Résultats d’Alphabet, Amazon et Apple : la Tech entre dans l’ère de la frugalité

Alphabet, Amazon et Apple ont présenté jeudi leurs résultats trimestriels et tous envisagent de réduire leurs coûts afin de rassurer les marchés financiers.

Affectés par l’essoufflement de l’économie mondiale au point de devoir licencier des milliers de personnes, les géants des technologies semblent entrer dans l’ère de la frugalité, promettant des réductions de coûts pour rassurer les marchés après des années de croissance débridée.

Alphabet (Google), Amazon et même Apple ont tous les trois publié jeudi 2 février des résultats trimestriels ou des perspectives qui ont déçu : le marché espérait plus de résistance à la crise économique.

Apple, la seule grande entreprise du secteur qui n’a pas lancé un plan social cet hiver, a subi une contraction rare des ventes de son produit phare, l’iPhone, en repli de plus de 8 % sur un an, pour la période allant d’octobre à décembre. Son chiffre d’affaires est ressorti à 117 milliards de dollars (- 5,4 % sur un an) et son bénéfice net à moins de 30 milliards (- 13 %), deux résultats inférieurs aux attentes.

Tim Cook, le patron de la marque à la pomme, a imputé ces mauvaises performances aux effets de change et surtout aux problèmes d’approvisionnement, à cause des perturbations sur le site de Zhengzhou (Chine), la plus grande usine de production des iPhones.

Amazon a de son côté dépassé les attentes (celles du marché et les siennes) avec des revenus de 149,2 milliards de dollars au quatrième trimestre 2022. Mais l’heure n’était pas aux réjouissances. La plateforme de vente en ligne a fait des prévisions prudentes pour le trimestre en cours tandis que le patron Andy Jassy a mentionné dans un communiqué des « progrès encourageants en termes de réductions des coûts » et une « économie incertaine à court-terme ».

Sobriété
Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, Instagram), avait annoncé la couleur mercredi, promettant que 2023 serait « l’année de l’efficacité ». Il a précisé lors de la conférence téléphonique aux analystes que Meta cherchait à « retirer certains postes intermédiaires de management pour accélérer les prises de décisions ».

Sur l’année 2022, les recettes publicitaires du géant des réseaux sociaux ont reculé pour la première fois depuis qu’il est entré en Bourse en 2012. Et son bénéfice net trimestriel a été divisé par deux à 4,65 milliards de dollars.

Meta et Google, qui représentent 50 % du marché mondial de la publicité numérique, souffrent des mêmes maux : les annonceurs dépensent moins à cause de l’inflation, TikTok leur fait une concurrence féroce et les changements réglementaires ont bridé leurs capacités à récolter les données des utilisateurs pour vendre des espaces publicitaires ultra ciblés.

Le chiffre d’affaires trimestriel d’Alphabet a légèrement baissé à 76 milliards de dollars et son bénéfice net n’est replié de 34 %, à 13,6 milliards de dollars. Et la plateforme YouTube a récolté moins de 8 milliards de dollars de revenus publicitaires (- 7,8 % sur un an).

« Google a terminé l’année dans une position très différente de celle d’il y a un an », a commenté Evelyn Mitchell, d’Insider Intelligence. « Ses recettes publicitaires sont en baisse pour la deuxième fois dans l’histoire de Google, la première remontant au deuxième trimestre 2020 », au début de la pandémie. « La publicité sur le moteur de recherche n’est d’habitude pas exposée aux aléas du marché (…), cela n’augure rien de bon pour cette industrie », a souligné l’analyste.

Intelligence artificielle
Snapchat, Meta et Google peinent à générer autant de profits qu’avant, alors qu’ils continuent de séduire les utilisateurs. Snapchat compte désormais 375 millions d’utilisateurs quotidiens, 17 % de plus que fin 2021.

Facebook, qui semblait en perte de vitesse, a atteint les deux milliards d’utilisateurs actifs au quotidien. Ses « reels », un format de vidéos courtes et captivantes copié sur TikTok, ont trouvé leur public, tout comme les « shorts » de YouTube, qui ont dépassé les 50 milliards de « vues quotidiennes » contre 30 milliards au printemps dernier, selon Philipp Schindler, vice-président de Google.

Pour retrouver leurs marges, les entreprises comptent sur l’intelligence artificielle (IA), des algorithmes de recommandation personnalisée au ciblage publicitaire toujours plus fin, avec toujours moins de données.

Les patrons ont aussi tous manifesté leur enthousiasme pour l’avènement de l’IA générative, qui déchaîne les passions depuis la sortie cet automne de ChatGPT. Ce logiciel de la start-up OpenAI, financée notamment par Microsoft, peut rédiger sur requête toutes sortes de textes et de lignes de codes informatiques.

« Il est clair que le marché est prêt », a déclaré Sundar Pichai, le patron d’Alphabet, lors de la conférence aux analystes, évoquant aussi la nécessité de développer l’IA de façon responsable. Quant à Mark Zuckerberg, il espère que l’IA générative va permettre de créer facilement « des vidéos, des avatars et des images 3D », notamment pour le métavers.

AFP

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