Les infrastructures numériques peuvent manipuler des mouvements d’opinion et mettre en péril des démocraties si les pays n’arrivent pas à mieux à les réguler. C’est ce qu’a affirmé le mathématicien et écrivain français, David Chavalarias, en marge de la 3e édition de la Semaine de la Science lancée, ce lundi, à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguerir.
Intervenant lors d’une table ronde portant sur la problématique « Toxic Data comment les réseaux sociaux manipulent nos opinions ? », David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS (Institut des systèmes complexes Paris), dévoile le côté obscure des infrastructures numériques, notamment les réseaux sociaux.
Le mathématicien français a expliqué, dans une déclaration à Hespress FR, que ses recherches portent notamment sur la question de « savoir en quoi les infrastructures numériques que l’on utilise tous, Facebook, Twitter et Youtube, entre autres, vont contraindre à la fois la circulation de l’information dans la population, mais même la manière dont nous formons des groupes sociaux, des amis, et dont nous estimons que les gens d’en face sont des interlocuteurs ou des ennemis à battre« .
Chavalarias indique notamment que ses recherches montrent que la manière dont sont déployés ces infrastructures numériques sont incompatibles, à l’heure actuelle, avec les interactions sociales sereines, et tout simplement la démocratie. Il poursuit: « Parce que ce sont des environnements qui sont actifs et vont orchestrer la régulation de l’information d’une manière qui optimise le bien-être économique et non un bien être social« .
Selon le directeur de recherche, ces derniers déforment la circulation de l’information et la manière dont « on forme des groupes sociaux et on le voit bien autant aux Etats-Unis, en Angleterre, au Brésil, en Italie, il y a de plus en plus d’hostilité entre les factions politiques qui se considèrent comme des ennemis« .
Il fait savoir que ces infrastructures numériques vont modérer la manière dont « on veut former ces groupes, qui vont en gros s’attaquer les uns les autres. Si on continue de cette manière, on va perdre toutes les structures sociales bénéfiques, notamment en démocratie« .
« Ce qu’il faut bien comprendre aussi est que cette situation est exploitée dans le cadre de guerres hybrides par des Etats comme par exemple le Kremlin qui a déployé en ligne des armées numériques pour faire de la subversion dans les pays ennemis. Ce n’est pas le seul (exemple), bien évidemment, mais il est maître en la matière« , note notre interlocuteur.
Pour l’écrivain, il est important de réfléchir à l’impact de ces environnements numériques, comment on peut mieux les déployer, mieux les réguler, développer, en étant plus souverain dans ce genre d’environnement, étant donné que « des pays entiers seront vraiment à la merci d’une manipulation de grande ampleur faite avec des moyens qui sont relativement limités« .
Il souligne, en ce sens, qu’il s’agit de toute la réflexion de son intervention « où les systèmes complexes sont hyper centraux et importants parce qu’il s’agit vraiment de comprendre comment les actions individuelles en cinq régions, via des médias numériques, vont construire les actions collectives et notamment comment l’infrastructure sociale et relationnelle influe sur ce que va produire le collectif« .
HESPRESS