La vidéo de l’arrestation fatale de Tyre Nichols laisse l’Amérique sous le choc. Les images montrent un long passage à tabac, à coups-de-poing, de pieds et de matraques par cinq policiers afro-Américains. Joe Biden s’est exprimé trente minutes après la diffusion des images de l’arrestation de Tyre Nichols. Le président américain s’est dit « scandalisé » et « profondément meurtri ».
Sur plus d’une heure de vidéo, trois minutes captées par une caméra placée en hauteur concentrent les nombreux coups de poings, de pied et de matraque portés par un groupe d’agents.
Un long passage à tabac nocturne, à coups de poing, de pied, de matraque: les Américains ont découvert ce vendredi soir avec effroi la vidéo extrêmement choquante de l’arrestation fatale de Tyre Nichols, un Afro-Américain mort à l’âge de 29 ans.
Les images montrent les violences infligées durant de longs instants par les cinq policiers noirs, dans le sillage d’un banal contrôle routier à Memphis, dans l’Etat du Tennessee, le 7 janvier.
Tyre Nichols, aspergé de gaz lacrymogène et visé par un pistolet Taser à décharges électriques, tente de s’enfuir mais est rattrapé ensuite par les agents, qui se déchaînent et le battent au sol, apparemment insensibles aux supplications de l’automobiliste.
Une heure de vidéo
Sur plus d’une heure de vidéo, trois minutes captées par une caméra placée en hauteur concentrent les nombreux coups de poings, de pied et de matraque portés par un groupe d’agents contre cet homme de 29 ans sur un coin de trottoir, dans le halo des gyrophares de police.
Les premières images, capturées par les caméras piéton des policiers, les montrent au volant, pourchassant une voiture.
Quand celle-ci s’arrête, les policiers, tous afro-américains, se précipitent en hurlant: « Sors de cette voiture! Sors de cette p***** de voiture ». Tyre Nichols n’en a même pas le temps. L’un des policiers tente de l’extraire avec violence du véhicule.
On entend alors le jeune homme tenter de calmer le jeu: « Je n’ai rien fait », « je veux juste rentrer chez moi ! ». Les policiers autour de lui crient de plus belle: « Allonge-toi! Tourne-toi! »
Don’t look away. They murdered Tyre Nichols. #TyreeNichols #TyreNichols https://t.co/sdWIqd8ON5
— Adam Yug (@citizen_rma) January 28, 2023
Acharnement de coups
« Ok, je suis allongé ». Les policiers ne cessent de hurler, visiblement en proie à la panique. Il tente alors de se dégager. Aspergé de gaz irritant et visé par un Taser, il parvient cependant à s’échapper.
La vidéo suivante est d’une violence terrible. Tyre Nichols est à terre, maintenu par deux policiers. L’un d’entre eux lui donne un premier coup de genou, c’est le début d’un tabassage en règle. Un troisième policier s’approche, matraque en main et frappe à deux reprises l’homme à terre.
« Maman. Maman. Maman! », crie Tyre Nichols dans un des extraits.
Un quatrième s’avance au moment où ses collègues parviennent à redresser Tyre Nichols. Et lui aussi frappe, mais avec les poings, à cinq reprises, directement au visage de celui qu’il est censé interpeller. Les coups pleuvent, il reste un moment debout avant de s’écrouler à terre.
S’ensuivent de longues secondes ou l’homme gesticule au sol avant qu’il ne soit traîné jusqu’à une voiture où les policiers vont tenter en vain de le maintenir assis, adossé à la portière. Un bref moment, la caméra passe sur son visage, il est tuméfié et couvert de sang.
La famille demande des manifestations pacifiques
« Quand mon mari et moi sommes arrivés à l’hôpital et que j’ai vu mon fils, il était déjà mort. Ils l’avaient réduit en bouillie. Il avait des bleus partout, sa tête était enflée comme une pastèque », a raconté en larmes RowVaughn Wells, la mère de Tyre Nichols, dans une interview diffusée par la chaîne CNN.
La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, avait prévenu que la vidéo montrant l’interpellation de cet homme pour une simple infraction au code de la route était « comparable, voire pire » à celle montrant l’arrestation policière violente de Rodney King en 1991. L’acquittement, un an plus tard, des quatre policiers impliqués, déclencha des émeutes sans précédent à Los Angeles.
Les autorités appellent depuis plusieurs jours au calme, anticipant des manifestations après la publication d’une vidéo jugée « épouvantable » par ceux qui l’ont vue.
La famille de Tyre Nichols a elle-même demandé des rassemblement pacifiques. « S’il vous plaît, manifestez, mais manifestez en toute sécurité », a dit son beau-père, Rodney Wells.
Joe Biden a appelé la famille de la victime
Réagissant quelque trente minutes après que la vidéo explosive eut été rendue publique, le président Joe Biden s’est dit « scandalisé » et « profondément meurtri ». « Les images qui ont été publiées ce soir scandaliseront la population, à raison », a-t-il affirmé.
Ce vendredi, de premières manifestations ont eu lieu dans diverses villes du pays, notamment Washington et Memphis. A New York, plus de 200 personnes ont défilé en scandant « Pas de justice, pas de paix ». A Memphis, les manifestants se sont mis en marche au moment de la publication de la vidéo, scandant: « Dites son nom. Tyre Nichols ».
« Vous n’avez pas voulu nous écouter », clamait le cortège dans cette ville où Martin Luther King a été assassiné en 1968.
Activists across the country take to the streets demanding justice for Tyre Nichols, who was killed by the police in Memphis.
Protesters in Times Square chant, "The whole damn system is guilty as hell!" pic.twitter.com/zv876ubgu8
— BreakThrough News (@BTnewsroom) January 28, 2023
Signe que l’affaire est potentiellement explosive, Joe Biden a exhorté à ce que les rassemblements soient « pacifiques » et s’est entretenu au téléphone dans l’après-midi avec la mère et le beau-père de Tyre Nichols.
Car sa mort rappelle celle de l’Afro-Américain George Floyd, tué par un policier en mai 2020. Des manifestations contre le racisme et les violences policières avaient alors embrasé le pays, fédérées autour du slogan « Black Lives Matter » (Les vies noires comptent).
Tyre Nichols, hospitalisé, était décédé trois jours après son interpellation. Les cinq policiers afro-américains, depuis licenciés, ont été inculpés pour meurtre et écroués. Quatre d’entre eux ont ensuite été libérés sous caution.
bmftv