Alzheimer : un nouveau traitement suscite l’espoir

Un nouveau traitement a été approuvé par les autorités américaines du médicament.Un nouveau traitement a été approuvé par les autorités américaines du médicament. Photo de Matthias Zomer provenant de Pexels

Le 6 janvier dernier, la Food and Drug Administration – l’autorité américaine du médicament – a donné son aval pour la mise sur le marché d’un nouveau traitement à base d’anticorps monoclonal : le lecanemab. Ce médicament, qui permet de ralentir le déclin cognitif des patients atteints par la maladie d’Alzheimer, à un stade léger.

Pendant des décennies, elle a été considérée comme une pathologie incurable et difficile à diagnostiquer. La démence et les troubles cognitifs provoqués par la maladie d’Alzheimer ont fait incontestablement partie des préoccupations premières de la science ces dernières années. Sans que les chercheurs ne soient malheureusement parvenus – jusqu’à présent – à concevoir quelque traitement que ce soit pour lutter contre la maladie.

Dans ce contexte, le feu vert des autorités américaines du médicament en 2021 pour le controversé aducanumab et en ce début d’année pour la mise en circulation du lecanemab – un anticorps monoclonal commercialisé par les laboratoires Eisai et Biogen – sonne comme un véritable message d’espoir pour les 50 millions de personnes qui souffrent de cette maladie dans le monde. Ce dernier médicament est l’un des premiers au monde à provoquer un ralentissement du déclin cognitif. Si l’annonce a suscité un certain enthousiasme, la communauté scientifique elle, veut rester prudente : « On est en quelque sorte au début de l’aventure, commente Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Alzheimer et praticien hospitalier au CHU de Lille, auprès de La Dépêche du Midi.

Ce que l’on a là, c’est un traitement qui ne permet pas aux patients de recouvrer leurs capacités cognitives. Mais simplement de ralentir de 27 % le déclin cognitif chez des personnes touchées à un stade léger de la maladie d’Alzheimer », tempère le médecin.

Par ailleurs, outre le coût du traitement – 26 000 euros par an pour une personne de poids moyen – des effets indésirables potentiellement graves (hémorragies cérébrales, œdèmes) ont été observés chez certains patients qui ont bénéficié de ce traitement lors des phases d’essais cliniques. « Les effets de ce traitement ne sont pas considérables d’un point de vue clinique, mais il reste hautement symbolique, commente pour sa part Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer et membre de l’Académie de médecine. Il nous rassure sur le fait que la piste que l’on emprunte est la bonne. Maintenant que l’on a mis le pied dans la porte, il faudra s’engouffrer pour obtenir des résultats cliniques plus satisfaisants ».

Un signal pour le secteur pharmaceutique
La mise sur le marché de ce nouveau traitement pourrait en effet inciter l’industrie pharmaceutique, aujourd’hui happée par la production de traitements liés à la cancérologie et à la virologie, à s’intéresser de près au sujet : « C’est un signal qui est envoyé aux entreprises du secteur : ça va relancer l’intérêt des groupes pharmaceutiques pour la production de traitements contre cette maladie neurodégénérative », soutient Philippe Amouyel. À l’image, par exemple, du géant américain Lilly qui doit annoncer cette année les résultats d’un essai mené avec un autre anticorps monoclonal, le donanemab

Dans le domaine de la prévention, le diagnostic de la maladie s’impose lui aussi comme un chantier pour le moins délicat pour les chercheurs : « La maladie surgit en effet 20 à 30 ans avant l’apparition des premiers symptômes », déplore le directeur général de la Fondation Alzheimer. Des avancées remarquables dans ce domaine pourraient bien voir le jour en 2023. C’est le cas par exemple au Japon, où l’entreprise Sysmex Corporation propose désormais un kit de diagnostic sur la base d’une simple prise de sang. Le système développé permet de mesurer le niveau d’accumulation de la protéine bêta amyloïde, l’un des principaux biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer. Et comme de nombreuses pathologies, plus la maladie est diagnostiquée tôt, plus il sera facile de la traiter…

ladepeche

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