Alors que la désignation du président de la COP28 qui se tiendra à Dubaï fait polémique, l’une des questions importantes abordées à la COP27 à Charm El-Cheikh est le marché des crédits carbone. L’article 6 devait y être discuté afin de réglementer clairement le secteur alors que parallèlement les marchés volontaires se développent.
« Très bientôt, vous pourrez acheter des crédits carbones souverains gabonais certifiés REDD+ des Nations unies. Ce sont de loin les meilleurs sur le marché ». Le Gabon est fier de la certification récente par les Nations unies de 187 millions de tonnes de crédits carbone. Lee White, le ministre gabonais des Eaux et Forêts, s’exprimait à la COP27 devant un parterre de potentiels investisseurs. Il travaille sur ce dossier des crédits carbones depuis des années.
« Si nous voulons faire en sorte que le marché du carbone forestier soit pertinent dans la lutte contre le changement climatique – parce que le marché volontaire actuel concerne seulement une infime quantité de CO2, il n’a aucune influence sur le changement climatique – nous devons passer à des ordres de grandeur plus élevés, affirme le ministre gabonais. Et la seule façon de le faire, c’est via les crédits carbone souverains. Je pense que les marchés volontaires ont un rôle à jouer, s’ils sont imbriqués dans les bases de données nationales des crédits carbone souverains. »
Pour Patrice Lefeu, responsable de la finance climat pour le cabinet de conseil EY, la priorité est de gagner la confiance des marchés. « Le système carbone est comme le système financier : il doit avoir des règles qui rassurent tout le monde sur le fait qu’on ait un seul système comptable mondial des crédits carbone, qu’on ait une traçabilité totale de ces crédits, de façon à ce que chacun puisse avoir confiance dans ce qu’il achète où ce qu’il vend. »
Une myriade d’annonces… Très peu d’avancées
Mais à Charm El-Cheikh chacun y est allé de son annonce. « Alors que les négociations sur les marchés carbone de l’Accord de Paris avançaient très lentement, en parallèle, nous avons eu beaucoup d’annonces entre cette initiative africaine de marché carbone, rapporte Myrto Tilianaki, spécialiste des questions crédits carbone de l’ONG CCFD-Terre Solidaire : John Kerry, l’envoyé spécial des États-Unis pour le climat, qui promet la création d’un nouveau marché carbone volontaire encore pour financer la transition énergétique dans les pays du Sud ; le président français qui a également parlé de crédit de biodiversité…
Et il s’agit vraiment d’annonces qui manquent en quelque sorte de légitimité puisque derrière, nous n’avons pas les détails de la mise en œuvre du fonctionnement de ces marchés. »
Sur recommandation de la société civile, l’article 6 de l’Accord de Paris, présenté comme une solution pour le financement de la transition énergétique des États, devra être retravaillé lors de la COP28 afin de déterminer des cadres précis et robustes pour les marchés souverains.
RFI