La Nasa dévoile ses premières conclusions sur la mission Artemis I

Bon présage pour le programme Artemis, la mégafusée lunaire SLS, Space Launch System, qui a décollé pour la première fois le 16 novembre 2022, semble avoir été à la hauteur des attentes, voire mieux selon les premières conclusions de l’analyse des données de vol.

Le 16 novembre était un jour historique dans le programme spatial américain. Tout aurait pu s’arrêter là si le Space Launch System (SLS) avait failli à sa mission : décoller et mettre en orbite le vaisseau Orion. Mais, sous nos yeux ébahis, il avait décollé avec succès et la mission Artemis I s’est bien déroulée.

Une fois le vaisseau Orion revenu sur Terre le 11 décembre, la mission Artemis I était terminée. Pour rappel, cette mission était à vide, inhabitée avec juste des mannequins porteurs de diverses expériences. La Nasa n’allait pas risquer la vie de ses astronautes à bord d’un vaisseau et d’un lanceur hors normes qui n’avaient encore jamais volé. Le but d’Artemis I était de qualifier le tout, et les données semblent aller dans la bonne direction.

Décollage du SLS mercredi 16 novembre 2022. Le bloc central emportait avec lui plus de 1 000 capteurs ! © Nasa, Bill Ingalls

DÉCOLLAGE DU SLS MERCREDI 16 NOVEMBRE 2022. LE BLOC CENTRAL EMPORTAIT AVEC LUI PLUS DE 1 000 CAPTEURS ! 

Un travail de fourmi pour la sécurité des astronautes

On pourra donner le feu vert à la première mission habitée, Artemis II, seulement si les données de vol le permettent. En ce qui concerne le SLS, les équipes ont recueilli pas moins de 4 térabytes de données et d’images vidéo prises par différentes caméras embarquées au cours du vol et des phases de pré-lancement. À cela s’ajoutent près de 31 térabytes d’images prises depuis le sol ou les airs !

Ces données de vol complètent les très nombreuses données obtenues au cours des différents tests au sol et des simulations. Même si les proportions du SLS sont plutôt uniques, les équipe savaient plutôt bien quoi en attendre. Toutefois, les données de vol étaient indispensables pour prédire le comportement du SLS au cours de certaines phases du vol, comme la séparation des boosters. Pour témoigner et quantifier chaque événement au cours du vol, des caméras embarquées ainsi que divers capteurs étaient stratégiquement positionnés à plusieurs endroits du lanceur.

Les ingénieurs de la Nasa ont également analysé les températures et les sons de la mégafusée enregistrés juste après le décollage. Les données ont servi à certifier que les moteurs RS-25 (issus de différentes navettes spatiales) du bloc central fourni par Boeing fonctionnaient comme prévu. La poussée fournie était celle attendue à 0,5 % près. Les pressions et températures internes collaient avec les prédictions à 2 % près.

Quelle flamme ! La base du bloc central était recouverte d'un bouclier thermique pour le protéger de la chaleur au décollage, qui atteignait jusqu'à 1 760 °C, de quoi transformer le sable en verre ! © John Kraus

QUELLE FLAMME ! LA BASE DU BLOC CENTRAL ÉTAIT RECOUVERTE D’UN BOUCLIER THERMIQUE POUR LE PROTÉGER DE LA CHALEUR AU DÉCOLLAGE, QUI ATTEIGNAIT JUSQU’À 1 760 °C, DE QUOI TRANSFORMER LE SABLE EN VERRE ! 

C’est positif pour Artemis II !

Le bloc central du SLS a fonctionné correctement tout au long de son vol et la mise en orbite de l’étage supérieur ICPS et du vaisseau Orion s’est déroulée avec succès. L’orbite de transfert, sur laquelle l’ICPS et Orion étaient placés, avait une petite erreur de seulement trois kilomètres, ce qui reste dans les marges acceptables. Plus tard dans le vol, l’injection en orbite translunaire était « quasiment parfaite ».

On peut donc dire que le SLS a fonctionné comme attendu, voire mieux. Selon la Nasa, la mégafusée a été « conforme voire meilleure aux attentes de performance ». Le test semble réussi, mais on précise que ces conclusions publiées par la Nasa le 27 janvier sont préliminaires et que l’analyse des données n’est pas terminée. C’est seulement le rapport final qui statuera.

Inspection du bouclier thermique d'Orion. Le bouclier est crucial pour la sécurité des astronautes lors de la rentrée atmosphérique. La Nasa ne tolérera aucune défaillance. © Nasa, Skip Williams

INSPECTION DU BOUCLIER THERMIQUE D’ORION. LE BOUCLIER EST CRUCIAL POUR LA SÉCURITÉ DES ASTRONAUTES LORS DE LA RENTRÉE ATMOSPHÉRIQUE. LA NASA NE TOLÉRERA AUCUNE DÉFAILLANCE. 

Le feu vert pour Artemis II dépend aussi du vaisseau Orion, qui était aussi testé avec Artemis I. Depuis son amerrissage le 11 décembre dernier, la capsule habitée du vaisseau a été transportée au Kennedy Space Center à Cap Canaveral pour y être analysée.

En attendant, la Nasa se prépare pour Artemis II. Les deux modules du vaisseau Orion sont en cours d’intégration au Kennedy Space Center, et le pas de tir mobile (crawler) est en train d’être amélioré. Dans les prochains mois, la Nasa annoncera l’équipage sélectionné. Artemis II sera la première mission habitée et se déroulera autour de notre satellite naturel à partir de 2024, Artemis III sera la mission du retour des astronautes à la surface.

Intégration des tuyères des moteurs du module de service du vaisseau Orion d'Artemis II au <em>Kennedy Space Center</em>. © Nasa

INTÉGRATION DES TUYÈRES DES MOTEURS DU MODULE DE SERVICE DU VAISSEAU ORION D’ARTEMIS II AU KENNEDY SPACE CENTER

FUTURA

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