Maladie d’Alzheimer : découverte d’un biomarqueur sanguin prometteur pour le diagnostic précoce

L’augmentation de la concentration de la protéine sanguine GFAP pourrait être un indicateur précoce de la survenue de la maladie d’Alzheimer, suggère une étude suédoise.

La maladie d’Alzheimer, causée par la dégénérescence des neurones du cerveau, se traduit par des pertes de mémoires épisodiques et des troubles de la motricité. Cependant, lors de l’apparition des premiers symptômes, les lésions cérébrales à l’origine de cette maladie sont d’ores et déjà présentes depuis des années dans les tissus ! Bien que les connaissances scientifiques à propos de cette maladie ne cessent d’évoluer, une question reste encore sans réponse : est-il possible de diagnostiquer cette maladie avant que les premiers symptômes apparaissent ?

Des individus qui ont 50% de risque de développer la maladie
Une équipe de chercheurs spécialisée dans la maladie d’Alzheimer familiale (lire l’encadré ci-dessous) a identifié un biomarqueur protéique, la protéine GFAP, qui pourrait jouer le rôle d’indicateur précoce de la maladie. L’étude suédoise, menée au sein du Karolinska Institutet, en collaboration avec Landspitali University Hospital (Islande), l’Université de Göteborg (Suède) et l’Université College de Londres (Royaume-Uni), a publié ses premiers résultats dans la revue Brain le 11 janvier 2023. La présence de cette protéine, ainsi que d’autres biomarqueurs à d’importantes concentrations dans le sang, pourrait prévenir l’apparition de la maladie des dizaines d’années avant que les premiers symptômes ne surviennent.

La maladie d’Alzheimer « familiale » ou autosomique dominante, est dite héréditaire car elle est d’origine génétique. Lorsque l’un des parents est porteur d’une mutation défectueuse sur les gènes PSEN1 ou PSEN2, les enfants ont 50% de risque de développer la maladie. Cependant, lorsqu’elle n’est pas héréditaire, la maladie d’Alzheimer est dite sporadique : c’est-à-dire qu’elle est due à une combinaison complexe de nos gènes, de notre environnement et de notre style de vie. Le facteur de risque le plus important de la maladie d’Alzheimer sporadique reste le vieillissement.

Un changement de concentration protéique dans le sang des dizaines d’années avant l’apparition de la maladie
Ce sont 164 échantillons de plasma sanguin collectés entre 1994 et 2018 à intervalles réguliers chez 75 participants qui ont été analysés au peigne fin avec un panel de biomarqueurs connus pour être impliqués dans le processus de la maladie. Les participants de l’étude possèdent tous dans leur famille au moins un cas d’Alzheimer familial, et sont donc possiblement porteurs de la mutation délétère sur le gène PSEN1 ou PSEN2.

« Le premier changement que nous avons observé était une augmentation de la GFAP (protéine acide fibrillaire gliale, ndlr) environ dix ans avant les premiers symptômes de la maladie », explique l’une des auteurs de l’étude, Caroline Graff, professeure au département de neurobiologie du Karolinska Institutet. « Ce phénomène a été suivi d’une augmentation des concentrations de la protéine P-tau181 et, plus tard, de la protéine NFL (neurofilament à chaîne légère, ndlr), dont nous savons déjà qu’elles sont directement associées à l’étendue des dommages neuronaux dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer. Cette découverte concernant la GFAP augmente les chances d’un diagnostic précoce. »

Un modèle d’étude pour comprendre la maladie
La maladie d’Alzheimer familiale touche environ 1% des cas et l’apparition des symptômes et beaucoup plus précoce (avant 65 ans) que dans le cas d’un Alzheimer sporadique. Cependant, les symptômes des deux maladies sont similaires ainsi que les lésions cérébrales à l’origine de la dégénérescence neurologique. « Dans la recherche, les familles atteintes de la maladie d’Alzheimer ont été considérées comme un « modèle » possible pour la maladie d’Alzheimer sporadique », précise à Sciences et Avenir Caroline Graff. Les résultats des études sur la maladie d’Alzheimer familiale peuvent également être très utiles pour générer de nouvelles hypothèses, étant donné qu’il est très difficile de repérer les personnes au stade présymptomatique dans la maladie d’Alzheimer sporadique ».

Une chose est sûre pour les auteurs de ces travaux : connaître la concentration sanguine des biomarqueurs associés à la maladie à un stade précoce est essentiel pour l’avancée de la recherche. « Si la protéine GFAP peut signaler très tôt qu’il y a une sorte de réactivité indésirable dans le cerveau, nous avons une plus grande fenêtre d’opportunité pour commencer un traitement ou pour surveiller le développement de la maladie », conclut la chercheuse.

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