Un espoir de prévention contre le choléra, ce fléau encore responsable de graves épidémies

Un récent travail américain démontre qu’il est possible, en bloquant l’expression génique de ses toxines de virulence, de rendre inactif l’agent responsable du choléra, le vibrio cholerae. La mise en évidence de ce nouveau mécanisme ouvre la possibilité d’une prévention face à une affection responsable de plus de 100.000 morts chaque année dans le monde.

Bonne nouvelle dans la recherche contre le choléra, actuellement en résurgence dans une trentaine de pays et responsable d’environ 100.000 morts par an dans le monde. Un travail récent mené par une équipe du Massachusetts Institute of technology (MIT, Massachusetts) et publié dans le Journal of the European Molecular Biology Organization (EMBO) ouvre en effet la porte à la prévention de la maladie.

Des molécules protectrices à base de sucres

Il met en effet en évidence un nouveau mécanisme démontrant qu’il est possible d’empêcher l’agent responsable du choléra, le vibrio cholerae, de produire la toxine responsable des diarrhées sévères à l’origine des déshydratations parfois mortelles caractéristiques de la maladie.

Comment ? Grâce à des molécules protectrices à base de sucres, des glycanes, contenues dans le mucus, le film acellulaire recouvrant une grande partie des organes et jouant un rôle clé dans le contrôle des microbes. En effet, des travaux antérieurs réalisés par des membres de l’équipe du MIT ont déjà montré que ces glycanes pouvaient désactiver d’autres types de bactéries comme Pseudomonas aeruginosa ou la levure Candida albicans.

Des épidémies de choléra aujourd’hui plus nombreuses et plus graves

Ici, dans le cas précis du choléra, les chercheurs savent que les souches ne deviennent pathogènes que lorsqu’elles sont infectées par un virus phage, CTX, ce phage étant porteur des gènes codant pour la toxine du choléra, la toxine responsable des symptômes. Mais pour cela, il faut que le phage CTX se lie à un récepteur à la surface de la bactérie, connu sous le nom de pilus co-régulé par la toxine (TCP).

Dans ce nouveau travail, en créant des glycanes purifiés à partir du tractus gastro-intestinal du porc, les scientifiques ont réussi à démontrer qu’ils étaient capables de supprimer la capacité de la bactérie à produire le récepteur TCP, de sorte que le phage CTX ne peut plus l’infecter. D’où l’idée à terme de parvenir à délivrer des glycanes au site même de l’infection, pour aider à renforcer la barrière muqueuse et donc à prévenir les symptômes du choléra, qui affectent jusqu’à 4 millions de personnes par an.

Cette nouvelle approche préventive viendrait ainsi se rajouter aux essentielles mesures d’hygiène, de surveillance et d’amélioration de l’approvisionnement en eau, sans oublier la vaccination dans les zones à risque. A noter toutefois qu’en octobre 2022, et en raison d’une pénurie de vaccins, l’OMS a exceptionnellement modifié sa stratégie de vaccination, en passant à une seule dose au lieu de deux. En raison des inondations, des sécheresses, des conflits, des mouvements de population et d’autres facteurs limitant l’accès à l’eau potable, les épidémies cholériques sont aujourd’hui plus nombreuses, plus étendues et plus graves. Moins de 20 pays étaient concernés il y a cinq ans, ils sont 30 en 2023.

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