Les sauveteurs ont extirpé davantage de survivants des décombres, une semaine après le puissant séisme qui a fait plus de 33.000 morts en Turquie et en Syrie, selon un bilan appelé encore à s’aggraver d’après l’ONU.
Ces sauvetages semblent inespérés, bien au-delà de la période cruciale des 72 heures après la catastrophe.
Dans la nuit de dimanche à lundi, sept personnes ont été dégagées vivantes, selon la presse turque, dont un enfant de 3 ans à Kahramanmaras et une femme de 60 ans à Besni. Une femme de 40 ans a aussi été sauvée au bout de 170 heures à Gaziantep.
Et dans la ville méridionale de Kahramanmaras, proche de l’épicentre du séisme, des excavateurs creusaient et fouillaient les ruines, pendant que des sinistrés, blottis autour d’un feu, attendaient des nouvelles de leurs proches.
Au total, 34.717 personnes travaillent aux recherches de survivants actuellement, a déclaré le vice-président turc Fuat Oktay à la presse locale. Quelque 1,2 million de personnes ont été logées dans des résidences étudiantes et 400.000 évacuées de la région, a-t-il ajouté.
Le puissant séisme a aussi réduit en poussière d’importants lieux de culte. A Antakya, Havva Pamukcu, fidèle musulmane de la mosquée Habib-I Nejjar, n’en revient pas.
« Cet endroit signifie beaucoup pour nous », souffle-t-elle. « Il était très précieux pour nous tous, Turcs et musulmans. Les gens avaient l’habitude de venir ici avant d’aller en pèlerinage à la Mecque ».
L’église orthodoxe de la ville a connu le même destin, constate Sertac Paul Bozkurt, membre du conseil.
« Malheureusement, notre église a été détruite après le séisme. Tous ses murs se sont écroulés et elle n’est pas en état d’abriter des prières », déplore-t-il.
« Nous avons subi de grosses pertes. Nous avons perdu environ 30-35 personnes de notre communauté religieuse », dit-il.
– « Ils se sentent abandonnés » –
La situation est particulièrement complexe en Syrie, où Bab-al Hawa, dans le nord-ouest, reste le seul point de passage opérationnel depuis la Turquie vers les zones rebelles, ravagées elles aussi par le séisme.
Des camions, avec à leur bord de quoi confectionner des abris d’urgence à l’aide de bâches en plastique, ainsi que des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, ont franchi la frontière.
Une aide insuffisante, a admis l’ONU.
« Jusqu’à présent nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie », a reconnu le chef de l’agence humanitaire de l’ONU Martin Griffiths. « Ils se sentent à juste titre abandonnés » et il faut « corriger cet échec au plus vite ».
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a rencontré le président syrien Bachar al-Assad dimanche à Damas, assurant que ce dernier s’était montré prêt à envisager l’ouverture de nouveaux points de passages pour acheminer l’aide aux zones rebelles.
Il a indiqué « être ouvert à l’idée d’envisager des points d’accès transfrontaliers pour cette urgence », a affirmé M. Tedros à des journalistes.
« Les crises cumulées du conflit, du Covid, du choléra, du déclin économique et maintenant du tremblement de terre ont fait des ravages insupportables », a relevé lors d’une téléconférence de presse M. Tedros, qui s’était rendu la veille à Alep.
Bachar al-Assad a également remercié dimanche les Emirats arabes unis pour leur « énorme aide humanitaire », alors qu’il recevait à Damas le chef de la diplomatie émiratie Abdallah ben Zayed Al-Nahyane.
Le puissant mouvement libanais Hezbollah, allié du gouvernement syrien, a de son côté envoyé dimanche un convoi dans l’ouest de la Syrie, avec des « vivres » et des « fournitures médicales ».
– Bilan mouvant –
D’après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre du 6 février, de magnitude 7,8, a fait au moins 33.186 morts: 29.605 en Turquie et 3.581 en Syrie.
« Il est difficile de donner un bilan précis car nous devons passer sous les décombres mais je suis sûr qu’il doublera, ou plus », a déclaré Martin Griffiths, en visite samedi dans la ville turque de Kahramanmaras.
Sur le front diplomatico-humanitaire, la Turquie et la Grèce ont mis en sourdine leur longue rivalité historique, avivée par des contentieux territoriaux, économiques et migratoires, au profit de la solidarité.
Athènes avait été l’un des tout premiers pays à annoncer de l’aide à son voisin, et cette visite est la première d’un ministre européen en Turquie depuis la catastrophe.
AFP