L’axe Téhéran-Alger-Tindouf (polisario) s’est confirmé avec un nouvel intrant inattendu, la Mauritanie. Une alliance avec le voisin du sud est souhaitée, l’Iran ne cachant plus ses ambitions hégémoniques en Afrique du nord et au Sahel en se servant du Sahara.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Houceïn Emir Abdoullahyane, a rencontré mercredi soir le président Mohamed Cheikh Ould El Ghazouani pour discuter des moyens de renforcer les relations entre les deux pays au niveau commercial et dans la lutte contre le terrorisme.
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Le parrain du terrorisme mondial cherche en effet à cultiver ses relations avec la Mauritanie pour asseoir son hégémonie dans la région d’Afrique du nord et la connecter à l’Afrique de l’Ouest.
Nouakchott qui a longtemps craint l’influence de Téhéran dans son territoire, s’est heurté néanmoins à l’avancée du dogme chiite iranien. Arme redoutable de l’Iran pour tisser sa toile, le chiisme est le fond et la base de son stratagème d’expansion sur les plans spirituels, culturels, et politique.
Le laisser-aller de la Mauritanie s’est officiellement concrétisé par l’accueil du chef de la diplomatie iranienne par le président mauritanien alors qu’il aurait pu être accueilli par son homologue aux Affaires étrangères. Les deux parties ont même discuté du Sahara alors qu’officiellement la visite ne devait porter que sur les aspect commerciaux entre Nouakchott et Téhéran, et l’agence mauritanienne d’information (AMI) a volontairement caché ce passage.
Mais la presse mauritanienne a révélé la déclaration du ministre iranien qui ne fait aucun doute sur les intérêts de l’Iran dans la région.
«Je remercie le président mauritanien pour ses efforts constructifs et précieux dans la poursuite de l’initiative de lutte contre le terrorisme et la promotion d’une paix et d’une sécurité durables au Sahara occidental. Cette question fait l’objet d’une attention particulière de la part de la République islamique d’Iran», a déclaré Houceïn Emir Abdoullahyane, cité par le site d’information mauritanien Anbaainfo ainsi que d’autres médias.
Les visées déstabilisatrices de l’Iran en Afrique du nord et au Sahel et son intérêt croissant pour nourrir le séparatisme contre l’intégrité territoriale du Maroc, en faisant entrainer les éléments du polisario par le Hezbollah libanais (financé par l’Iran) et son équipement militaire, avait conduit le Maroc à suspendre ses relations diplomatiques avec la République islamique d’Iran en 2018.
L’Iran a par ailleurs livré des drones de fabrication iranienne au polisario à travers l’Algérie. Téhéran n’a en outre jamais caché ses liens avec le polisario puisqu’il reconnait l’autoproclamée « rasd » du polisario depuis 1980 sans que la communauté internationale ne la reconnaisse.
Dans un contexte de retrait français en Afrique, l’Iran -qui a toujours inséminé son influence sur le continent comme contre-pouvoir aux Occidentaux et aux pays arabes sunnites-, a trouvé un terrain propice pour ses incursions dans la région, notamment en cherchant un nouvel allié auprès de la Mauritanie après avoir déjà scellé son partenariat avec l’Algérie et indirectement la Tunisie.
En ajoutant la Mauritanie à sa liste, l’Iran aurait une opportunité spectaculaire de redessiner sa carte politique en signant l’axe du mal en Afrique du nord et au Sahel, en exploitant l’animosité d’Alger envers le Maroc, la peur transformée en zone grise de la Mauritanie et la faiblesse politique et économique de la Tunisie.
A noter que les motivations et le jeu d’imbrications d’intérêts de l’Iran vont au delà du Maroc, et concurrencent directement l’alliance entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël, visent à combler le grand trou laissé par la France en Afrique et jouer des coudes avec d’autres puissances.
En Afrique du nord et au Sahel en particulier, le plan iranien vise à déconstruire la stabilité régionale et les relations stables des pays voisins, pour recréer un Proche Orient en feu et faible contrôlé par les mollahs.
Avant sa venue en Mauritanie, à bord d’un avion algérien, le ministre iranien des Affaires Etrangères, avait effectué des visites similaires dans plusieurs pays du Sahel, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et le Niger.
hespress