États-Unis: discours de Joe Biden sur l’état de l’Union, avec l’élection 2024 en ligne de mire

Ce mardi 7 février, les États-Unis s’apprêtent à vivre l’un des rituels majeurs de leur vie politique : le président tiendra son discours sur l’état de l’Union. Comme c’est la tradition, Joe Biden s’adressera aux élus des deux chambres du Congrès, mais aussi aux Américains qui seront des millions à le suivre à la télévision en prime time.

Le discours sur l’état de l’Union représente la plus importante audience de l’année. Et alors que le mandat de Joe Biden arrive à la mi-temps, il en profitera pour vanter son bilan. Malgré les difficultés dans ses propres rangs, le président a réussi à passer trois lois majeures durant ces deux premières années à la Maison Blanche : un texte sur les microprocesseurs, son plan de rénovation des infrastructures, voté au Sénat avec l’aide de quelques élus républicains, et enfin son plan historique sur le climat, l’Inflation Reduction Act.

De plus, l’économie américaine se porte plutôt bien malgré l’inflation. Le taux de chômage est au plus bas, avec seulement 3,5%. Le président ne devrait donc pas avoir de mal à trouver des bonnes nouvelles pour le début de son allocution.

Les Américains n’approuvent pas le travail de Joe Biden
En dépit de ces succès politiques indéniables, les Américains n’ont curieusement pas l’impression que leur quotidien s’améliore. Selon un sondage Washington Post/ABC publié le lundi 6 février, 62% d’entre eux estiment que Joe Biden n’a que « peu ou rien » accompli au cours de sa présidence. Et c’est un problème pour le président qui, selon toute vraisemblance, va briguer un second mandat en 2024 et devrait en faire l’annonce dans les jours à venir.

« S’il veut briguer un deuxième mandat, il doit s’assurer de rallier tous les électeurs démocrates ainsi que les indépendants », souligne Antoine Yoshinaka, professeur de sciences politiques à l’Université de l’État de New York à Buffalo. « C’est la raison pour laquelle Joe Biden va parler de sujets comme l’immigration, la sécurité dans les grandes villes ou encore de l’avortement, des enjeux qui – on l’a vu durant les élections de mi-mandat – ont été porteurs pour les démocrates. »

Joe Biden devant un Congrès divisé
Mais les deux sujets de politique intérieure les plus importants se sont imposés d’eux-mêmes dans le discours de Joe Biden. Il y a d’abord le relèvement du plafond de la dette. Contrairement à l’année dernière, le Congrès n’est plus contrôlé par les seuls démocrates. À l’écran, assis derrière Joe Biden, on verra ce mardi soir Kevin McCarthy. Le nouveau chef de la majorité républicaine à la Chambre a déjà annoncé la couleur : un compromis sur le budget n’est possible que si les républicains obtiennent de fortes réductions des dépenses de l’État fédéral.

L’autre sujet est la réforme de la police. Un texte en ce sens qui portait le nom de George Floyd n’a pas pu être adopté au Congrès. Mais ce dossier douloureux est revenu sur le devant de la scène avec le terrible meurtre de l’Afro-Américain Tyre Nichols par cinq policiers noirs à Memphis, dans l’État de Tennessee.

« Je crois que Joe Biden va demander au Congrès de reprendre le projet de loi qui a été abandonné l’an dernier au Sénat concernant une réforme des standards nationaux sur l’utilisation de la force par la police », prédit Antoine Yoshinaka. « La famille de Tyre Nichols sera d’ailleurs au Congrès pour assister à ce discours comme invitée d’honneur du président. »

Guerre en Ukraine et tensions avec la Chine : le récit de politique étrangère sous Joe Biden
En 2022, la guerre en Ukraine, qui venait juste d’éclater, fut l’invitée surprise du discours de l’état de l’Union de Joe Biden. En 2023, c’est un ballon espion chinois qui vient jouer les troubles fêtes. Mais, au final, estime Martin Quencez, directeur adjoint du German Marshal Fund à Paris, aussi bien la guerre en Ukraine que les tensions avec la Chine permettent à Joe Biden de renforcer le récit qu’il a construit sur sa politique étrangère.

« C’est un récit d’opposition aux régimes autocratiques qui dit que les démocraties aujourd’hui doivent s’unir face à un modèle autocratique et fondamentalement dangereux, porté par la Russie et la Chine. Et Joe Biden, dès sa campagne électorale de 2020 pour la présidence, s’est présenté comme celui qui réunirait les alliés et partenaires démocratiques des États-Unis pour empêcher que ces pays autoritaires et hostiles ne changent l’ordre international et les règles du jeu à l’échelle mondiale. »

Telle sera probablement encore la ligne de défense de Joe Biden ce mardi contre les républicains qui l’accusent notamment de faiblesse face à la Chine.

RFI

You may like