Des fruits du palmier à huile récoltés et conservés dans une palmeraie de Sumatra en Indonésie, avant d’être transformés.
L’Indonésie multiplie les mesures de restrictions à l’exportation d’huile de palme. Mais ces mesures du numéro 1 mondial ne font pas sourciller le marché pour l’instant.
C’est une année 2023 contraignante qui s’annonce pour la filière indonésienne. Depuis le 1er janvier, les producteurs sont soumis à de nouvelles restrictions : ils ne peuvent pas exporter plus de six fois le volume qu’ils vendent sur le marché local, contre huit auparavant.
À partir du 1er février, le pays imposera également un nouveau pourcentage de dérivé d’huile de palme dans le biodiésel : 35% au lieu de 30% l’année dernière, ce qui devrait capter deux millions de tonnes d’huile en plus, selon l’Association indonésienne des producteurs de Biofuel.
Une production indonésienne rassurante
Ces deux mesures vont, de fait, limiter les exportations. Mais pour l’heure, le marché de Kuala Lumpur, référent dans le secteur, ne sourcille guère.
D’une part, la diminution des exportations indonésiennes qui se profile est à relativiser puisqu’elle s’appliquera, via un pourcentage pris sur une production qui reste très bonne -50,82 millions de tonnes en 2023, selon le GAPKI, l’association indonésienne des producteurs. Elle sera aussi compensée par une baisse de la demande en Europe puisque l’UE a décidé d’éliminer progressivement l’huile de palme du biodiesel européen.
Enfin, le marché est probablement rassuré par les bonnes nouvelles du côté des autres huiles végétales. « Elles sont globalement interchangeables et le marché doit donc se regarder dans son ensemble », explique Antoine de Gasquet courtier chez Baillon-Intercor. Et dans l’ensemble justement, la production est bonne, ajoute l’expert, que ce soit celle de soja au Brésil ou au Paraguay, celles de colza au Canada et en Australie, ou même celles de tournesol malgré la guerre en Ukraine, il y aura de quoi compenser les défauts de production qui s’annoncent notamment en Argentine.
Une demande difficile à cerner
Le marché semble donc pour l’heure s’auto-équilibrer, le biodiesel venant équilibrer le marché des huiles végétales. Le tout dans un contexte de demande incertaine : les achats indiens d’huile de palme ont certes bondi en décembre dernier – +94% par rapport à décembre 2021 –, mais les craintes de récession sont toujours aussi présentes.
rfi