Les États-Unis désignent le groupe russe Wagner comme une organisation criminelle

Les États-Unis ont désigné, vendredi, le groupe paramilitaire Wagner comme une organisation criminelle, Washington dénonçant « les atrocités » et « les abus de droits humains » commis par les miliciens russes déployés en Ukraine et dans plusieurs pays africains ainsi que ses liens avec la Corée du Nord.

Wagner dans le viseur de Washington. Les États-Unis ont désigné, vendredi 20 janvier, le groupe paramilitaire russe Wagner comme une organisation criminelle internationale, dénonçant ses abus commis en Ukraine, son recours aux armes livrées par la Corée du Nord et son recrutement massif de détenus.

« Wagner est une organisation criminelle qui commet de vastes atrocités et abus de droits humains », a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.

« Nous continuons de considérer que le groupe Wagner dispose actuellement de quelque 50 000 personnes déployées en Ukraine dont 10 000 mercenaires et 40 000 prisonniers » à tel point que cela suscite les « réserves » du ministère russe de la Défense sur ses « méthodes de recrutement », a-t-il dit.

Le responsable a annoncé que Washington prendrait d’autres sanctions prochainement contre le groupe Wagner, dans la foulée de la désignation, vendredi, du groupe comme organisation criminelle à l’image de la Mafia ou d’autres organisations liées au crime organisé, comme les yakuzas.

Des liens avec la Corée du Nord
Il a également montré à la presse des images satellites prises par le renseignement américain de supposés wagons russes quittant la Russie à destination de Corée du Nord puis revenant sur le territoire russe avec des équipements militaires, dont des roquettes pour le groupe Wagner en Ukraine.

Les images ont été prises les 18 et 19 novembre, a-t-il précisé, en ajoutant que les États-Unis avaient transmis ces informations au Conseil de sécurité de l’ONU dans le cadre des sanctions visant Pyongyang.

Le groupe paramilitaire est dirigé par Evguéni Prigojine, un homme d’affaires russe de 61 ans proche du président Vladimir Poutine, et il est très actif dans la bataille acharnée pour la prise de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine.

Il opère ailleurs dans le monde et notamment en Afrique.

« Nous travaillerons sans relâche pour identifier, exposer et viser tous ceux qui assistent Wagner », a encore affirmé John Kirby.

Selon Washington, le groupe monte en puissance et rivalise désormais avec les forces russes.

Rivalité avec l’armée russe
« Nous avons des informations des services de renseignement selon lesquelles les tensions entre Wagner et le ministère de la Défense s’aggravent », a-t-il souligné.

« Wagner devient un centre de pouvoir rivalisant avec l’armée russe et d’autres ministères russes », a indiqué le responsable américain pour qui « Prigojine avance ses propres intérêts en Ukraine ».

« Wagner prend des décisions militaires sur la base globalement de ce qu’elles généreront de favorables pour lui notamment en termes de publicité », a-t-il ajouté.

Les divisions entre l’armée russe et le groupe Wagner, relevées par de nombreux observateurs, ont éclaté au grand jour lors de la bataille pour la petite ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine.

Lorsque monsieur Prigojine a revendiqué la prise de Soledar, il a rapidement été contredit par le ministère russe de la Défense, qui a lui-même annoncé la prise de la ville deux jours plus tard, ce que Kiev a démenti.

Depuis l’été dernier, les troupes de Wagner et l’armée russe tentent de s’emparer de Bakhmout, cette ville de la région de Donetsk (est) ayant un intérêt stratégique contestable mais qui a acquis un grand poids symbolique.

Le Kremlin a cependant nié toute tension entre l’armée russe et le groupe paramilitaire, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, parlant de « manipulation ».

Le groupe Wagner, fondé en 2014, a recruté des milliers de détenus pour combattre en Ukraine en échange de réductions de peine. Autrefois discret, Evguéni Prigojine s’est imposé comme un acteur majeur du conflit en Ukraine.

 AFP

You may like