Un homme soupçonné d’être l’auteur de six lettres piégées adressées fin 2022 à des institutions espagnoles ou à des ambassades à Madrid a été arrêté mercredi.
L’auteur présumé de lettres piégées envoyées en fin d’année dernière à l’ambassade d’Ukraine à Madrid ou au Premier ministre espagnol a été arrêté mercredi 25 janvier, a annoncé le ministère espagnol de l’Intérieur.
« Des membres de la police nationale ont arrêté mercredi un homme, de nationalité espagnole, à Miranda de Ebro (Nord), considéré comme l’auteur présumé de l’envoi de six lettres contenant du matériel explosif adressées fin novembre et début décembre (…) à la présidence du gouvernement, à l’ambassade d’Ukraine en Espagne ou à l’ambassade des États-Unis en Espagne », a indiqué un porte-parole du ministère dans un message écrit.
Ces lettres avaient été adressées au Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, à sa ministre de la Défense, à l’ambassade d’Ukraine en Espagne, à l’ambassade des États-Unis en Espagne et à une entreprise d’armement fabriquant des lance-grenades donnés par Madrid à Kiev au début de l’invasion russe ou à une importante base militaire espagnole.
Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, « l’opération (…) est en cours et des perquisitions sont effectuées au domicile de la personne arrêtée ». Une source policière a précisé à l’AFP que cet homme était un « retraité de 74 ans ».
Lors de l’ouverture de l’une de ces lettres, adressée à l’ambassadeur d’Ukraine en Espagne, le chargé de sécurité de l’ambassade avait été légèrement blessé à la main droite le 30 novembre. Les autres lettres avaient été interceptées par les services de sécurité.
La justice espagnole avait ouvert une enquête pour des faits présumés de « terrorisme », tandis que Kiev avait ordonné un renforcement de la sécurité dans toutes ses représentations après l’explosion de la lettre dans son ambassade madrilène, qualifiée d' »attentat » par le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares.
Un groupuscule paramilitaire russe suspecté
L’ambassadeur d’Ukraine en Espagne, Serhii Pohoreltsev, avait implicitement accusé la Russie d’être à l’origine du courrier piégé qui lui avait été adressé.
« Nous connaissons bien les méthodes terroristes du pays agresseur », avait-il affirmé à la télévision publique espagnole. « Les méthodes, les attaques de la Russie nous obligent à être prêts à n’importe quel type d’incident, de provocation, ou d’attentat », avait-il ajouté.
L’ambassade de Russie en Espagne avait pour sa part condamné l’envoi de ces lettres piégées.
« Face aux informations sur les paquets explosifs envoyés à l’ambassade d’Ukraine en Espagne et à des entités officielles espagnoles, nous déclarons que toute menace ou acte terroriste, de surcroît dirigés contre une mission diplomatique, sont totalement condamnables », avait-elle écrit.
Dans un article publié dimanche et citant des responsables américains, le New York Times assure que les services de renseignement américains et européens soupçonnent un groupuscule paramilitaire russe, le Mouvement impérial russe (MIR), d’être derrière cette campagne d’envoi de lettres piégées.
« Coup de semonce » ?
Ce groupe ultranationaliste et suprémaciste blanc, inscrit sur la liste américaine des organisations terroristes en 2020, aurait agi en sous-main pour le renseignement militaire russe (GRU), affirme le quotidien américain.
« Des membres importants du groupe se sont rendus en Espagne et la police (espagnole) a mis en lumière ses liens avec des organisations espagnoles d’extrême droite », écrit le New York Times.
D’après le quotidien, cette campagne aurait été organisée pour « tester » la capacité de ces groupes à agir en cas d’escalade du conflit. « Ça ressemble à un coup de semonce », a assuré au quotidien Nathan Sales, ancien coordinateur de la lutte antiterroriste du département d’État américain.
Interrogé par l’AFP, le ministère espagnol de l’Intérieur s’est refusé à tout commentaire sur ces informations.
Selon le Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l’Université de Standford (Cisac), qui tient à jour un répertoire des principaux groupes suprémacistes dans le monde, le MIR a été fondé en 2002 et combat depuis 2014 aux côtés des séparatistes prorusses dans la région ukrainienne du Donbass.
Il entretient « des contacts avec des groupes néonazis et suprémacistes blancs à travers l’Europe et les États-Unis » et « a dispensé une formation paramilitaire à des ressortissants russes et à des membres d’organisations d’autres pays partageant les mêmes idées », détaille-t-il.
AFP