Le jambon ibérique est menacé par le changement climatique, voici pourquoi

Le jambon ibérique, appelé aussi parfois bellota en Espagne, est menacé par le changement climatique. À cause des étés plus secs et plus chauds, les chênes produisent de moins en moins de glands. Or ils constituent l’alimentation des porcs élevés pour produire ce jambon haut de gamme vendu très cher.

Quel est le point commun entre le chocolat, le café ou la banane ? Tous ces aliments sont menacés par le changement climatique, selon l’organisation non gouvernementale Rainforest Alliance. À cette liste, il faut désormais ajouter une autre denrée : le jambon ibérique, ou jamón ibérico, que l’on appelle aussi parfois bellota en Espagne. Lui est aussi est menacé par l’évolution du climat, rapporte le quotidien britannique The Guardian, lundi 30 janvier 2023.

8 à 10 kg de glands par jour pendant deux mois

Paysage de « dehesa », ces pâturages parsemés d’arbres où les porcs ibériques se nourrissent de glands. Ici à Badajoz, dans le sud-ouest de l’Espagne

En espagnol, bellota, cela veut dire « gland ». C’est ce que mangent les porcs ibériques élevés pour produire ce jambon, qui se vend ensuite (très) cher. Ils se nourrissent de ces glands tombés de chênes, et ils en consomment beaucoup : 8 à 10 kg par jour pendant deux mois, précisait le journal Le Monde en 2019.

Or, ces chênes sont justement eux aussi touchés par le changement climatique. Les arbres produisent moins de glands, conséquence d’étés anormalement chauds et secs. 2022 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en Espagne.

Les spécialistes ne sont pas optimistes. « Je m’attends à ce que cette année, après la sécheresse de l’été dernier et un hiver sans pluie, soit la pire depuis quarante ans que je travaille dans la dehesa », ces pâturages arborés où les porcs ibériques se nourrissent de glands, estime le producteur de jambon Francisco Espárrago, à la tête de l’exploitation Señorio de Montanera en Estrémadure. « Les arbres ont du mal à survivre aux étés longs, chauds et secs que nous vivons désormais », poursuit-il, cité par The Guardian.

Importer des glands ?

Un jambon ibérique vendu aux enchères, en 2012, à Paris

Si la tendance se poursuit, avec une diminution de la quantité de glands pour nourrir les porcs, la production de jambon ibérique devrait se réduire. Ce qui ferait augmenter les prix, selon Alfredo Subietas, directeur général du producteur Ilunion Ibéricos de Azuaga, interrogé par la RTVE, la radiotélévision espagnole.

Les producteurs pourraient bien importer des glands, mais cette perspective n’enchante guère Francisco Espárrago : il craint les risques d’arrivée de maladies en Espagne. Le problème dépasse le jamón ibérico : « Si la dehesa ne survit pas [au changement climatique, NdlR], nous ne pourrons plus faire paître de bétail », s’alarme-t-il.

Outre le jambon ibérique, d’autres spécialités culinaires européennes pourraient pâtir du changement climatique en cours, selon la chaîne de télévision Euronews. Sont concernés, notamment, l’olive de Kalamata grecque ou le parmesan italien.

OUEST

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