois opérationnels doivent agir rapidement et exiger leur fermeture ainsi qu’une explication détaillée auprès de leurs homologues chinois pour les abus de confiance et les infractions aux droits de souveraineté. »

Les postes de police ont été établis en coopération avec des associations locales liées à United Front Work, agence du Parti communiste chinois qui essaie de réduire au silence la dissidence.

adfmagazine

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