Après de récentes restrictions sur l’usage des pesticides, leurs principaux fabricants en France, réunis dans l’organisation Phytéis (ex-UIPP), ont dénoncé jeudi 24 février des décisions prises « sans solutions » offertes aux agriculteurs.
En France, ces derniers ne peuvent lutter que partiellement contre la moitié des bioagresseurs, maladies ou mauvaises herbes qui s’attaquent aux cultures, du fait d’un unique produit disponible ou de molécules insuffisamment efficaces, a indiqué le responsable environnement de Phytéis, Ronan Vigouroux, lors d’une conférence de presse.
Des molécules toujours valides en Europe
Aucun moyen de lutte n’existe même contre 38% d’entre eux, comme la drosophile du cerisier, a-t-il ajouté.
Le directeur réglementation et juridique de Phytéis, Philippe Michel, a regretté l’interdiction en France de molécules toujours approuvées au niveau européen.
C’est le cas du S-métolachlore, l’un des herbicides parmi les plus utilisés en France, fabriqué par Syngenta, adhérent de Phytéis. L’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) souhaite interdire ses principaux usages, car ses dérivés chimiques sont présents dans l’eau au-delà des limites.
Phytéis n’a pas souhaité « se positionner » sur le sujet, ni commenter la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui a rendu illégale toute dérogation sur les insecticides néonicotinoïdes, obligeant la France à y renoncer.
Des « achats de précaution » de produits
« Nous ne sommes pas satisfaits », a dit le président de Phytéis, Bruno Baranne, assurant les betteraviers, qui les utilisaient, de sa « solidarité ».
En 2022, Phytéis a enregistré une augmentation de 30% des ventes de ses adhérents (Bayer, BASF ou Corteva), atteignant 2,5 milliards d’euros. Cette progression découle principalement d’une hausse des prix des produits, mais aussi « d’achats de précaution ».
Malgré un rebond de 7,1% en 2021, « lié à l’augmentation des produits utilisables en agriculture biologique », les volumes de produits phytosanitaires vendus en France ont diminué d’environ 30% depuis 2008, date du premier plan de réduction Ecophyto, et de 19,35% depuis 2018.
Révisé en 2018, ce plan a pour objectif de réduire de 50% l’usage des pesticides de synthèse d’ici à 2025.
L’ex-Union des industries de la protection des plantes (UIPP) a changé de nom en 2022, un « repositionnement » en prévision d’une « moindre consommation » de produits synthétiques en France, a souligné M. Baranne.
Limiter les insecticides
La protection des plantes doit évoluer pour « répondre à une triple équation »: permettre à l’agriculteur de gagner sa vie, assurer la durabilité de son exploitation, et répondre aux attentes sociétales.
L’organisation veut s’appuyer sur une combinaison de plusieurs méthodes, de la bioprotection avec des micro-organismes à la sélection variétale, pour s’en tenir dans certains cas à « un seul passage d’insecticide ».
Les fabricants veulent également développer les solutions de biocontrôle, basées sur des mécanismes naturels, qui devraient représenter un marché de 14 milliards d’euros d’ici 5 ans dans le monde.
BOURSORAMA