TikTok jugé trop “opaque” : le Sénat ouvre une enquête

TikTok va devoir rendre des comptes en France. Le Sénat vient de valider l’ouverture d’une commission d’enquête, pour faire la lumière sur certains points sensibles autour de la plateforme.

Ce mercredi 8 février, la création d’une commission d’enquête sur le réseau chinois TikTok a été validée par le Sénat. Il faut dire que depuis son lancement hors de son pays natal, les pratiques de la plateforme sociale préférée des jeunes inquiètent. Pour le sénateur Claude Malhuret, cofondateur de Doctolib et président du groupe sénatorial divers droite Les Indépendants — République et territoires (LIRT), l’influence de TikTok dépasserait de loin celle de ses concurrents comme Facebook ou Instagram, pourtant régulièrement épinglés à l’échelle nationale et européenne.

C’est finalement après quelques semaines d’étude que l’ouverture d’une commission d’enquête demandée par Claude Malhuret a été approuvée par la Conférence des présidents du Sénat cette semaine. Objectif espèrent les élus : “Dévoiler un certain nombre de zones d’ombre” autour du réseau social de ByteDance. Parmi les points les plus sensibles, les élus espèrent notamment réussir à déterminer une bonne fois pour toutes si, oui ou non, la plateforme entretient des liens avec le gouvernement chinois.

Pourquoi TikTok inquiète plus que Meta ?
Contrairement à l’Américain Meta — propriétaire de Facebook et Instagram notamment, TikTok évolue sous la législation chinoise. Ce qui signifie que la firme doit se plier aux exigences gouvernementales locales, y compris en ce qui concerne le traitement des données utilisateurs. “La loi chinoise oblige toute entreprise à coopérer avec les services de renseignement“, souligne ainsi Claude Malhuret.

Dans les faits, il y a très peu de chances que TikTok ne soit contraint à dévoiler les secrets de son algorithme, jalousement gardé par ByteDance. En revanche, le Sénat espère obtenir quelques réponses en auditionnant des personnes sous serment. L’enquête prévoit aussi de réaliser des contrôles sur pièces, pour vérifier que la plateforme, qui possède une raison sociale en France, répond bien à l’ensemble de ses obligations légales.

Quels risques pour le réseau social ?
Composée de 19 sénateurs et sénatrices de tous bords, qui seront nommés le 1er mars prochain, la commission d’enquête autour de TikTok aura ensuite six mois pour mener leurs travaux à bien. Claude Malhuret espère toutefois que les choses seront réglées “avant les vacances d’été“.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois que le réseau social se retrouve dans le viseur de la justice. En France, l’Arcom l’avait déjà épinglé dans un rapport publié fin 2022, s’inquiétant de “la vitesse fulgurante” à laquelle l’entreprise s’était imposée à une “place incroyable” auprès des jeunes utilisateurs et utilisatrices. À l’échelle européenne, le PDG du réseau social, Shou Zi Chew avait été interpelé au début du mois de janvier, alors que plusieurs élus le sommaient de respecter “entièrement” les règles de l’Union européenne, notamment en matière de protection des données et de lutte contre la désinformation.

Peut-on prévoir une interdiction complète de TikTok en France ? Sans doute que non. Le réseau social ne risque en réalité pas grand-chose, si ce n’est une lourde amende.

[MAJ] Dans un droit de réponse demandé ce 10 février, TikTok a réaffirmé son engagement en faveur de la transparence et de la sécurité en Europe :

“Nous apprécions l’opportunité qui nous est donnée de rétablir les faits concernant des incompréhensions dont TikTok a fait l’objet (…). Nous sommes allés plus loin que toute autre plateforme en matière de transparence, et avons toujours eu des échanges constructifs avec les élus. Le respect de la vie privée, et la sécurité de la communauté TikTok sont nos priorités, et nous continuerons de tout mettre en œuvre pour nous assurer que nos utilisateurs bénéficient de l’expérience la plus sûre et bienveillante”

JDG

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