Patient bizarre : aveugle, elle est persuadée de voir correctement

Une femme de 73 ans est conduite aux urgences de l’hôpital de Radcliffe, en Grande-Bretagne, après un épisode soudain de maux de tête, de vomissements, et de confusion. Les médecins soupçonnent tout de suite un problème neurologique, mais un détail lors de son auscultation fait penser qu’il s’agit d’un cas plus atypique qu’il n’y paraît.

La patiente ne semble pas être capable d’établir un contact visuel fixe avec eux. Ils décident de faire un test simple pour s’assurer que leur patiente n’est pas malvoyante. Face à elle, le médecin lui demande de fermer l’œil gauche, puis le droit et de lui dire quand sa main quitte son champ de vision. Au vu de sa réaction, il est clair qu’elle ne voit rien. Pourtant la patiente ne semble pas en avoir conscience ! Comment est-ce possible ?

Un cerveau aveugle
Les médecins lui font passer un scanner du cerveau après qu’elle a dit avoir eu « du sang dans le cerveau » quatre ans auparavant. En effet, son dossier médical indique une hémorragie sur le côté gauche du lobe occipital dont l’origine n’a pas pu être déterminée. La patiente dit s’être bien remise de cet accident et vit depuis normalement chez elle avec sa famille. Les images du nouveau scanner montrent aussi une hémorragie cérébrale, mais cette fois-ci du côté droit du lobe occipital. Les lésions dans cette région du cerveau peuvent provoquer des troubles de la perception. En d’autres termes, l’œil fonctionne parfaitement mais le cerveau ne « voit » plus.

La cécité d’Anton-Babinski
La patiente souffre d’une cécité d’Anton-Babinski dont la principale caractéristique est l’anosognosie visuelle, c’est-à-dire que le patient a des problèmes de vision mais maintient qu’il voit très bien. Il ne s’agit pas d’une forme de déni mais d’un symptôme neurologique qui témoigne d’une anomalie dans le cerveau suite à une maladie neurodégénérative ou après un AVC. La personne touchée n’a pas conscience de sa cécité. De plus, elle peut apparaître confuse et inventer des souvenirs pour combler un trou de mémoire (confabulation). Les origines de la cécité d’Anton-Babinski ne sont pas encore totalement comprises, mais les lésions du lobe occipital, sans que le cortex visuel soit touché, semblent être un élément clé dans la pathologie.

La femme de 73 ans a été prise en charge dans une unité de soins spécialisés pour les victimes d’AVC. Avec l’aide des médecins, elle a retrouvé une partie de ses capacités de vision qui se limitent à la perception des couleurs et des visages connus. Elle a pu rentrer chez elle, mais a perdu son autonomie.

futura

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