Que cache la prolifération des réseaux internationaux de trafic de drogue ? Pour quelle raison notre pays s’est-il trouvé, ces dernières années, confronté à cette déferlante vague, contrairement à bien d’autres ?
En dépit des réussites enregistrées en matière de lutte contre la prolifération des produits psychotropes, dont notamment les drogues festives et autres euphorisants qui se popularisent de plus en plus, il urge pour les unités sécuritaires, douanières et pour d’autres départements ministériels et représentants de la société civile interférant dans cette lutte de redoubler d’effort et de vigilance.Chaque jour qui passe apporte son lot de victimes, rend la lutte moins efficace et accentue l’addiction aussi bien chez les jeunes et moins jeunes dans le milieu scolaire et en particulier dans les milieux festifs.
La question qu’on est on droit de se poser est plutôt la suivante: que cache la prolifération de ces réseaux et pour quelle raison notre pays s’est-il trouvé, ces dernières années, confronté à cette déferlante vague, contrairement à bien d’autres?
Certes, il y a d’emblée les statistiques qui font froid dans le dos en matière de consommation des produits psychotropes, en particulier chez les jeunes en milieu scolaire et au point de se demander ou va-t-on? Il y a aussi bien évidemment ces arrestations de dealers étrangers de plus en plus fréquentes ponctuées par le démantèlement de certains réseaux internationaux dans les quatre coins du pays. La dernière opération remonte à deux jours et a été marquée par une série de descentes policières effectuées par la police judiciaire, El Omrane (Tunis), en coordination avec le parquet. Trois suspects dont deux étrangers ont été interpelés et 30 mille capsules de drogue ont été saisies suite à cette opération. Les personnes impliquées ont été arrêtées sur ordre du parquet.
Quelques jours auparavant, la police judiciaire avait arrêté à Bab Saâdoun (Tunis) une autre personne âgée de 27 ans qui avait dissimulé dans sa voiture deux sacs en plastique contenant de la cocaïne. La perquisition effectuée à son domicile a permis la saisie d’une quantité de cocaïne et d’héroïne.
L’usage détourné des médicaments
Dans ce même contexte, un autre réseau international de trafic de drogue dur a été démantelé, mardi 7 février 2023, par les unités relevant de la Garde nationale à Ben Arous, permettant la saisie de plus de 1.200 grammes de cocaïne alors qu’à Kasserine une brigade de la police judiciaire avait pu à son tour, arrêter un dealer de drogue originaire de la région rurale de Bratlia qui avait caché sous le siège de son véhicule un sac contenant plus de mille comprimés de prégabaline. Ce médicament est normalement prescrit comme antiépileptique et anxiolytique. Il est grand temps de redoubler de vigilance, notamment auprès des officines, en vue d’éviter l’usage détourné et à des fins festives de ce médicament, d’autant plus que drogue récréative et criminalité font bon ménage.
Mieux vaudra ne pas trop s’attarder sur la question des arrestations mais aller plutôt au-delà de ce phénomène qui inquiète à plus d’un titre, Il est impératif de faire face aux flux financiers illicites en rapport avec ce trafic et qui impactent considérablement le développement et la sécurité de notre pays dans un contexte marqué par une inexplicable et inquiétante montée de l’entrée sur notre territoire d’une manière clandestine d’émigrants en provenance de l’Afrique subsaharienne.
Un phénomène qui prend de plus de l’ampleur mais qui devrait alerter l’Etat sur la gravité de la situation. Le trafic de drogue, le crime organisé et le terrorisme mènent inéluctablement à la déstabilisation des Etats. Il faudra tenir compte des réelles menaces qui planent sur notre pays, car il semblerait que ce fléau n’est que la partie apparente de l’iceberg. Par ailleurs, il est bien utile de se rappeler la saisie en décembre 2021 par la police nationale équatorienne d’une demi-tonne de cocaïne à destination de notre pays.
La Tunisie est-elle visée? Sans nul doute, car ce genre de trafic n’est que «l’une des activités illicites des groupes criminels organisés, qui sont également impliqués dans la traite des personnes, le trafic d’armes, le blanchiment d’argent et la corruption, lesquels s’accompagnent de niveaux élevés de violence ; ces groupes font donc planer une grave menace sur la sécurité et la prospérité des citoyens», révèle un rapport élaboré par l’Organe international de contrôle des stupéfiants faisant partie du système international de contrôle des drogues administré par l’Organisation des Nations unies.
Si la drogue s’est invitée à nos fêtes, nos écoles, nos universités et nos stades, c’est qu’il ne faut guère se poser des questions sur l’ensauvagement de notre société et l’augmentation du taux de la criminalité, il faudra plutôt s’arrêter sur les raisons et se concentrer sur les approches de lutte, d’accompagnement et de prévention.
TUNISIE-PRESSE