Une calvitie naissante ? Les cheveux tombent par poignées ? Notre précieuse chevelure peut être sujette à tout moment à un emballement de son cycle de croissance. L’alopécie, le terme médical pour désigner cette perte de cheveux, est engendrée par une variété de causes. Revue des plus fréquentes.
Un auditoire d’hommes d’âge mûr et des alopécies à différents stades. Un Européen est plus susceptible qu’un Africain ou un Asiatique de développer une alopécie androgénétique.
Les cheveux tombent, tardent à repousser, c’est de l’alopécie. Les causes diffèrent d’un patient à un autre. L’alopécie est le symptôme d’une pathologie, d’un trouble. Pour les médecins, il y a deux catégories d’alopécie, les alopécies cicatricielles, et les non cicatricielles. Et sous cette typologie, le diagnostic peut conclure à un effluvium télogène, la forme d’alopécie la plus répandue, due à une variété de causes. Autre cas, le plus connu, la calvitie masculine, mais aussi féminine, appelée alopécie androgénétique (AAG), la plus crainte certainement de tous.
Un cheveu, comment ça pousse en temps normal ?
Une chevelure en bonne santé comporte 150.000 cheveux en moyenne. La partie implantée dans le derme est appelée follicule pileux. À la base de celui-ci, se trouve le bulbe pilaire, lieu des divisions cellulaires rapides. Chaque follicule pileux produira dans le courant d’une vie jusqu’à 15 cheveux.
Le cycle de vie d’un cheveu passe successivement par trois phases :
la phase anagène, ou de croissance, qui permet au cheveu de pousser de plusieurs millimètres toutes les semaines sur une période de 2 à 7 ans, selon les individus, leur sexe ou leur origine ethnique.
- une phase catagène, ou phase d’involution, du bulbe pilaire qui s’étale sur 3 semaines.
- une phase télogène, le bulbe se met en repos durant 5 à 12 semaines à la suite desquelles le cheveu qui s’était détaché du bulbe est expulsé.
80 à 90% de cheveux en phase anagène constituent une chevelure en bonne santé, 10 à 20% sont au stade télogène, et enfin, la croissance d’une infime proportion (1 à 2%) est à l’arrêt, ou en phase catagène, avant que le cycle ne reparte vers une nouvelle phase anagène.
L’alopécie, qu’est-ce que c’est ?
Chaque jour, on perd naturellement 80 à 100 cheveux. Au-delà de 150 cheveux par jour, cela peut paraître anormal. C’est ce qu’on appelle de l’alopécie, soit une chute diffuse ou par plaques, soudaine ou sur la durée. Elle peut être irrémédiable, on parle alors d’alopécie cicatricielle, il n’y aura pas de repousse des cheveux car il y a destruction irréversible du follicule. A l’opposé, une alopécie non cicatricielle réduit, ralentit la croissance du follicule pileux mais le phénomène de chute sera passager, une repousse reste possible.
Le médecin traitant, puis le dermatologue questionneront longuement leur patient et examineront sa chevelure, pour établir un diagnostic. Car l’alopécie prend plusieurs formes, et peut avoir des causes variées.
La plus connue de toutes, l’alopécie androgénétique
Calvitie est un mot usuel un peu fourre-tout, mais souvent il désigne l’alopécie androgénétique ou androgénique (AAG). Celle-ci touche plus souvent les hommes que les femmes. L’incidence du symptôme varie également selon l’origine ethnique : les hommes d’origine européenne sont plus susceptibles de développer une calvitie que les hommes d’origine asiatique, amérindienne ou africaine. Enfin, avec le vieillissement, l’alopécie androgénétique se fait de plus en plus fréquente dans la population masculine, jusqu’à toucher près de 80% des plus de 70 ans. Chez les femmes, elle concerne une femme sur cinq vers l’âge de 40 ans, une femme sur quatre vers l’âge de 60 ans.
Selon les hommes, on observe une ligne frontale de cheveux qui remonte, les lobes ou golfes temporaux qui se dégarnissent. Dans d’autres cas, c’est le sommet du crâne, appelé vertex, qui arbore en premier lieu et de manière de plus en plus marquée une tonsure de moine. Avant de tomber, le cheveu a perdu en épaisseur et en longueur, une longueur suffisante qui lui aurait permis de percer la surface du cuir chevelu. Il a perdu en pigmentation, en densité, et après la chute, ne reste qu’un duvet fin, le vellus, qui disparaît à son tour. Les dermatologues parlent de miniaturisation du follicule pileux qui, de cycle en cycle, se transforme en vellus sur ces zones atteintes par l’alopécie androgénétique.
Des échelles pour mesurer l’alopécie
Pour les hommes, l’échelle de Norwood-Hamilton. Elle a été mise au point par le Dr B. Hamilton dans les années 1950, puis actualisée par le dermatologue et chirurgien spécialisé dans la micro-greffe de cheveux, AT Norwood. Norwood et Hamilton établissent 7 stades d’avancement de l’alopécie masculine, stades pendant lesquels la densité de cheveux sur 3 régions du crâne est mesurée : les lobes temporaux, frontaux et le vertex (le sommet du crâne).
Hamilton, médecin et anatomiste de formation avait fait le lien entre une hormone sexuelle, la testostérone et l’AAG. Ses observations dans les années 1940 portaient sur les résidents d’une institution pour handicapés mentaux au Kansas, aux États-Unis. Le recours à la castration pour exercer un contrôle sur ces patients était courant jusque dans les années 1950 dans plusieurs États américains.
Pour les femmes, l’échelle de Ludwig, a été développée en 1977 par le Dr Erich Ludwig, qui classe l’alopécie androgénique féminine en 3 étapes, soit moins de stades que l’échelle de Norwood-Hamilton. La chevelure se dégarnit progressivement autour de la raie. En stade 3, la partie supérieure du crâne est entièrement dénudée.
Les causes de l’alopécie androgénétique
L’alopécie androgénique apparaît, quand il y a conjonction de deux facteurs:
– Un facteur génétique que l’un des parents ou les deux – ou encore les grands-parents – ont transmis. À noter que certains de ces gènes sont présents sur le chromosome X, transmis uniquement par la mère. La calvitie peut donc être un héritage maternel.
– Un facteur hormonal. Le follicule pileux est sensible aux hormones androgènes qui régulent sa croissance. Ce sont ces hormones qui adviennent à la puberté qui influencent notre système pileux : elles modulent leur épaisseur, leur vitesse de croissance et leur répartition sur des zones stéréotypées. Parmi ces androgènes, la dihydrotestotérone (DHT), un dérivé de la testostérone, influe sur le cycle de croissance du cheveu, et le précipite. L’un des médicaments utilisés pour retarder l’AAG, le finastéride, tente de réduire la quantité de DHT, en bloquant l’enzyme à l’origine de sa production, la 5-alpha-réductase.
Moins fréquentes, les alopécies cicatricielles
Dans le cas d’une alopécie cicatricielle, la peau du cuir chevelu mise à nu présente soit un aspect de plaques rouges, soit un aspect de peau lisse et brillant. La chute peut se faire par zones circonscrites ou bien toucher en totalité la chevelure. Les follicules pileux sont détruits. La repousse ne peut plus avoir lieu.
Ces alopécies cicatricielles sont rares et sont les symptômes de maladies inflammatoires auto-immunes, ou dermatologiques telles qu’un lichen plan pilaire, un lupus, une folliculite décalvante.
Ce que l’on sait moins, c’est que certains gestes de coiffure pratiqués quotidiennement peuvent provoquer sur le long terme une alopécie cicatricielle, appelée alopécie de traction. Il faut donc se méfier de chignons ou de queues de cheval trop serrés, des lissages et des brossages traumatiques pour la racine des cheveux.
L’effluvium télogène, une alopécie passagère et réversible
Cette perte de cheveux diffuse, brusque et abondante mais souvent inférieure à 50 % de la chevelure, est passagère. La repousse est possible, c’est une alopécie non cicatricielle. Elle peut fluctuer par cycles sur plusieurs années. L’effluvium télogène est une alopécie plus fréquente que l’emblématique alopécie androgénétique. Il constituerait même une bonne proportion des consultations chez le dermatologue. Et pourquoi “télogène” ? Parce que cette chute de cheveux intervient pendant la phase éponyme du cycle capillaire.
Son étiologie est très variable. Cette alopécie fréquente peut advenir à la suite d’une grossesse, de la prise de certains médicaments, d’un régime alimentaire amenant des carences vitaminiques, d’un stress psychologique ou physique (une anesthésie générale par exemple). L’effluvium télogène peut également être saisonnier quand, au printemps et à l’automne, les cycles de beaucoup de nos cheveux se synchronisent. Le phénomène de chute peut durer trois mois, et ne pas impacter le volume global de la chevelure. Dans le cas d’une durée plus longue, au-delà de 6 mois, et d’une masse capillaire qui se clairsème, il faudra consulter.
Quel que que soit le type d’alopécie, c’est chez le médecin et durant l’anamnèse, autrement dit l’interrogatoire approfondi et préalable à tout examen physique et biologique, que des solutions se dessineront. Des traitements à base de médicaments, des substitutions vitaminique, éventuellement de la micro-chirurgie, ou donner du temps au temps.
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