Ce que l’on sait du « ballon espion » chinois repéré dans le ciel des États-Unis

Les autorités américaines ont annoncé, ce jeudi 2 février, suivre à la trace un ballon espion chinois repéré à haute altitude au-dessus des États-Unis. D’une taille équivalente à trois bus, il survolerait des sites militaires stratégiques. Le président américain Joe Biden a décidé pour l’heure de ne pas l’abattre. Le Canada a également signalé un deuxième « incident ».

Le Pentagone a indiqué ce jeudi 2 février 2023 suivre à la trace les mouvements d’un ballon espion chinois volant à haute altitude au-dessus du territoire des États-Unis et de sites militaires sensibles, précisant qu’il ne représentait pas de menace directe.

Le Canada a également indiqué, ce vendredi, enquêter sur « un deuxième incident potentiel ». Voici ce que l’on sait sur ce qui pourrait virer à l’incident diplomatique, à quelques jours du déplacement du secrétaire d’État américain Antony Blinken en Chine.

Dans l’espace aérien américain depuis deux jours
Les autorités américaines n’ont annoncé que ce jeudi 2 février avoir repéré cet immense ballon blanc d’un diamètre équivalent à trois bus de long, avec des antennes satellites noires, au-dessus du Montana.

L’objet vient de Chine, cela ne fait aucun doute pour le renseignement américain. Il est entré dans l’espace aérien des États-Unis « il y a environ deux jours » et était déjà sous surveillance bien avant. Le commandement de la défense aérospatiale des États-Unis et du Canada (Norad) continue de suivre attentivement la trajectoire de l’objet.

Sur Twitter, Dan Satterfield, un météorologiste, a estimé la trajectoire de l’objet, qui serait passé par l’Alaska et le Canada.

« J’ai cru à un ovni »
L’objet a été photographié, mercredi, dans le ciel du Montana par Chase Doak, un data analyst qui vit à Billings, la plus grande ville du Montana, dans le grand Ouest américain.

Ancien photojournaliste, il a immortalisé l’objet en vidéo, puis dans une photo plus détaillée. « J’ai d’abord cru que c’était un ovni », raconte-t-il à 20 minutes avant de penser reconnaître « une sorte de super ballon-sonde météorologique », avec ce qui ressemble à des panneaux solaires. « J’ai pu l’observer pendant environ 45 minutes avant que le soleil se couche et ne l’illumine plus », détaille-t-il.

Au-dessus de sites sensibles
Ce n’est pas la première fois que l’armée américaine constate une telle intrusion dans son espace aérien. Mais cette fois, le ballon est resté beaucoup plus longtemps.

Il survole actuellement le Montana, un État où se trouve l’un des sites permettant aux États-Unis de lancer des missiles nucléaires, souligne le Wall Street journal. « Clairement, ce ballon est destiné à la surveillance et sa trajectoire actuelle l’amène au-dessus de sites sensibles » notamment des bases aériennes et des silos de missiles stratégiques.

« Nous prenons des mesures afin de nous protéger contre la collecte d’informations sensibles », a indiqué à des journalistes un haut responsable américain de la Défense, sous le couvert de l’anonymat. Il a insisté sur « la valeur ajoutée limitée en termes de collecte d’informations » de l’engin. Plus mobile qu’un satellite, le ballon espion permettrait cependant d’obtenir des images de meilleure résolution.

Compliqué de l’abattre
« Le ballon se déplace actuellement à une altitude bien supérieure au trafic aérien commercial et ne présente pas de menace militaire ou physique pour les personnes au sol », a rassuré dans un communiqué le département de la défense (DOD).

À la demande du président Joe Biden, le Pentagone a envisagé d’abattre le ballon, mais la décision a été prise de ne pas le faire en raison des risques posés par les débris pour les personnes au sol. « Nous avions examiné s’il y avait une option hier (mercredi) sur certaines zones peu peuplées du Montana, mais nous ne pouvions pas suffisamment réduire le risque » de dégâts, a indiqué devant les médias l’officier Patrick Ryder, attaché de presse du Pentagone.

Les avions de chasse militaires, et notamment des F-22, sont prêts à intervenir a tout moment pour abattre le ballon si la Maison-Blanche prenait une telle décision.

Déjà passé par le Canada ?
Le Canada a également signalé « un deuxième incident potentiel » sans que l’on sache précisément s’il s’agit du même ballon espion ou d’un deuxième. « Les Canadiens sont en sécurité et le Canada prend des mesures pour assurer la sécurité de son espace aérien, y compris la surveillance d’un deuxième incident potentiel », a affirmé le ministère de la Défense du Canada dans un communiqué.

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Le Canada n’a pas fait référence à la Chine. « Les agences de renseignement du Canada travaillent avec leurs partenaires américains et continuent de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les informations sensibles du Canada contre les menaces des services de renseignement étrangers », s’est contenté d’indiquer le ministère.

Antony Blinken attendu dimanche en Chine
Cet incident se produit alors qu’Anthony Blinken est attendu, dimanche et lundi, en Chine. Sa venue doit constituer la première visite dans le pays d’un secrétaire d’État américain depuis octobre 2018. Un déplacement qui doit, en partie calmer les tensions entre les deux grandes puissances. Elles se sont tendues ces derniers mois, notamment lorsque l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, s’est rendue à Taïwan.

Washington a évoqué l’affaire avec les autorités chinoises. « Nous leur avons communiqué la gravité de l’incident. Nous leur avons dit clairement que nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger notre peuple sur notre territoire ».

Pékin dit vérifier les informations mais appelle «à ne pas monter les choses en épingle». Ce dont ne s’est pas privé le journal Global Times, financé par le Parti communiste chinois sans toutefois être un organe officiel, qui a raillé, caricature à l’appui, l’incident sur Twitter. « Le ballon lui-même est une grosse cible », a écrit le Global Times.

« Si des ballons provenant d’autres pays peuvent vraiment pénétrer sans encombre dans le territoire continental américain, ou même entrer dans le ciel au-dessus de certains États, cela ne fait que prouver que le système de défense aérienne des États-Unis n’est là que pour faire joli et n’est pas digne de confiance », a-t-il ironisé.

ouest-france

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