Retrait des troupes françaises : Emmanuel Macron attend « des clarifications » du Burkina Faso

Le président français Emmanuel Macron a réclamé dimanche « des clarifications » de Ouagadougou sur une éventuelle demande de départ des troupes françaises présentes au Burkina Faso, attendant notamment que le président de transition, Ibrahim Traoré, « puisse s’exprimer ».

Dimanche 22 janvier, le président français Emmanuel Macron a dit attendre « des clarifications » de la part du Burkina Faso sur une éventuelle demande de départ des troupes françaises stationnées dans le pays dans un délai d’un mois.

Évoquant une « grande confusion », il a expliqué lors d’une conférence de presse à Paris vouloir attendre que le président de transition du Burkina, Ibrahim Traoré, « puisse s’exprimer », appelant à « garder beaucoup de prudence » sur le sujet.

Une source proche du gouvernement burkinabè avait affirmé samedi à l’AFP que Ouagadougou a demandé « le départ des soldats français dans un bref délai », confirmant des informations de l’Agence d’information burkinabè (AIB).

Dimanche soir, cette décision semblait confirmée par un document officiel transmis à l’AFP. Dans un courrier du ministère burkinabè des Affaires étrangères adressé à Paris et daté de mercredi, Ouagadougou « dénonce et met fin dans son entièreté à l’accord » du 17 décembre 2018 « relatif au statut des forces armées françaises intervenant » dans le pays sahélien.

Contingent de près de 400 forces spéciales
Le Burkina héberge actuellement un contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre. « Au regard du délai de préavis d’un mois imposé par ledit accord en cas de dénonciation, le ministère burkinabè des Affaires étrangères apprécierait qu’une diligence particulière soit accordée à la présente dès réception », précise le document.

La source diplomatique burkinabè n’était pas en mesure de confirmer dimanche si Paris avait accusé réception de ce courrier. Interrogée, la présidence française a indiqué qu’elle attendait une confirmation de la position burkinabé au « plus haut niveau ».

La France, ex-puissance coloniale, est contestée au Burkina Faso depuis plusieurs mois. En décembre, les autorités burkinabè avaient demandé à Paris le remplacement de l’ambassadeur de France à Ouagadougou, Luc Hallade, dans leur collimateur pour notamment avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.

Plusieurs manifestations, la dernière vendredi, ont également eu lieu à Ouagadougou pour exiger notamment le retrait des forces françaises du pays.

Rapprochement avec Moscou
Le 10 janvier, Paris avait dépêché la secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou pour y rencontrer le président de transition. « La France n’impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble », a-t-elle martelé, assurant ne vouloir « influencer aucun choix, ni aucune décision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina ».

Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d’un putsch, le deuxième en huit mois, le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats, notamment en matière de lutte contre le jihadisme, qui mine ce pays depuis 2015.

Parmi les nouveaux partenaires envisagés par Ouagadougou, la question d’un éventuel rapprochement avec la Russie est régulièrement évoquée. « La Russie est un choix de raison dans cette dynamique », et « nous pensons que notre partenariat doit se renforcer », a souligné la semaine dernière le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tembela, à l’issue d’une entrevue avec l’ambassadeur de Russie, Alexey Saltykov. Début décembre, il avait fait une visite discrète à Moscou.

AFP

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