La chaleur et le froid ont des conséquences sur notre corps, notamment sur notre système cardiovasculaire, qui peuvent mettre en danger la santé. Explications.
L’année 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France, alors que l’hiver en Amérique du Nord a été extrêmement froid, avec des températures glaciales pouvant atteindre jusqu’à -55 °C. Un contraste qui met en exergue à quel point le changement climatique pourrait nous exposer à des températures de plus en plus extrêmes. Ces chaleurs ou froids excessifs peuvent avoir des conséquences graves sur la santé, illustrées par les 15.000 décès supplémentaires causés par la canicule de 2003. Certes, la grande majorité de ces victimes étaient des personnes âgées, mais deux études récentes montrent que les vagues de froid ou de chaleur ont un impact physiologique même chez les jeunes adultes en bonne santé.
Les effets de la canicule sur notre corps
La première étude, publiée le 21 novembre 2022 dans la revue Scientific Reports, a analysé les effets de la canicule en reproduisant des conditions caniculaires dans un laboratoire. Sept hommes âgés de 21 ans en moyenne y ont passé 9 jours : durant les trois premiers jours, la température était représentative des conditions climatiques normales d’été en Europe centrale (25 °C durant la journée et 22 °C durant la nuit) ; pendant les trois jours suivants, il y a eu une hausse du thermostat (35 °C le jour et 26 °C la nuit), similaire à celle observée durant des canicules en Slovénie, où l’étude a eu lieu ; les trois derniers jours, les températures sont revenues à celles du début de l’expérience. L’humidité est restée stable à 45 % tout le long de l’étude. Pendant la journée, les participants étaient habillés en bleu de travail et devaient faire des activités imitant la charge de travail normale pour les travailleurs dans le secteur industriel, et la pause déjeuner se passait à des températures comparables à celles d’une cafétéria climatisée (25 °C).
Un impact cardiovasculaire prolongé
La température de la peau des participants était de 33,5 °C durant les premiers jours, puis elle est montée à 33,9 °C durant les trois jours de canicule. La température corporelle a augmenté aussi, mais seulement de 0,2 °C (37,2 °C à 37,4 °C). Cela a entraîné la hausse de la circulation sanguine de la peau grâce à une augmentation du débit cardiaque et la dilatation des vaisseaux sanguins, un effet adaptatif du corps qui cherche à évacuer la chaleur de l’intérieur du corps pour éviter une surchauffe des organes internes. Mais qui représente un effort supplémentaire pour le cœur.
Ce qui est étonnant est que cette hausse du flux sanguin dans la peau continuait même après la fin de la canicule. « Ces réponses reflètent le stress que subit le système cardiovasculaire des ouvriers durant les vagues de chaleur, ce qui peut entrainer des pathologies liées à la chaleur, des évanouissements, voire la mort causée par des accidents ou des complications de santé chez ceux souffrant de maladies cardiovasculaires », explique Justin Lawley, expert en physiologie à l’Université d’Innsbruck (Autriche) et coauteur de l’étude, dans un communiqué. Un stress cardiovasculaire qui survient même après de courtes périodes de canicule, comme le montre cette étude, et qui peut poursuivre après la fin de la vague de chaleur.
L’hiver au bout d’un ventilateur
Pour la deuxième étude, publiée le 7 octobre 2022 dans la revue Experimental physiology par la même équipe, 34 participants d’environ 28 ans (dont 12 femmes) ont subi un refroidissement soudain, mais court. Habillés en shorts (et bustiers sportifs pour les femmes), ils ont été exposés à un ventilateur soufflant un air froid (d’environ 10 °C) pour faire baisser la température de leur peau de 33 à 27 °C. À l’inverse de la chaleur, ce refroidissement entrainait une contraction des vaisseaux sanguins (principalement de la peau, mais aussi des muscles squelettiques), augmentant la pression sanguine. Cette hypertension était aussi observée quand seul le visage était refroidi, ce qui entrainait aussi une contraction vasculaire de toute la peau (mais pas des muscles).
L’impact du refroidissement est donc visible même après une baisse réduite et courte, mais elle dépend donc de la partie du corps qui subit la baisse de température. « Il n’est pas nécessaire d’atteindre des températures au-dessous de 0 °C pour causer des réactions importantes dans le corps, ce qui pourrait devenir fréquent pour beaucoup de personnes qui ne pourront pas chauffer leurs maisons à cause de la crise énergétique, résume Justin Lawley. Les gens savent qu’ils doivent couvrir la peau de leurs corps, bras et jambes, mais nous montrons que protéger le visage du froid serait aussi important, même dans des froids légers. »
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