En Iran, Armita Abbasi finalement libérée après plus de 100 jours en prison

Armina Abbasi a été libérée, a annoncé son père sur Instagram, mardi. La jeune femme de 21 ans, qui était accusée d’avoir « fabriqué des cocktails Molotov » et d’être « leader des manifestations », avait été interpellée un mois après la mort de Mahsa Amini. Elle a passé plus de 100 jours en prison, où elle a notamment été violée et torturée.

« Enfin, mon Armita est libérée ». Tels sont les mots du père d’Armita Abbasi pour annoncer sur Instagram, mardi 7 février, la libération de sa fille – qui a passé plus de 100 jours en prison en Iran. « Elle est libre », a-t-il aussi écrit. « Nous avons vécu une période très difficile, mais maintenant je suis extrêmement heureux. Du fond de mon cœur, je souhaite ce bonheur à toutes les familles dont les proches sont emprisonnés. En espérant la liberté de tous les manifestants. »

Dans une vidéo publiée peu après, on peut voir le père – apparemment dans un centre commercial – serrer sa fille dans ses bras lors de leurs retrouvailles.

À 21 ans, Armita Abbasi est devenue l’un des nombreux visages de la répression aveugle en marche depuis la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, à Téhéran.

Après plus de 100 jours de détention, son procès, repoussé à maintes reprises, s’est déroulé dimanche 29 janvier, à Karaj, en Iran. Accusée d’avoir « fabriqué des cocktails Molotov » et d’être « leader des manifestants », Armita Abbasi a comparu devant le juge Assef Al-Hosseini, connu pour sa cruauté.

Très ému par cette magnifique et puissante image !
Après presque quatre mois de prison et alors qu’elle a été violée et agressée par les forces de répression, Armita Abassi vient d’être libérée ce soir.

Grève de la faim contre « le harcèlement et les tortures subis »
Le 2 janvier, Armita Abbasi avait entamé une grève de la faim, dans la prison de Katchoï à Karaj, dans le nord de l’Iran, où elle avait été incarcérée plus de trois mois. Un geste fort, suivi par 14 codétenues, pour protester contre « les conditions inhumaines et indignes dans lesquelles elles étaient détenues mais aussi du harcèlement et des tortures subis », explique Me Hirbod Dehghani-Azar, avocat franco-iranien qui recense les exactions commises par les forces de sécurité de la République islamique.

Après sept jours de forte mobilisation sur les réseaux sociaux, notamment sous le hashtag #FemmeVieLiberté (#WomenLifeFreedom en anglais), toutes ont cédé face à « la pression et aux menaces exercées par les responsables de la prison » sur elles et leurs familles.

Armita Abbasi, Somayyeh Massoumi, Fatemeh Harbi, Ensieh Moussavi, Fatemeh Nazarinejad, Elham Modarresi, Fatemeh Mosleh Heydarzadeh, Niloufar Shakeri, Niloufar Kardouni, Marzieh Qassemi, Shahrzad Derakhshan, Fatemeh Jamalpour, Hamideh Zeraii, Jasmine Haj Mirza Mohammadi et Maedeh Sohrabi ont été mises en quarantaine dans la prison de Katchoï.

Si les raisons de l’emprisonnement de ces femmes restent floues, presque toutes semblent avoir été victimes d’agressions sexuelles. Outre la volonté de domination masculine, violer les vierges ou les femmes suspectées de l’être répond à une stratégie éprouvée depuis les années 1980 sous l’ère de l’Ayatollah Khomeini, rappelle l’Institut Gatestone, un think tank international.

Interrogé le 7 décembre 1986 sur l’utilisation massive du viol dans les prisons, le Guide suprême a répondu : « Oui ! De tels viols sont essentiels pour empêcher ces femmes anti-islam d’entrer au paradis. Si elles sont exécutées vierges, elles entreront au paradis. Donc, les viols sont extrêmement importants pour empêcher ces éléments d’entrer au paradis. »

Hospitalisée pour une « hémorragie du rectum »
À ce jour, sur la quinzaine de prisonnières de Katchoï, seuls les sévices subis par Armita Abassi ont pu être détaillés. D’après une enquête publiée par CNN le 21 novembre 2022, la jeune femme d’une vingtaine d’années a été interpellée après avoir posté, sans cacher son identité, des messages jugés « hostiles au régime » sur les réseaux sociaux. Interpellée un mois après le début de la contestation populaire, le gouvernement l’a accusée d’être l’une des « leader des émeutes » et a affirmé avoir retrouvé « 10 cocktails Molotov » à son domicile.

Le 18 octobre 2022, elle a été escortée par des hommes armés de la prison à l’hôpital Imam Ali à Karaj, raconte CNN qui a pu corroborer les faits. Armita, tremblante comme une feuille, ne cessait de pleurer.

« Quand elle est arrivée, (les officiers) ont dit qu’elle faisait une hémorragie du rectum… due à des viols répétés », a raconté un membre du personnel médical qui, manifestement très choqué par ce qu’il avait vu, a posté des messages sur les réseaux sociaux. Ces hommes ont insisté pour qu’il soit mentionné que les agressions étaient antérieures à son arrestation.

Le temps que la famille d’Armita Abbasi arrive à l’hôpital, elle avait disparu. Selon la version officielle, elle était traitée pour « des problèmes digestifs ».

france24

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