Souveraineté du Burkina Faso : Le président Ibrahim Traoré appelle la jeunesse estudiantine à rester en veille

C’est un entretien sans langue de bois entre le président de la transition Ibrahim Traoré et les étudiants burkinabè, qui a eu lieu dans l’après-midi du mardi 17 janvier 2023 à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.

Il est environ 15h30 quand le chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, fait son entrée dans l’une des deux salles aménagées pour sa rencontre avec les étudiants. Il est accueilli par de vives acclamations de l’amphithéâtre H jusqu’à l’amphithéâtre J. Et simultanément, les jeunes scandent haut et fort « IB ! IB ! IB ! » jusqu’à ce qu’il s’installe.

Dans la salle où prend place le président de la Transition, se trouve une délégation du gouvernement qui l’accompagne pour la circonstance. L’on pouvait apercevoir, notamment le ministre en charge de l’enseignement supérieur, Pr Adjima Thiombiano, le ministre en charge de la transition digitale, Aminata Zerbo/Sabane, le ministre en charge de la santé, Jean Claude Kargougou et Emmanuel Ouédraogo, ministre en charge de la communication.

Quelques membres du gouvernement présents aux rencontres du chef de l’État Ibrahim Traoré, à l’université Joseph Ki-Zerbo

Avant toute chose, le capitaine Traoré invite l’assistance à observer une minute de silence en hommage aux victimes de la crise sécuritaire. Et cette crise sécuritaire fera en effet l’objet de cette rencontre. Bien avant de passer la parole aux étudiants, le président Traoré livre un discours, long de plus d’une quinzaine de minutes. « Il y avait donc lieu que nous puissions échanger à bâtons rompus et que l’on puisse se donner une ligne de conduite pour la suite de la Transition », a-t-il introduit.

Une vision de désengorger les universités

C’est donc conscient des innombrables problèmes que connaissent les universités au Burkina Faso, que le président a annoncé une réforme du système éducatif. Cette réforme vise notamment le contenu et l’organisation des cours à dispenser, mais aussi à répondre à la question du chômage des jeunes par l’administration de cours professionnels dès le secondaire.

Quelques membres du gouvernement présents aux rencontres du chef de l’État Ibrahim Traoré, à l’université Joseph Ki-Zerbo

Cela, de sorte que des bacheliers puissent être injectés dans la vie active et que les études à l’université ne soient plus une contrainte, mais plutôt une option. Toute chose qui permettrait de désengorger les universités.

Si Ibrahim Traoré a dit être conscient de l’impossibilité de résoudre tous les problèmes durant la période de transition, il a cependant indiqué qu’ils essayeront de jeter les bases.

« Nous allons essayer d’enclencher le maximum de chantiers afin que ceux qui vont nous remplacer puissent offrir à nos universités tout ce qui leur faut pour rayonner ».

« L’ensemble des étudiants du Centre universitaire de Dori souhaitent reprendre les cours le plus rapidement possible », le délégué général Alexandre Sawadogo

La tolérance et la non-violence prônées par Ibrahim Traoré

Sur le plan sécuritaire, le capitaine Traoré a souligné que : « la vocation de cette guerre que nous menons n’est pas de tuer ». Il a par ailleurs indiqué que tous ceux-là qui auront compris sa vision en déposant les armes pour rallier son camp bénéficieront d’un traitement particulier.

Quant aux autres, qui ne leur laisseront pas le choix, Ibrahim Traoré a affirmé ceci : « on est obligé de combattre le feu par le feu ».

Bien qu’ayant reconnu que la situation sécuritaire est due à la mal gouvernance qui a engendré des frustrations au sein de certaines communautés délaissées par l’État, le président a regretté que ces dernières en soient venues à prendre les armes pour s’exprimer.

Le chef suprême des armées, Ibrahim Traoré a rassuré les étudiants venus des universités de Dori, de Fada et Ouahigouya que des actions seront menées pour leur permettre de suivre les cours en toute quiétude

 

Cependant, interpellation est faite aux jeunes étudiants, fer de lance de la société, de se départir des manipulations et incitations à la haine contre une quelconque communauté et de jouer la carte de la tolérance et de la solidarité.

Les étudiants ont posé leurs différentes préoccupations au chef de l’État qui ont toutes trouvé leurs réponses sans le moindre détour. C’est ainsi que lui est demandé quelle est sa plus grande peur ?

Les étudiants qui réagissaient depuis l’amphithéâtre H par visio conférence

« Ma plus grande peur… »

« Ma plus grande peur est celle de trahir un jour ma patrie », a-t-il réagi. Pour Ibrahim Traoré, la principale cause de trahison dans tous les domaines de la vie est l’argent, autrement dit, le nerf de la guerre. En ce sens, le capitaine Traoré a confié que sa prière quotidienne est de ne jamais tomber dans « cette bassesse » des hommes qui sont prêts à tout pour de l’argent.

Dans cette dynamique, le président Traoré a invité les jeunes à toujours mettre en avant les intérêts supérieurs de la nation et à ne pas se fondre dans la masse des égoïstes. « Sentant que nous sommes en voie de gagner cette lutte, subitement la question ethnique a commencé à se poser. N’entrez pas dans leur jeu », conseille-t-il à ses interlocuteurs.

« Nous ne voulons pas vous engager à priori à prendre des kalachnikov pour défendre la patrie, mais plutôt vous engager à les fabriquer », la réponse d’Ibrahim Traoré aux étudiants souhaitant devenir des VDP

La réduction du nombre des partis politiques

Le chef de l’État burkinabè s’est également appesanti sur l’épineuse question de la croissance exponentielle des partis politiques. « Nous allons élaborer des textes pour réduire le nombre croissant de partis politiques avec le concours des acteurs », a-t-il annoncé.

Pendant sa conversation avec les étudiants, le président de la transition a affirmé qu’une réforme globale de la politique burkinabè était en cours. « Si nous ne le faisons pas, c’est que cela ne va jamais se faire », mentionne-t-il.

Pour le capitaine Traoré, il n’y a pas mille voies différentes pour développer le Burkina Faso, il n’y a que de nombreux programmes qui se rejoignent.

C’est donc le lieu pour les chefs de partis de s’unir pour élaborer un seul programme de développement qui réponde aux aspirations du peuple, selon le président Traoré. Ce qui va constituer dit-il, l’élément déclencheur de la cohésion et de l’union des Burkinabè.

« Restez en veille car la souveraineté est une lutte de longue haleine », prévient Ibrahim Traoré

Pour ce faire, la Primature va bientôt organiser un cadre de concertation sur les réformes de la politique burkinabè, laisse entendre Ibrahim Traoré.

Au bout d’environ deux heures d’horloge d’échanges fructueux, la rencontre a été interrompue par le maître de cérémonie qui citait Ecclésiaste 3 verset 1 : « Il y a un temps pour toutes choses… ». Quand bien même ce rendez-vous des autorités avec les futurs dirigeants du pays n’aura pas duré comme l’aurait souhaité ces jeunes, ils ont tous unanimement apprécié le sens de la sincérité et le franc-parler de leur interlocuteur du jour.

Au grand dehors, un monde fou attendait ne pouvant plus s’introduire dans les deux salles qui étaient quasiment pleine. Avant la rencontre avec les étudiants, le président avait eu un tête à tête avec les acteurs universitaires (enseignants, enseignants-chercheurs…).

Lefaso

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