L’USAGE DES ÉCRANS, FAVORISÉ PAR LE TÉLÉTRAVAIL, A UN IMPACT FORT SUR LE DÉVELOPPEMENT DES ENFANTS

Neuf médecins sur dix font un lien entre les difficultés de développement chez les jeunes enfants et leur usage du numérique. Une étude montre notamment que les parents sous-estiment l’impact de leurs propres usages sur leurs enfants.

Les médecins tirent la sonnette d’alarme sur l’impact des usages du numérique chez les très jeunes enfants, de 0 à 6 ans, et sur le manque de connaissances des parents sur le sujet. Le récent baromètre de la Fondation pour l’Enfance sur l’impact du numérique sur la santé des enfants publié ce mercredi et rapporté par Le Parisien en montre l’ampleur.

Cette étude, réalisée fin 2022, croise les perceptions des parents et des médecins généralistes et pédiatres face à cette problématique. Chiffre éloquent, neuf médecins sur dix font un lien entre les difficultés récentes de développement chez les jeunes enfants et leur usage du numérique, qu’il s’agisse du temps passé devant l’écran ou d’un contenu inadapté.

Troubles du comportement
Ces impacts sur le développement et le comportement de l’enfant se manifestent sous des formes diverses. D’abord, l’étude montre des troubles du comportement (colère, agressivité) et du sommeil dans 84% des cas.

Ensuite, on trouve également des troubles de l’humeur (dans 78% des cas) suivis des « troubles de l’attention, la sociabilité, le surpoids et l’obésité, le langage, la maîtrise du vocabulaire, les performances cognitives et l’hyperactivité », précise le baromètre.

Cette récente étude montre notamment la divergence de perceptions de la problématique entre professionnels de santé et parents. En effet, de leur côté, ces derniers remarquent en majorité seulement l’irritabilité ou l’impatience de leur enfant, et tendent ainsi à minimiser les conséquences du numérique sur la santé.

L’usage numérique des parents
Les médecins pointent en effet, pour les deux tiers d’entre eux, le manque de connaissances et de compréhension du numérique chez les parents, en particulier leur sous-estimation de l’impact de leurs propres usages sur leurs enfants. Selon eux, cela pourrait être pallié par davantage de campagnes de prévention et d’éducation au numérique.

Si plus de 80% des parents ont conscience que leur propre utilisation des écrans affecte leurs enfants et que 65% pointent des conséquences négatives sur le comportement de leur progéniture, seul un parent sur deux estime par exemple que donner à manger à son enfant en regardant les notifications sur son téléphone peut avoir un impact négatif sur le développement.

Alors que 19% des parents concèdent que leurs écrans ont pris une place conséquente dans leur sphère familiale, « seul un sur deux se dit prêt à instaurer des temps d’activité communs, 44% à éteindre la télé pendant les repas, et seulement 22% à désactiver les notifications ».

L’essor du télétravail
Cette étude pointe notamment les usages des parents, favorisés par la hausse du télétravail. Dans ce contexte, les enfants sont de plus en plus exposés aux écrans, que cela soit pour les occuper ou parce qu’ils vont avoir tendance à chercher à imiter les pratiques de leurs aînés.

En effet, 54% des parents assimilent le temps d’écran de leurs enfants à un moment de « détente et de plaisir » et 29% d’entre eux assument que le fait de placer leur enfant devant un écran est un moyen « d’avoir du temps pour soi ».

En outre, l’usage des écrans est largement utilisé comme récompense – ou punition – puisque 63% des parents disent avoir fixé des règles en fonction de l’attitude de l’enfant.

Toutefois, seuls 8% des enfants jouissent d’un accès illimité et dès qu’ils le souhaitent aux outils numériques. À l’inverse, pour 63% d’entre eux, ce moment est encadré à des moments bien définis dans la journée et pour un temps limité.

La semaine dernière, des députés Renaissance ont déposé une proposition de loi pour mettre en place une série de mesures de prévention, avec les professionnels de la petite enfance et les écoles, pour éviter aux enfants une exposition excessive aux écrans.

AFP

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