Faux avis Google : la France a trouvé une solution radicale

Les faux avis en ligne pourraient bientôt disparaître en France. Pour y parvenir, la répression des fraudes vient peut-être de trouver la parade ultime.

C’est presque devenu un automatisme avant un achat en ligne ou une visite chez un commerçant inconnu. Tous les endroits publics (ou presque) ont désormais droit à leur notation Google. Depuis le moteur de recherche du GAFAM, n’importe qui peut déposer un avis en ligne sur un commerce, un restaurant ou même un centre médical, une école ou une prison. La fonctionnalité fait désormais partie intégrante de notre quotidien, mais n’échappe pas à ses limites.

Les faux avis sont notamment devenus monnaie courante sur Google. Publié par des raids organisés, de simples clients mécontents, ou par le commerçant lui-même, le phénomène s’est largement démocratisé ces dernières années, au point qu’il devient parfois difficile de se fier aux commentaires publiés. Un simple commentaire négatif peut rapidement ruiner une réputation, et entacher tout un business. A contrario, une vague de commentaires dithyrambiques peut rapidement attirer un nouveau public.

Bons ou mauvais, la France veut lutter contre les faux avis
Dans un sens comme dans l’autre, les faux avis peuvent considérablement influencer les affaires d’un commerce. Un problème pour la lutte contre la répression des fraudes en France. Sur le plan légal, ces derniers sont passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 75 000 € pour une personne physique, et 375 000 € pour une entreprise. Dans les faits, la loi est rarement appliquée, et la DGCCRF peine à distinguer les vrais avis des faux.

C’est dans cette optique que l’État a officialisé le mois dernier Polygraphe, un nouveau logiciel destiné à lutter contre les avis frauduleux en ligne. Examiné par la CNIL le 15 décembre dernier, l’outil va dans un premier temps, se concentrer uniquement sur les faux commentaires positifs postés par les entreprises pour booster leur activité. Le projet, dirigé par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes devrait être capable d’extraire les données provenant des avis consommateurs, et de détecter les commentaires suspects, pour ensuite livrer une base de travail plus lisible aux enquêteurs.

Et les données personnelles ?
Si Polygraphe veut s’imposer comme la solution miracle aux faux avis en France, il ne fait déjà pas l’unanimité. Les données collectées lors de ses analyses pourraient en effet constituer un manquement problématique au droit à la vie privée sur Internet. Le logiciel pourrait rapidement passer devant le Conseil Constitutionnel pour déterminer s’il est apte, ou non, à être utilisé.

En effet, le datascrapping, cette technique qui consiste à aspirer des données publiques à des fins d’analyse, de stockage, ou parfois de revente n’est pas illégal, mais souffre d’une définition juridique ambiguë. L’article 323-3 du Code pénal dispose notamment que “Le fait d’introduire frauduleusement des données dans un système de traitement automatisé, d’extraire, de détenir, de reproduire, de transmettre, de supprimer ou de modifier frauduleusement les données qu’il contient est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 150.000 € d’amende”. Reste à voir comment le dispositif sera accueilli sur le plan juridique.

L’Informé

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