Le tremblement de terre d’une magnitude 7,5 qui a frappé la Turquie et la Syrie et provoqué la mort de milliers de personnes a touché une zone particulièrement large.
TURQUIE – Un tremblement de terre d’une intensité rare et des secousses ressenties des rives de la Méditerranée jusqu’au Groenland. Ce lundi 6 février, un séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter a frappé la Turquie et la Syrie avant l’aube, tuant plus de 2000 personnes et en blessant des milliers d’autres. À la mi-journée, une réplique presque aussi forte achevait de plonger les deux pays dans la désolation.
Ces cataclysmes sont les plus importants dans la région depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, en Turquie, qui avait causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier rien qu’à Istanbul.
Comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, le tremblement de terre de ce lundi, dont l’épicentre se trouvait à quelques dizaines de kilomètres de Gaziantep, dans le sud-est du pays, a touché une zone particulièrement large.
Cette carte, qui montre l’intensité des secousses par un dégradé de violet qui va du plus foncé au plus clair, dessine la zone la plus touchée par le séisme. Celle-ci s’étend des rives méditerranéennes au nord-est de la ville de Malatya.
Cette zone correspond justement à l’emplacement de la faille est-anatolienne. Cette zone sismique à risque fait la jonction entre la plaque anatolienne, sur laquelle la majeure partie de la Turquie se trouve, et la plaque arabique, qui englobe l’extrême sud-est du pays et les pays au Sud de sa frontière.
Une faille « cassée » sur plus de 150 km
« La plaque arabique va un peu plus vite que la plaque anatolienne vers le nord-est, ce qui entraîne des accumulations de forces à ce niveau », a décrit le sismologue Florent Brenguier, de l’Institut des sciences de la Terre (ISTerre) de Grenoble au Parisien. Ces accumulations sont venues « casser la faille » sur probablement près de 150 km, entraînant tous les dégâts qui ont pu être observés, analyse le sismologue Jérôme Vergne auprès de BFMTV.
Ce phénomène a par ailleurs été expliqué par le vulgarisateur scientifique Jamy Gourmaud, à travers un ancien extrait de son émission C’est pas sorcier, comme vous pouvez le voir dans le tweet ci-dessous.
La carte permet également d’observer que de nombreuses villes ont été très fortement exposées. Malatya et Gaziantep apparaissent comme les plus touchées, mais plusieurs autres, à l’instar de Kayseri, Sanliurfa ou encore Alep, en Syrie, ont fait face à de « très fortes » secousses.
Un autre séisme à Istanbul ?
Au-delà des frontières de cette cartographie de l’AFP, les secousses ont été ressenties à travers de nombreux autres pays, comme l’Égypte ou l’Irak. Dans la matinée, l’Italie a même craint un risque de tsunami et recommandait de ne pas s’approcher de la côte.
Selon l’Institut géologique danois, des secousses ont également été ressenties jusqu’au Groenland et au Danemark. « Les ondes du séisme ont atteint le sismographe de l’île danoise de Bornholm (en mer Baltique) environ 5 minutes après le début de la secousse, a expliqué la sismologue Tine Larsen. 8 minutes après le tremblement de terre, la secousse a atteint la côte est du Groenland, se propageant ensuite à travers tout le Groenland ».
Malheureusement, le terrible tremblement de terre de ce lundi pourrait ne pas être le seul à tourmenter la Turquie. Depuis plusieurs années, les sismologues craignent qu’un séisme extrêmement puissant (d’une magnitude entre 7 et 8 sur l’échelle de Richter) frappe la région d’Istanbul, située cette fois à la frontière de la faille anatolienne et eurasienne. Au regard de la densité de population, ses conséquences pourraient s’avérer encore plus désastreuses que celles de ce lundi s’il venait à se produire.
AFP