« En place » sur Netflix : à quand un président de la République noir en France ?

Après « Tout simplement noir », Jean-Pascal Zadi s’imagine en candidat à la présidentielle face à Marina Foïs dans une série en six épisodes sur Netflix qui n’est pas que drôle.

Un président de la République noir en France ? Même la fiction n’avait encore jamais osé l’imaginer. Jusqu’à la série En place de Jean-Pascal Zadi, disponible sur Netflix depuis ce vendredi 20 janvier sous la forme d’une comédie grinçante en 6 épisodes de 30 minutes, sorte de cocktail de Baron Noir et House of Cards dopé au LSD.

Jean-Pascal Zadi, réalisateur et scénariste, y incarne Stéphane Blé, un éducateur de banlieue parisienne qui se retrouve un peu par accident au second tour de la présidentielle avec pour mesure phare « mangez bien, pour rien », face à la candidate éco-féministe Corinne Douanier (Marina Foïs). Éric Judor lui joue William, le spin doctor forcément mal intentionné, et Benoît Poelvoorde le vieux routier de la politique et favori qui se fait rapidement dépasser. Fadily Camara, Fary, Panayotis Pascot et Pierre-Emmanuel Barré complètent ce casting impeccable.

Zadi veut « ouvrir les horizons »
Le rythme est rapide, les références nombreuses et les vannes « parfois débiles, parfois très malines » bien senties et fidèles au ton de Jean-Pascal Zadi, dans cette comédie qui fait figure de pionnière dans la fiction française en imaginant un candidat noir et une femme au second tour de présidentielle. Même si ce n’est pas franchement ce que voudrait qu’on retienne avant tout son auteur.

« Quand j’ai commencé à écrire la série, je ne me projetais pas sur ’est-ce que ça a déjà été fait ou non’. Le point de départ, c’était de raconter le message suivant : on n’est pas assigné à un endroit, il faut oser dans la vie et ouvrir les horizons », nous explique-t-il dans une interview vidéo à découvrir en tête de cet article.

Pas franchement fan de séries politiques comme son acolyte Éric Judor, le réalisateur dit avoir à peine regardé une ou deux saisons de House of Cards avant d’arrêter, un peu « dégoûté » par cette série « trop sombre ». Mais celui à qui l’on doit déjà le long-métrage Tout simplement noir – pour lequel il avait obtenu le César du meilleur espoir masculin en 2021 – est par contre convaincu de l’importance des représentations dans les séries ou dans la réalité pour faire avancer les choses.

L’importance des « nouveaux modèles »
« Les représentations, au-delà même de la série, c’est hyper important. Je suis convaincu que la société évolue, que les choses changent, et en politique aussi », poursuit-il. « Je ne sais pas si ce sera dans 4 ans, ou dans 10 à 15 ans, mais je pense que bientôt en France on aura sûrement un candidat qui ne sera pas issu d’un parti politique, et peut-être d’une minorité, qui arrivera au second tour et qui peut-être sera président ».

Aux États-Unis, les films The Man (1972), Deep Impact (1998) ou la série 24h Chrono (2002 à 2004) avaient mis en scène un président noir bien avant l’élection de Barack Obama. Et pour certains chercheurs qui ont travaillé sur la question, ces représentations ont infusé sur la société américaine jusqu’au vote en faveur du candidat républicain originaire de Hawaï. « Ça a diffusé inconsciemment aux gens l’idée qu’un président noir, c’était possible. Ils le visualisaient », évoque Éric Judor.

À quand la même chose en France ? Jean-Pascal Zadi est convaincu que « ça va finir par arriver. Je ne dis pas que ce sera grâce à la série, mais le fait d’avoir des représentations, des images nouvelles, de nouveaux modèles, ça permettra à ce gars-là ou cette femme-là d’oser ». Même si Éric Judor est, lui, un peu moins optimiste : « On est en France, pas aux États-Unis. Ils ont eu Ronald Reagan, un acteur de western. C’est comme si on avait eu Lino Ventura… En France, ils sont tous issus d’un parti politique et à mon avis ça restera à jamais comme ça dans la vieille Europe ».

huffingtonpost

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