L’emblématique usine Meccano, qui produit à Calais les jouets de construction centenaires, est vouée à la fermeture d’ici à 2024, a annoncé mardi son propriétaire, le groupe canadien Spin Master, qui ouvrira en mars des négociations sur un PSE pour les 50 salariés.
Pointant du doigt le « manque de compétitivité du site », le groupe a indiqué dans un communiqué n’avoir « plus d’autre choix que d’envisager l’arrêt des activités industrielles de l’usine de Calais d’ici le premier trimestre 2024 ». L’usine « n’est jamais parvenue à atteindre un équilibre financier », alors qu’elle est « confrontée à des conditions de marché difficiles, aggravées par la récente flambée des coûts des matières premières et de l’énergie », ajoute Spin Master. Le groupe rappelle avoir investi « 7 millions d’euros depuis 2014 », sans pour autant arriver « à redresser durablement la situation ».
« Apporter un accompagnement individuel » à chaque salarié concerné
L’objectif « est désormais d’apporter un accompagnement individuel à chacun des 50 salariés concernés » et la direction « engagera prochainement une négociation avec les partenaires sociaux pour définir les modalités d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ». « Cette annonce est d’une grande brutalité, il s’agit d’une usine historique », a dénoncé auprès de l’AFP la maire de Calais, Natacha Bouchart, fustigeant « des méthodes pas du tout correctes ». La direction locale « nous l’a appris ce matin, nous n’avions jamais été alertés auparavant sur des problèmes concernant l’activité ».
« Ce groupe a fait 55 millions de chiffre d’affaires en France en 2021, 2 milliards de dollars dans le monde. Il a les moyens de supporter les coûts supplémentaires de l’énergie », et « on se questionne » sur ses « vraies motivations », a dit Mme Bouchart. « Peut-être que le groupe essaye de récupérer la licence pour aller fabriquer au Mexique. Ou alors, il veut privilégier une autre de ses licences », a suggéré la maire. Un rendez-vous sera « rapidement fixé » avec les services de l’Etat pour étudier « les possibilités de faire appel à un repreneur », a-t-elle promis.
« Le personnel est complètement abattu »
« Le personnel est complètement abattu. On s’y attendait pas », a réagi auprès de l’AFP Jean-François Sandras, délégué CGT chez Meccano, et salarié depuis 1984. « On savait qu’il y avait des difficultés notamment sur l’énergie, mais en aucun cas on pensait à une fermeture définitive ». « On fait quand même partie d’un grand groupe, qui fait d’énormes bénéfices. On nous disait +depuis trois, quatre ans, on redresse+, et là d’un seul coup, la direction dit que ça fait dix ans qu’ils injectent de l’argent et que ça marche pas », a-t-il déploré.
Implantée à Calais depuis 1959 et acquise en 2014 par Spin Master, l’usine de Calais est « le seul site de production de jouets » appartenant au groupe canadien, a précisé à l’AFP un porte-parole de la direction. Spin Master fait aussi produire des jouets Meccano et d’autres marques par « un réseau de partenaires », situés « en Europe, en Asie et en Amérique latine ». Outre les Meccano, le site calaisien produit un « sable magique » à modeler, baptisé « Kinetic Sand ». Au total, « 2,5 millions de boîtes » de ces deux marques sortaient chaque année de l’usine, selon ce porte-parole.
Une marqué commercialisée depuis 1907
La marque Meccano, commercialisée depuis 1907 – à partir de jouets conçus à Liverpool par le Britannique Franck Hornby – « restera propriété de Spin Master et sera repensée » en vue d’être « redynamisée », a-t-il ajouté. Le Kinetic Sand continuera d’être produit par des partenaires.
La direction a informé dans la journée les représentants du personnel et salariés. Elle ouvrira le 2 mars la procédure légale prévoyant deux mois de négociations avec les partenaires sociaux, avant l’examen du projet de PSE par l’administration du travail. Spin Master assure rester « ouvert à toutes propositions qu’un éventuel repreneur pourrait faire pour le site ».
Le groupe canadien développe aussi des applications mobiles et des dessins animés, dont la populaire « Pat’Patrouille », avec au total 2.310 salariés dans 27 pays. « C’est un choc pour les Calaisiens. Meccano c’est Calais et Calais c’est Meccano », a réagi auprès de l’AFP le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont, fustigeant une « décision intolérable » et appelant à « trouver des solutions pour maintenir cette activité à Calais ».
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