Une éruption dévastatrice menace la Méditerranée

Ne vous fiez pas aux apparences, la mer Méditerranée bouge plus qu’il n’y paraît. Une étude révèle qu’un volcan sous-marin est en train d’accumuler une importante réserve de magma. Elle pourrait donner lieu à une éruption massive et dévastatrice.

Réputée pour son calme et ses eaux bleues, la mer Méditerranée cache bien son jeu. Véritable puzzle tectonique, la grande bleue compte de nombreux volcans et est surveillée de près. À la limite entre deux plaques, elle connaît une activité sismique importante, en particulier du côté de sa partie Est. L’éruption minoenne, la violente éruption du volcan de Santorin, a d’ailleurs bousculé le cours de l’histoire.

Près de cette île, on trouve notamment un volcan sous-marin appelé Kolumbo. Ce dernier fait l’objet d’une surveillance accrue de la part des scientifiques, car il est considéré comme l’un des volcans sous-marins les plus actifs au monde. Il serait d’ailleurs le plus actif de la Méditerranée, alors que sa dernière éruption remonte à l’an 1650. Une étude publiée par la revue Geochemistry, Geophysics, Geosystems, révèle que la chambre magmatique – jusqu’alors non détectée – est en train de se remplir de magma. Le volume serait d’ailleurs proche d’atteindre celui qui aurait provoqué la fameuse éruption en 1650.

L’accroissement de la quantité de magma fait craindre une nouvelle éruption d’ici 150 ans. En effet, l’auteur de l’étude Kajetan Chrapkiewicz, géophysicien à l’Imperial College London, précise que le volume de magma pourrait atteindre environ 2 km³ dans les 150 prochaines années. C’est la quantité estimée de magma que Kolumbo a rejeté il y a près de 400 ans. Le réservoir magmatique, situé sous le volcan, atteindrait aujourd’hui les 1,4 km³.

La Méditerranée vit sous la menace d’une éruption dévastatrice
Pour l’heure, il est toutefois impossible de savoir avec précision quand le Kolumbo entrera en éruption. Les chercheurs alertent sur la dangerosité des éruptions explosives de Kolumbo, mais indiquent que le danger « ne semble pas imminent ». Une éruption pourrait notamment produire un tsunami, ou encore d’importantes retombées de cendres.

L’étude montre combien il est important de surveiller de près ces volcans sous-marins, car il est possible de prévoir – dans une certaine mesure – les éruptions volcaniques. Cependant, les experts doivent disposer de suffisamment de données sur le mouvement du magma sous le volcan.

Santorini Kolumbo
Le magma s’accumule dans des réservoirs magmatiques peu profonds sous le volcan Kolumbo et la caldeira de Santorin par l’intermédiaire de dykes qui acheminent le magma vers la surface depuis l’endroit où il s’est formé, dans les profondeurs de la croûte terrestre. © Nia Schamuells et Michele Paulatto

Aujourd’hui, ces volcans sous-marins ne sont pas aussi bien surveillés que leurs homologues émergés. En effet, les différents instruments de surveillances tels que les sismomètres fond de mer sont plus difficiles à mettre en place. De ce fait, ils sont moins nombreux et les scientifiques disposent de moins de données sur ces volcans pourtant dangereux. Pour y remédier, une équipe de scientifiques travaille depuis quelques années sur le projet SANTORY.

Dans le cas de Kolumbo, les chercheurs ont contourné le problème en essayant une technique différente, comme le précise Live Sicence. Cette méthode appelée inversion des formes d’ondes complètes est « similaire à une échographique médicale », indique Michele Paulatto, co-auteur de l’étude et volcanologue à l’Imperial College de Londres. « Elle utilise des ondes sonores pour construire une image de la structure souterraine d’un volcan », ajoute-t-il.

Futura

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