L’équipe flamande, représentante de six villages, affronte le PSG, ce soir (20 h 45) devant plus de 37 000 personnes, à Bollaert. La Flandre s’est laissée emporter par cette aventure de footballeurs amateurs évoluant au 6e niveau. Le match d’une vie.
À quoi vont-ils penser en parcourant les derniers mètres vers la pelouse de Bollaert et l’enthousiasme de tout un stade ? Clément Boudjema : « Je vais penser à ma famille. Mes parents (Christian et Muriel). Ça a été mes premiers supporters, mes grands-parents aussi. Je pense que ce seront les gens les plus heureux sur terre, à ce moment-là. »
Son équipier Corentin Rapaille (22 ans) va droit au but. « C’est le match d’une vie. Peu de joueurs, surtout dans le monde amateur, joueront le PSG une fois. » A fortiori dans ces circonstances. Wasquehal (0-1), Feignies-Aulnoye (0-3) ou Arras (3-4) ont déjà eu le bonheur de se frotter au club parisien version Qatar, en Coupe de France, mais il n’y avait jamais eu 5 divisions d’écart entre le club nordiste et les stars du PSG, au coup d’envoi. Ni autant de monde dans le stade. Si on aime les histoires de petit poucet et d’ogre, on est servi avec ce Cassel – PSG. Et plutôt deux fois qu’une !
« Ça ne va pas être facile de ne pas être distrait par le gars à côté de toi »
Les Flamands vont disputer un match dont on se permet seulement de rêver, d’ordinaire, en R1. Ils se sont offert ce bonheur en passant 8 tours déjà ! C’est un privilège à honorer dans un stade où seulement quelques centaines de places n’ont pas encore trouvé preneurs. Premières difficultés, avant celles du terrain : gérer des émotions XXL inconnues.
Il faut espérer que ce (grand) jour n’ait pas trop habité les nuits casseloises. « On en a parlé entre nous. On n’a jamais vécu ça. Les 5-10 premières minutes vont être impressionnantes pour nous », estime Clément Boudjema alors que Corentin Rapaille sourit en imaginant la scène du tunnel menant au terrain. « J’ai toujours la même préparation d’avant-match. Là, je sais que ça ne va pas être facile de ne pas être distrait par le gars à côté de toi, si c’est Mbappé ou Neymar…»
La fête de la Flandre, avec les géants
Les Nordistes vont basculer dans un stade immense, la ferveur d’un public et un espace-temps différent, parce que les joueurs de Paris font tout, plus vite et mieux. Pays de Cassel s’est promis de faire ce qu’il a réussi magnifiquement aux tours précédents : jouer, créer et tenter, du moins quand le PSG lui en laissera l’occasion. « Dans tous les cas, la fête sera réussie, sauf si on prend une valise. Par rapport à tout ce qu’on a préparé, tout ce qu’on a fait, ça ne peut qu’être bien, sauf si on en prend 10 », explique Gabriel Bogaert, le coordinateur sportif.
Pour Pays de Cassel et la Flandre, ce match est un joli prétexte pour faire la fête, montrer l’identité et la fierté d’un territoire, niché au cœur de notre région et peu présent d’ordinaire sur la scène sportive.
Cette rencontre va constituer l’apogée d’une carrière de footballeur amateur de bon niveau, où le foot mord sur le temps passé en famille. « Pour nos femmes, ce sont beaucoup de sacrifices aussi. Les anniversaires que j’ai ratés, les baptêmes. Le seul match que j’ai raté, hormis blessure et suspension, c’est le jour de mon mariage…. Ce sont beaucoup de sacrifices, ça paie », sourit Dimitri Santrain (34 ans), conseiller patrimonial, la semaine, futur millionnaire en souvenir, ce soir.
Alors, à quoi penser ? C’est un soir à ne pas penser. Juste à donner le meilleur de soi et à profiter.
lavoixdunord