Le Premier ministre burkinabè a proposé la création d’une « fédération » entre son pays et le Mali. Les deux Etats sont confrontés à la violence djihadiste et dirigés par des militaires putschistes qui ont exigé le départ des soldats français de leurs territoires.
« Nous pouvons constituer une fédération souple, qui peut aller en se renforçant et en respectant les aspirations des uns et des autres chez eux », a déclaré Apollinaire Kyélem de Tambela à l’issue d’une visite au Mali mardi et mercredi. Il était cité dans le compte rendu de cette visite publié par ses services.
« Nos devanciers ont tenté des regroupements, comme la Fédération du Mali qui malheureusement n’a pas duré. Mais ils ont montré la voie », a-t-il ajouté en référence à une éphémère tentative de fédération entre le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin (1959-1960) au moment des indépendances de ces ex-colonies françaises.
Le chef du gouvernement de Ouagadougou estime que « c’est un chantier que nous devons essayer de tracer pendant la période de transition, parce que si les politiciens reviennent au pouvoir, ce serait difficile ».
Devenir « une puissance »
« Le Mali est un grand producteur de coton, de bétail et d’or. Le Burkina Faso aussi produit du coton, du bétail, de l’or. Tant que chacun va regarder ailleurs, nous ne pesons pas tellement, mais si vous mettez ensemble la production de coton, d’or et de bétail du Mali et du Burkina Faso, ça devient une puissance », a-t-il souligné.
« L’une des raisons qui explique ma visite au Mali, c’est que nous avons constaté que pendant longtemps, nous avons passé le temps à regarder ailleurs, alors que souvent, les solutions sont juste à côté de nous » , a-t-il soutenu. Et de souligner que la « vraie révolution » menée par le Mali depuis la prise du pouvoir par le colonel Assimi Goïta en 2020 a « inspiré » les nouveaux dirigeants burkinabè.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans la spirale de la violence djihadiste apparue au Mali quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de ses frontières.
Le nouveau pouvoir issu du dernier coup d’Etat du 30 septembre 2022, mené par le capitaine Ibrahim Traoré, vient de demander le départ des 400 soldats français des forces spéciales de l’opération Sabre basés à Ouagadougou. Un scénario qui rappelle celui du Mali voisin où le régime issu de deux coups d’Etat en 2020 et 2021 a poussé les militaires français de la force Barkhane vers la sortie.
swissinfo