FFF : Noël Le Graët accablé par l’audit du ministère des Sports

Après trois mois et demi d’enquête, le rapport diligenté à la suite d’accusations contre le patron du foot français, actuellement en retrait de ses fonctions, l’invite à démissionner.

Sale temps à la FFF. Le président de la Fédération française de football (FFF) Noël Le Graët « n’a plus la légitimité nécessaire pour administrer » le football français compte tenu notamment « de son comportement envers les femmes », épingle ce lundi 30 janvier le rapport provisoire de la mission d’audit sur la Fédération française de football.

Ce rapport provisoire de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), diligentée par le ministère des Sports à l’automne dernier, constate par ailleurs que la politique de l’instance à propos des violences sexistes et sexuelles n’est « ni efficace ni efficiente ». Les dirigeants de la FFF ont jusqu’au 13 février pour prendre connaissance de ces conclusions et y répondre.

« La dérive d’un pouvoir solitaire »
« La mission considère que, compte tenu de son comportement envers les femmes, ses déclarations publiques et les défaillances de la gouvernance de la FFF, M. Le Graët ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français », peut-on lire. De plus, « le président multiplie ce que certains qualifient de ’dérapages’, mais qui illustrent surtout la dérive d’un pouvoir solitaire sans aucun outil de régulation interne ».

Mis en retrait depuis le 11 janvier, et visé par une enquête pour harcèlement moral et sexuel, Noël Le Graët n’est pas épargné par ce pré-rapport. Son attitude vis-à-vis des femmes « peut être qualifiée au minimum de sexiste », estiment les inspecteurs. La mission a par ailleurs recueilli des témoignages relatifs à des agissements du dirigeant breton « susceptibles de recevoir une qualification pénale ».

Les inspecteurs, qui ont effectué le 13 janvier un signalement auprès de la procureure de la République de Paris, ont indiqué qu’ils transmettraient des éléments d’information supplémentaires à la justice. C’est sur la base de ce signalement que le parquet de Paris a ouvert une enquête, mi-janvier.

« Le couple président – directrice générale a atteint ses limites »
Mais ce rapport, qui ne réunit pas moins de 56 auditions, pour 103 personnes interrogées ne cible pas uniquement le patron de la 3F, mais également la directrice générale Florence Hardouin, le comité exécutif de la FFF et toute l’organisation de l’instance française.

Ainsi, trois copies de cet audit ont été remises ce lundi : l’une pour Noël Le Graët, avec l’ensemble des éléments le ciblant, une deuxième pour Florence Hardouin et une dernière pour Philippe Diallo, actuel président intérimaire depuis la mise en retrait de Le Graët. Une dernière copie qui concerne uniquement la Fédération et ses dirigeants, sans les éléments « les plus personnels directement liés au président et à sa directrice générale » indique notamment L’Équipe, qui a pu consulter une copie de ce dernier rapport, au même titre que l’AFP.

Mise à pied à titre conservatoire le 11 janvier, la directrice générale de la FFF, Florence Hardouin, est clairement visée par les inspecteurs de l’IGESR pour son management qui, écrivent-ils, « peut être qualifié de brutal », mais pas de « harcelant ».

Ses relations avec Le Graët sont toutefois qualifiées de « toxiques » : « Le couple président – directrice générale a atteint ses limites », estiment même les auditeurs de l’IGESR, évoquant des « logiques claniques » de management et une « vision très autocentrée du pouvoir ».

Une politique de prévention inefficace
La mission, qui propose 18 recommandations à la FFF, épingle aussi la politique de l’instance en matière de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, qui « n’est pas une priorité déployée rationnellement par la FFF dans les territoires », selon elle.

« La politique de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le réseau fédéral n’est ni efficace ni efficiente » note également le rapport, estimant qu’« au siège de la FFF, les violences sexistes et sexuelles ne sont jamais clairement désignées ». Au passage, les rapporteurs notent que « l’ambiance sexiste et violente, qui a régné au sein du CODIR (comité directeur) jusqu’en 2020, est largement confirmée par toutes les auditions ». Même s’ils notent que le départ de plusieurs personnes, entre fin 2020 et début 2021, a « nécessairement conduit à pacifier l’ambiance ».

Sévèrement secoué depuis cinq mois par des enquêtes journalistiques, des témoignages de femmes l’accusant de comportements sexistes et inappropriés, ou par ses propres déclarations à l’emporte-pièce sur Zinédine Zidane, Noël Le Graët traverse la période la plus délicate de son mandat démarré en 2011. La FFF « ne communiquera ses propres conclusions et décisions après la remise de l’audit définitif diligenté par le ministère des Sports », a réagi l’instance dans un communiqué.

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