L’ONU s’est alarmée jeudi de la situation dans le nord du Mali, où des groupes armés sèment « la misère » en profitant du « vide » laissé par le retrait des forces françaises dans cette région désertée par l’Etat.
« Le Mali semble être une crise oubliée » alors que des « déplacements massifs de populations » fuyant la guerre « ont été observés » dans le nord, a déclaré à la presse le représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) dans le pays, Mohamed Touré, qui s’exprimait par lien vidéo après avoir rencontré dans cette région des déplacés récents.
A la suite du coup d’Etat militaire de 2020, Bamako s’est rapproché de la Russie et a pris ses distances avec la France, qui a retiré ses derniers soldats du pays en novembre dernier, mettant fin à l’opération antijihadistes Barkhane lancée en 2014 au Sahel. « Depuis le départ de Barkhane et des troupes européennes, il y a un vide » dans le nord, a déclaré M. Touré. « Aujourd’hui, il n’y a plus d’autorités étatiques dans la région.
Celle-ci est donc laissée aux mains des groupes armés terroristes qui y répandent la terreur, les meurtres, les viols et sèment la misère », a-t-il ajouté. Depuis la fin de Barkhane, « il n’y a plus personne dans la région qui soit capable de protéger » la population, et nous pouvons être « extrêmement inquiets » car « tous les jours on voit des gens fuir » les violences, a-t-il souligné. Parmi les populations récemment déplacées figurent des réfugiés venus d’autres pays, forcés à fuir à nouveau les violences, selon M. Touré.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une grave crise sécuritaire, nourrie au départ par des révoltes dans le nord, qui se sont ensuite muées en une violente rébellion jihadiste. Des milliers de personnes ont été tuées et des centaines de milliers ont dû fuir leur région, plongée dans le marasme, alors que le pays est déjà l’un des plus démunis au monde.
Or à l’heure où il faut soutenir plus que jamais le pays, « il y a malheureusement une lassitude » des donateurs internationaux, avec « une forte baisse de l’aide destinée aux réfugiés et aux déplacés » alors que « leurs besoins sont énormes », a souligné M. Touré.
Fin 2022, le Mali comptait sur son sol 60.000 réfugiés, dont 25.000 venus du Burkina Faso, et 440.000 déplacés internes, a-t-il précisé, en appelant à un élan de solidarité internationale pour soutenir d’urgence les organisations humanitaires qui les aident.
afp