La reproduction et la survie des tortues marines menacées par le réchauffement climatique, selon une étude de The Royal Society Open Science Journal

Menacées par le braconnage, la pollution ou la perte de leur habitat, les tortues de mer voient aussi le changement climatique perturber leur reproduction. Face à ce phénomène, elles peuvent tenter de s’adapter, mais cela sera-t-il suffisant ? Les scientifiques en doutent sérieusement.

Selon une étude publiée mercredi par The Royal Society Open Science Journal, la hausse des températures des océans met en danger la survie des populations de tortues marines en réchauffant leurs sites de nidification sur les plages du monde entier.

Sur les sept espèces de tortue de mer existantes, six figurent déjà sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, dont deux – la tortue imbriquée et la tortue de Kemp – sont en danger critique d’extinction.

Les tortues sont d’autant plus menacées que contrairement à d’autres espèces, comme les oiseaux et les papillons, elles ont un cycle de reproduction plus long et mettent plus de temps à s’adapter aux changements.

Ainsi, les plages où elles viennent pondre leur oeufs – qui selon un cycle immuable sont les mêmes que celles où elles sont nées – sont de plus en plus dégradées par la hausse du niveau des mers ou l’érosion mais aussi par le changement climatique qui réchauffe le sable dans lequel ces reptiles viennent enfouir leur progéniture en gestation.

Et cela n’est pas sans conséquences pour la survie à terme de l’espèce.

En effet, la détermination du sexe des futures tortues dépend non pas des chromosome mais des températures pendant la période d’incubation: plus il fait chaud, plus il y aura de femelles.

Une précédente étude menée sur les tortues vertes en 2019 avait ainsi montré qu’entre 76 et 93% des tortues seraient des femelles d’ici à 2100, obérant la possibilité de trouver un partenaire pour se reproduire. Sans compter les risques d’échec d’incubation qui seraient augmentés avec la hausse du mercure.

L’étude de mercredi, qui se base sur des modélisations, a examiné si les tortues marines pouvaient déplacer leur période de reproduction vers des périodes plus fraîches de l’année afin de faire baisser la température des nids.

Sur les 58 sites de nidification étudiés à travers le monde, les chercheurs ont découvert qu’une telle adaptation n’atténuait la hausse des températures que dans 55% des cas. Et ce, si le réchauffement climatique se limite à 1,5 degrés d’ici à la fin du siècle, un scénario que beaucoup jugent désormais peu réaliste.

Selon l’auteur principal de l’étude, Jacques-Olivier Laloe, ces découvertes mettent en lumière la possibilité « vraiment inquiétante » que des extinctions locales puissent se produire, notamment pour les tortues marines qui vivent autour de l’Equateur où les températures varient moins et où une ponte plus précoce n’aura donc que peu d’effet.

« En réalité, il est probable que les tortues marines aient moins de possibilité d’adaptation au changement climatique » que selon cette étude « plutôt optimiste », a-t-il estimé.

notretemps

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