L’Horloge de la fin du monde a compté les minutes qui auraient pu nous mener à la guerre nucléaire totale pendant la Guerre froide. Depuis 2007, elle s’est mise à compter les secondes qui nous sépareraient de l’effondrement climatique. Ce compte-à-rebours symbolique est devenue une icône et se veut une incitation à l’action.
L’Horloge de la fin du monde est devenue un symbole des périls actuels. Conçue par Martyl Langsdorf pour illustrer la première couverture de la revue du Bulletin of the Atomic Scientists en 1947, elle s’est imposée depuis comme une icône et la métaphore d’une « apocalypse » possible.
L’Horloge de la fin du monde, ou Doomsday Clock en anglais (traduire « Horloge de l’Apocalypse ») est une double métaphore : celle de l’imminence d’une catastrophe mais aussi celle d’une quantité de temps qui resterait pour éviter la destruction du monde. C’est un objet symbolique qui a pour fonction d’alerter les nations sur la vulnérabilité de l’humanité face à des catastrophes globales causées par la technologie.
fonctionne l’Horloge de la fin du monde ?
Le cadran de cette horloge marque une heure bien particulière : les quelques minutes ou secondes avant minuit qui traduisent le sentiment d’urgence devant des périls engendrés par l’humanité.
Chaque année, un petit groupe de scientifiques appartenant à une organisation appelée Bulletin of the Atomic Scientists décide de l’heure à fixer, et de la position des aiguilles de cette horloge. Depuis que ce rituel existe, celles-ci sont restées confinées, sauf une seule exception, dans le dernier quadrant de l’horloge, soit les 15 dernières minutes avant minuit fatidique.
Des aiguilles qui reculent, puis avancent
Entre 1947 et 2023, ces aiguilles ont été avancées ou retardées 25 fois.
Le tout premier cadran en 1947 marquait minuit moins 7 minutes. En 1991, l’aiguille recule jusqu’à 17 minutes avant minuit, seule fois où l’horloge remonte « si loin » ! On est alors dans un contexte de détente entre les deux super-puissances. Le premier Traité Start (Strategic Arms Reduction Treaty) est signé entre les Etats-Unis et l’Union soviétique qui vit ses derniers mois.
Dans le sens contraire, l’autre record était détenu par 1953, année où l’Union soviétique fait exploser sa première bombe thermonucléaire. Les aiguilles indiquent deux minutes seulement avant minuit. Et à nouveau, il ne reste que deux minutes en 2018 avant l’heure fatale, dans un contexte de course aux armements nucléaires entre un monde multipolaire, mais aussi de retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris pour le climat.
Depuis 2020, le Bulletin of the Atomic Scientists a décidé de dépasser la barre des deux minutes avant minuit et décompte en secondes. La question climatique pèse de tout son poids dans l’examen des risques qui menacent le monde. En 2023, l’horloge indique minuit moins 90 secondes.
Qu’est-ce que le Bulletin of Atomic Scientists ?
L’horloge a été imaginée en 1947 par un groupe de scientifiques ayant participé au Manhattan Project pendant les années quarante. Ce projet de recherche de très grande ampleur réunissait des scientifiques américains, britanniques et canadiens. Leur recherche portait sur la fission nucléaire et la mise au point de bombes atomiques et thermonucléaires ainsi que la production de plutonium.
Le physicien d’origine hongroise Leo Szilard est l’un d’entre eux. Lui et Albert Einstein alertent en 1939 dans une lettre le Président Roosevelt du potentiel d’une arme atomique. Ils craignent que l’Allemagne nazie n’accède à cette technologie. Après le largage des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, L. Szilard et d’autres scientifiques comprennent les implications terribles de leurs travaux sur l’humanité. Le Bulletin of Atomic Scientists naît en septembre 1945.
Leur souci principal est de sensibiliser à la fois le grand public, les décideurs et les scientifiques sur les périls que pourraient produire à l’avenir la science et les « technologies disruptives » comme formulé sur leur site web.
Qui a eu l’idée de l’Horloge de l’Apocalypse ?
L’idée d’une horloge au design minimaliste est née dans le cerveau d’une artiste, et non de scientifiques. Martyl Langsdorf est membre du Bulletin, et peintre. Elle propose d’illustrer l’urgence et la menace de fin du monde par une horloge indiquant minuit moins 7 minutes, « parce que cela rend bien« . L’illustration, devenue icône culturelle depuis, est reproduite sur les couvertures de la revue du Bulletin.
Un appel à agir
A chaque dévoilement, l’horloge de la fin du monde produit son petit effet sur les médias et le public. Un effet de surprise qui fait appel à une imagerie eschatologique, bien loin du souci d’objectivité et de mesure dont se réclament les scientifiques. Mais cette mise en scène élaborée au fil des ans par les membres du Bulletin doit mener à l’action selon eux. Pour Daniel Holz, professeur d’astronomie à l’Université de Chicago, ce compte-à-rebours doit pousser à l’action : « Si nous agissons maintenant, nous pourrons éviter certaines des pires conséquences qui menacent la civilisation. Agissez pour le changement ! Il n’est pas trop tard. »
sciencesetavenir